Prési­dence du Medef : Roux de Bézieux a réuni les candi­dats puta­tifs

La campagne pour la présidence du Medef est ouverte depuis lundi. Le successeur de Geoffroy Roux de Bézieux sera élu par une assemblée de 1 170 votants, soit 2 fois plus que précédemment avec un poids renforcé des Medef territoriaux. Un avantage pour Patrick Martin, le président délégué sortant, qui devrait annoncer sa candidature dans les prochains jours. La campagne s’annonce vigoureuse.

Dès lundi, Geof­froy Roux de Bézieux a pris soin de réunir dans son bureau de l’ave­nue Bosquet, les candi­dats puta­tifs à la prési­dence natio­nale du Medef. Le 6 mars corres­pon­dait au 1er jour de la campagne offi­cielle pour dési­gner le succes­seur de l’ac­tuel président du patro­nat français, 4 mois avant l’élec­tion du 6 juillet 2023. Autour de Geof­froy Roux de Bézieux, le Lyonno-Bres­san Patrick Martin (photo), président délé­gué du Medef, la Bretonne Domi­nique Carlac’h, le Fran­ci­lien Pierre Brajeux et l’Al­sa­cien Olivier Klotz. L’oc­ca­sion pour Geof­froy Roux de Bézieux d’en appe­ler au respect par les candi­dats de la charte de bonne conduite établie par l’or­ga­ni­sa­tion patro­nale pour cette élec­tion. Le président du Medef a rappelé que c’était aussi une élec­tion diffé­rente des précé­dentes à la suite de la réforme des statuts du Medef. Le futur président ne sera pas élu par un peu plus de 500 personnes mais par une assem­blée élec­tive de 1 170 membres dont envi­ron 60% de repré­sen­tants des fédé­ra­tions profes­sion­nelles et 40% de repré­sen­tants des Medef terri­to­riaux. Aupa­ra­vant, la répar­ti­tion tour­nait autour d’un 75% – 25%.

Deux incon­nues : Alexandre Saubot et Laurent Giova­chini

Ce renfor­ce­ment du poids des terri­toires plaide en faveur de Patrick Martin, ex-président du Medef Auvergne-Rhône-Alpes, déjà candi­dat en 2018 et qui s’était rallié à Geof­froy Roux de Bézieux dans la dernière ligne droite, permet­tant à ce dernier de faire la diffé­rence face à Alexandre Saubot, le repré­sen­tant de la puis­sante UIMM et direc­teur géné­ral de la société Haulotte (nacelles éléva­trices) basée à Lorette dans la Loire. Lequel n’était pas présent dans le bureau du président du Medef. Et pour cause. Le président de France Indus­trie n’est pas, à ce jour, candi­dat. Il réflé­chit. Il n’a pas encore pris sa déci­sion. « Il n’ira que s’il estime avoir de bonnes chances de l’em­por­ter. Il consi­dère que Patrick Martin est loin de faire l’una­ni­mité. Mais Alexandre Saubot ne veut pas prendre le risque d’un 2e échec. Il atten­dra le dernier moment », avance un obser­va­teur du monde patro­nal. Autre absent de cette réunion : Laurent Giova­chini, le président de la Fédé­ra­tion Syntec et direc­teur géné­ral adjoint de Sopra-Steria, annoncé depuis un moment comme candi­dat certain, mais empê­ché lundi (pour raisons de santé). C’est le délé­gué géné­ral de la Fédé­ra­tion Syntec qui a assisté à la réunion. Sur le casting de cette élec­tion patro­nale, on y verra plus clair le 5 mai prochain, date limite pour décro­cher les 150 parrai­nages néces­saires parmi les 1 170 votants pour vali­der une candi­da­ture. Chacun des 1 170 votants peut donner son parrai­nage à 3 candi­dats. Et fin mai, un grand oral devant le conseil exécu­tif du Medef et l’assem­blée consti­tu­tive donnera la tempé­ra­ture. Les 4 candi­dats puta­tifs l’étaient déjà en 2018. Domi­nique Carlac’h, patronne de D&Consul­tants (entre­prise de services et conseil aux entre­prises, très tour­née sur l’in­no­va­tion) est vice-prési­dente sortante du Medef et porte-parole de l’or­ga­ni­sa­tion. Très impliquée sur les rela­tions entre le monde spor­tif et les entre­prises, elle est aussi vice-prési­dente de la FFA (Fédé­ra­tion française d’ath­lé­tisme). Pierre Brajeux, pilier du Medef dans les Hauts-de-Seine, dirige une entre­prise de sécu­rité Torann-France et occupe le poste de président délé­gué de la FFSP (Fédé­ra­tion française de la sécu­rité publique). Olivier Klotz, président du Medef Alsace, dirige Heuft France, filiale d’une entre­prise alle­mande de haute tech­no­lo­gie. Quant à Patrick Martin, président délé­gué du Medef, poste nouveau dans l’or­ga­ni­sa­tion du Medef depuis 2018, à la tête d’une solide ETI fami­liale de distri­bu­tion profes­sion­nelle dans le bâti­ment et l’in­dus­trie, Martin-Belay­soud, basée dans l’Ain (1 milliard d’eu­ros de chiffre d’af­faires et 3 000 sala­riés), il vient de fina­li­ser une acqui­si­tion signi­fi­ca­tive à Perpi­gnan, HRC Soli­pac, spécia­li­sée dans la distri­bu­tion de solu­tions éner­gé­tiques (103 millions d’eu­ros de chiffre d’af­faires en 2022). Après avoir repris NED à Chapo­nost l’an dernier, l’ap­port de HRC Soli­pac (acquise à 75%), permet à Martin-Belay­soud de reven­diquer une posi­tion de leader français du photo­vol­taïque rési­den­tiel dédié à l’au­to­con­som­ma­tion. Son posi­tion­ne­ment d’en­tre­pre­neur patri­mo­nial, présent dans les éner­gies renou­ve­lables tout en venant d’un dépar­te­ment et d’une région, place forte du nucléaire en France, font de Patrick Martin, l’homme de la trans­for­ma­tion d’un Medef plus enra­ciné dans les terri­toires, un candi­dat incon­tour­nable, en phase avec l’ADN du Medef.

Patrick Martin en 1ère ligne dans le dossier de l’AGS

Autre nouveauté : l’ab­sence de vote, même indi­ca­tif, du conseil exécu­tif. On se souvient que c’est sur la base de ce vote indi­ca­tif que Patrick Martin avait monnayé ces 5–6 voix auprès de Geof­froy Roux de Bézieux. Le futur président du Medef sera élu pour 3 ans, renou­ve­lable une fois (comme la plupart des Medef terri­to­riaux) et non plus pour un mandat de 5 ans non renou­ve­lable.

A ce stade, les grosses fédé­ra­tions (bâti­ment, indus­trie/UIMM, banques et assu­rances) n’ont pas de candi­dat. D’où les spécu­la­tions sur Alexandre Saubot et Laurent Giova­chini. Si aucun de ces deux candi­dats ne se déclare, Patrick Martin peut raison­na­ble­ment espé­rer l’em­por­ter. Car il a labouré le terrain depuis 5 ans et n’a pas ménagé sa peine. Reste qu’une élec­tion au Medef n’est jamais joué d’avance. « Cela va être sanglant », pronos­tique un respon­sable patro­nal d’Au­vergne-Rhône-Alpes. De fait, la sortie d’un long article dans la Lettre A, critique à l’égard de Patrick Martin concer­nant le dossier de l’AGS (la caisse qui paie les sala­riés dont les entre­prises ont déposé le bilan) et la façon dont l’af­faire a été gérée, montre que la campagne va être animée et que Patrick Martin sera forcé­ment très exposé.

Le match des agences : Publi­cis, Prima­tice, Image 7

 Avec cette élec­tion, c’est aussi, comme en 2018, le match des agences de commu­ni­ca­tion qui se joue. Il y a 5 ans, c’est Publi­cis (conseil de Geof­froy Roux de Bézieux) qui l’avait emporté sur Havas (conseil d’Alexandre Saubot). Cette fois-ci, Clément Léonar­duzzi, vice-président de Publi­cis (ex conseiller d’Em­ma­nuel Macron, revenu chez Publi­cis en 2022) et Marie-Virgi­nie Klein qui conseillent Domi­nique Carlac’h, tandis qu’Olivier Labesse (ex DGM) travaille pour Patrick Martin avec Prima­tice Conseil et Vae Solis (Philippe Manière, Vincent Le Roux). Clément Léonar­duzzi dispose d’un réseau impres­sion­nant de chefs d’en­tre­prise influents et ne serait pas mécon­tent que son agence gagne à nouveau en 2023. Image 7, de son côté, a été missionné par Laurent Giova­chini dès l’au­tomne 2022.

Domi­nique Carlac’h, qui est passée comme étudiante dans la région, à l’IEP Grenoble, a confirmé sa candi­da­ture dès lundi. Elle pour­rait être l’out­si­der de l’élec­tion. L’an­nonce offi­cielle de la candi­da­ture de Patrick Martin est prévue dans les prochains jours, dans un grand quoti­dien natio­nal. Il a préféré attendre que soit passée la grande jour­née natio­nale de mobi­li­sa­tion contre les retraites pour se décla­rer. Fabrice Le Saché, vice-président influent du Medef, a déblayé le terrain, dès hier, en se ralliant à Patrick Martin.

Remonter