Quel regard portez-vous sur l’annonce de la fusion entre Oullins et Pierre-Bénite ?
François-Noël Buffet : Je l’ai appris quatre jours avant par Jérôme Moroge, le maire de Pierre-Bénite, sans jamais avoir été consulté ni associé à cette décision. Il m’a dit que cela s’était décidé récemment, semble-t-il courant décembre. J’ai donc voulu évoquer le sujet avec Clotilde Pouzergue, la maire d’Oullins, mais elle a annulé mon rendez-vous au dernier moment.
En termes de méthode, je trouve que c’est catastrophique. Ça l’est à l’égard des Oullinois, qui n’ont pas été consultés, à l’égard de ses collègues élus, et à l’égard de celui qui a filé sa place en 2017. Elle a été élue en 2020 sur son nom, mais si je ne lui donne pas la mairie en 2017, elle n’a rien du tout.
Cette décision a surpris et engendré beaucoup de critiques. Pourquoi n’est-elle pas légitime selon vous ?
Sur le fond, je ne suis pas hostile à ce que des communes se rapprochent au sein de la Métropole. Je n’ai aucun problème avec cela, et j’avais travaillé sur un rapprochement d’Oullins avec La Mulatière. Je trouvais qu’il y avait du sens pour les deux villes à avoir un territoire commun de développement, de nature à créer de la richesse, des logements, de l’activité ou des équipements publics.
C’était aussi intéressant stratégiquement puisque ça permettait de rapprocher encore la ville d’Oullins du centre de Lyon, après l’arrivée du métro en 2013. On avait avancé sur le projet avec mon ami Guy Barret, l’ancien maire de La Mulatière mais son conseil municipal s’était montré frileux, donc on n’était pas allé plus loin.
On a justement l’impression qu’Oullins s’éloigne de Lyon avec cette fusion avec Pierre-Bénite…
Pour fusionner deux communes, il faut qu’elles aient un intérêt commun et partagé. L’intérêt de Pierre-Bénite peut se comprendre. La ville est très bâtie, régie par les périmètres de risques d’inondation du Rhône ou de la Vallée de la Chimie, donc ses capacités de développement intrinsèque me paraissent limitées. En se raccrochant à Oullins, Pierre-Bénite retrouve du territoire pour se développer, notamment à La Saulaie. Mais l’intérêt d’Oullins dans cette fusion est inexistant.
On tourne la ville vers le sud, vers la Vallée de la Chimie, ce n’est pas la stratégie que j’emploierais. D’autant que la population oullinoise n’a pas l’air de suivre. Quand on prend une décision pareille, il faut associer la population, la consulter et ne pas arriver avec une annonce pareille, de manière aussi tranchée. Je pense que c’est une affaire très précipitée. Parfois, il vaut mieux savoir renoncer, c’est plus sérieux.
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