Hommages unanimes à l’an­nonce de la mort de Guillaume Mulliez

Passionné de ski de randonnée, Guillaume Mulliez est décédé hier dans une avalanche en Savoie à Modane. Les hommages se multiplient à l’annonce de la disparition du président de Dimo Software et président national de 60 000 Rebonds. A la fois rebelle et iconoclaste, Guillaume Mulliez s’était engagé à fond dans l’accompagnement des chefs d’entreprise en faillite.

Stupeur et tris­tesse, ce matin, à l’an­nonce de la dispa­ri­tion brutale de Guillaume Mulliez. Passionné de ski de randon­née, il a été surpris lundi avec ses compa­gnons d’équi­pée en milieu de jour­née par une avalanche à Modane en Savoie. Les cinq autres membres de l’équipe ont été sauvés, mais l’en­tre­pre­neur lyon­nais est mort sur place.

Membre de la famille fonda­trice proprié­taire du groupe Auchan, Guillaume Mulliez (photo), né dans le Nord en septembre 1961, avait commencé sa carrière dans une entre­prise du groupe, Phil­dar, en Amérique du Nord avant de venir en terre lyon­naise comme direc­teur d’agence d’un éditeur de logi­ciels pari­sien, Cerg Finance. Il recrute un commer­cial, Jean-Paul Genoux. A eux deux et avec 4 autres asso­ciés, ils prennent leur indé­pen­dance et fondent Dimo Gestion en 1995 qui devien­dra plus tard Dimo Soft­ware et inter­vient dans les logi­ciels de notes de frais, CRM, etc. C’est le début d’une formi­dable aven­ture entre­pre­neu­riale. Victime d’une dépres­sion, à la fin des années 90, Guillaume Mulliez doit se reti­rer pour se soigner. « Les cinq autres ont tenu le navire et ne m’ont pas viré », rappe­lait le président de Dimo Soft­ware dans une inter­view à Lyon Déci­deurs, accor­dée en novembre 2020.

>>>Le Grand Entre­tien de Lyon Déci­deurs avec Guillaume Mulliez

« Jean-Paul fait tout et moi le reste »

Il revient en 2001. D’une dizaine de personnes à sa créa­tion, l’édi­teur lyon­nais monte à 420 personnes et 42 millions d’eu­ros de chiffre d’af­faires en 2021 avant de céder mi-2022, sa branche gestion de notes de frais, Noti­lus, à Cegid pour accé­lé­rer le déve­lop­pe­ment inter­na­tio­nal de cette acti­vité, redi­men­sion­nant Dimo Soft­ware autour de 300 personnes et 35 millions d’eu­ros d’ac­ti­vité.

« Jean-Paul fait tout et moi le reste », expliquait Guillaume Mulliez, président de Dimo Soft­ware, dans un grand éclat de rire pour préci­ser le partage des taches avec Jean-Paul Genoux, son direc­teur géné­ral.

De fait, Guillaume Mulliez consa­crait 50% de son temps à 60 000 Rebonds, l’as­so­cia­tion créée en 2012 à Bordeaux, dont il avait d’abord été le président régio­nal en Rhône-Alpes avant d’en prendre la prési­dence natio­nale en 2016. Cette asso­cia­tion, qui a fêté ses 10 ans l’au­tomne dernier, vient en aide aux entre­pre­neurs victime d’un dépôt de bilan et qui ont tout perdu. Elle les aide à rebon­dir. Avant 60 000 Rebonds, Guillaume Mulliez avait accom­pa­gné le lance­ment du réseau « Entre­prendre » dans la région Rhône-Alpes, un réseau au service des créa­teurs d’en­tre­prises, lancé au départ par la famille Mulliez dans le Nord.

Rebelle et icono­claste

A la fois rebelle et icono­claste, Guillaume Mulliez était franc et direct, n’hé­si­tant pas à secouer ses inter­lo­cu­teurs en parlant crument pour les faire réagir. Il était soucieux de faire du busi­ness en respec­tant des valeurs humaines, celles -entre autres- du partage du pouvoir, de l’avoir et des savoirs. A la tête de 60 000 Rebonds, il se dépen­sait sans comp­ter pour la cause des patrons qui se retrouvent au fond du trou après une faillite. L’as­so­cia­tion avait multi­plié les initia­tives au prin­temps 2020 lors du 1er confi­ne­ment. Il sillon­nait inlas­sa­ble­ment la France pour porter la bonne parole, trou­ver des béné­voles et des mécènes afin d’ac­com­pa­gner le mouve­ment. A Lyon, depuis que Guillaume Mulliez prési­dait aux desti­nées de l’as­so­cia­tion au niveau natio­nal, la prési­dence régio­nale de 60 000 Rebonds est assu­rée par Marc Rousse.

Chez Dimo Soft­ware, il formait un duo de choc et d’une redou­table effi­ca­cité avec Jean-Paul Genoux. « On fait en sorte que l’en­semble des colla­bo­ra­teurs et mana­gers soit le plus engagé possible. Tous les cinq ans, on procède à une démarche de vision parta­gée avec tout le person­nel », expliquaient-ils. « On embauche des talents qui savent faire ce que l’on ne sait pas faire. On se parle beau­coup. Et on se marche très peu sur les pieds. » Un rituel : le débrie­fing du lundi à 7 h 30 pour véri­fier qu’il n’y a pas d’écarts entre les deux diri­geants de Dimo et se répar­tir les dossiers.

« Un formi­dable entre­pre­neur »

A l’an­nonce de la dispa­ri­tion soudaine de Guillaume Mulliez, les hommages se sont succédé. Parmi les premiers à réagir, Philippe Guérand, président de la CCI de Région Auvergne-Rhône-Alpes : « C’est avec beau­coup de tris­tesse que j’ap­prends la dispa­ri­tion de Guillaume Mulliez. Guillaume était d’abord un formi­dable entre­pre­neur qui a réussi par son travail et sa capa­cité d’in­no­va­tion. Son entre­prise, Dimo Soft­ware, est l’un des fleu­rons d’Au­vergne-Rhône-Alpes. Guillaume était aussi engagé au service de l’in­té­rêt géné­ral. Avec son asso­cia­tion 60 000 Rebonds, il s’était investi dans l’ac­com­pa­gne­ment des entre­pre­neurs en diffi­cul­tés. Il les aidait à se recons­truire et à rebon­dir. Nous perdons un homme de grande valeur et je veux rendre un hommage appuyé à tout ce qu’il nous a apporté. J’ex­prime égale­ment mon affec­tion et mon soutien à sa famille, ses asso­ciés et ses colla­bo­ra­teurs ».

« Un grand bonhomme avec des valeurs »

De son côté, Jean-Paul Genoux, direc­teur géné­ral de Dimo Soft­ware, est « sous le choc. Pendant 30 ans, on a bossé ensemble, les 6 fonda­teurs du départ. C’est une perte immense. Guillaume, c’est un grand bonhomme avec des valeurs. Et Dimo Sofware, c’est avant tout un collec­tif et un collec­tif qui va conti­nuer. On travaille sérieu­se­ment sans se prendre au sérieux. Notre Forum annuel est prévu la semaine prochaine, de longue date ». Le Forum Dimo Soft­ware 2023 se tien­dra au Palais de la Bourse, à la CCI Lyon Métro­pole les 21 et 22 mars. C’est le plus bel hommage que l’en­tre­prise puisse rendre à son charis­ma­tique président. Seul chan­ge­ment au programme, la confé­rence sur l’op­ti­misme n’aura sans doute pas lieu. Jean-Paul Genoux ne se sent pas vrai­ment de la main­te­nir. Elle résume, à elle seule, l’état d’es­prit qui animait Guillaume Mulliez.

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