LE MENSUEL DES POUVOIRS LYONNAIS

Grand Stade, John Textor, Tony Parker : les révélations inédites de Jean-Michel Aulas

Jean-Michel Aulas se livre dans son autobiographie parue mercredi aux éditions Stock. Le président de l’OL n’élude aucun chapitre clé de son parcours, et revient en longueur sur les dossiers du Grand Stade et de la revente du club à John Textor, en décembre dernier.

C’était sans doute l’un des écrits les plus attendus de ce début d’année entre Rhône et Saône. Comme Lyon Décideurs l’avait annoncé début janvier, Jean-Michel Aulas a publié mercredi son autobiographie intitulée « Chaque jour se réinventer », aux éditions Stock. Pendant 270 pages, le président de l’OL revient ainsi sur son enfance du côté de L’Arbresle, ses débuts comme entrepreneur, l’ascension de sa société Cegid, son arrivée à l’OL, ses relations avec les différents entraîneurs, son rapport aux supporters et avec le corps arbitral, le développement de la structure féminine, le succès de la formation lyonnaise ou les secrets des transferts mythiques du club.

Invité jeudi soir par son ami Thierry Frémaux, directeur de l’Institut Lumière et co-président d’OL Fondation, dans le cadre du festival Sport, Littérature et Cinéma, Jean-Michel Aulas a retracé les chapitres clés de son parcours devant un parterre de 300 convives, dont plusieurs personnages clés de son entourage (Thierry Sauvage, Vincent Ponsot, Bernard Lacombe, André Soulier…). « C’était le bon moment pour écrire ce livre. J’attaque ma 36e année comme président de club de foot, c’est incroyablement trop long », a notamment déclaré l’homme d’affaires, conscient de la fin prochaine de son parcours à l’OL.

« Déprimé » par les soucis du Grand Stade

Dans cet écrit, rédigé avec Olivier Blanc, fidèle lui aussi de la première heure, Jean-Michel Aulas revient en détails sur la construction d’OL Vallée et du Groupama Stadium, « le projet sans comparaison le plus difficile à mener de (son) existence ». « La route fut longue, parsemée d’innombrables obstacles et j’ai la prétention de dire aujourd’hui que si je ne l’avais pas porté minute après minute, il n’aurait jamais vu le jour », explique le président de l’OL. 

L’homme d’affaires évoque un projet long de quinze ans, retardé à l’époque par des multiples recours en justice : « J’ai complètement sous-estimé le poids des problèmes administratifs et juridiques auxquels nous sommes confrontés, et si j’en avais eu conscience, probablement aurais-je hésité avant de m’engager. Certains soirs je suis presque déprimé, non par la seule multiplication des oppositions mais à cause des décisions des uns ou des autres et des jeux malsains dans mon dos. Certains vont jusqu’à m’intimider »

Tony Parker ne sera pas le successeur

Jean-Michel Aulas revient en longueur sur le rachat du club l’hiver dernier par l’investisseur américain John Textor, et évoque la question de sa succession. Un chapitre qu’il n’avait, selon ses dires, pas franchement anticipé. « J’ai toujours pensé qu’un entrepreneur devait préparer sa succession pour assurer la pérennité de son entreprise, qu’il devait savoir la céder et que je n’échapperais pas à cette règle. Je le savais, j’avais parfaitement intégré cette réalité, mais celle-ci ne m’occupait pas l’esprit outre mesure. Je n’avais pas le moins du monde imaginé le contexte qui pourrait me décider à vendre et je ne m’étais même pas fixé d’échéance. »

Le retrait surprise des participations de Pathé et d’IDG dans le capital du club, annoncé en mars 2022, fait office d’élément déclencheur. « Quand Pathé et IDG font cette annonce, je me trouve face à un choix : soit je fais front en restant seul, soit je prépare le futur en participant à l’arrivée d’un nouvel investisseur qui confortera l’avenir de l’OL dans un monde du football dont l’évolution récente m’inquiète, en particulier pour mon club », explique un JMA, pas franchement fan des investissements XXL faits par des états du Golfe comme le Qatar, l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis au PSG, et en Angleterre.

Ce successeur ne se nommera pas Tony Parker, comme imaginé par les suiveurs du club — et même par JMA lui-même — quelques mois plus tôt : « En juillet 2020, Tony devient administrateur de l’OL et nous envisageons même alors qu’il puisse me succéder le jour où je me retirerai, sous réserve de trouver l’investisseur qui lui permette de prendre la présidence grâce à une participation majoritaire dans l’Olympique lyonnais, ce qu’il ne réussit pas à concrétiser, ouvrant ainsi directement la voie à John Textor. »

© Susie Waroude

La vente de l’OL à John Textor : « Les six mois les plus intenses de ma vie d’entrepreneur »

Entré en négociations exclusives avec l’investisseur américain en juin 2022, JMA peine à conclure un accord définitif. Les dates de closing sont alors repoussées à trois reprises et le doute s’installe : « Je crains par moments que l’opération ne se finalise pas même si les difficultés et les reports de closing sont inhérents aux opérations de cette importance. Ces cinq ou six mois ont été très certainement parmi les plus intenses de ma vie d’entrepreneur, les plus difficiles et les plus consommateurs d’énergie, d’intensité de travail et de force de persuasion. »

D’autant que le président de l’OL souhaite laisser son club entre de bonnes mains, comme il l’avait fait quelques années plus tôt en revendant Cegid au fonds américain Silver Lake : « Les secteurs sont radicalement différents mais la problématique est la même : assurer la compétitivité dans un monde en constante évolution. J’ai craint de ne pas réussir l’examen de passage de la cession et de voir se dilapider en un claquement de doigts tous les efforts accumulés jusque-là. »

Un seul gros regret

Le contrôle majoritaire du club aujourd’hui cédé à John Textor, JMA va désormais se concentrer les activités de sa holding familiale Holnest, aux côtés de son fils Alexandre Aulas et de son fidèle acolyte, Patrick Bertrand — notamment sur un projet d’aérogares intelligentes pour l’aviation privée, nommé Embassair, et déjà en place depuis janvier 2023 à Miami — tout en restant président du club pendant au moins trois ans. Avec un lointain rêve d’Europe encore en tête.

« Mon parcours à l’OL me laisser un léger goût d’inachevé. La finalité était de faire gagner l’OL en France mais aussi en Europe chez les garçons ce qui n’a pas malheureusement pas été le cas et est un échec à mes yeux. L’arrivée de John Textor peut permettre d’autres ambitions et comme je vais rester encore au moins trois ans à la présidence de l’OL, je ne cesserai jamais d’y croire. »

© DR
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