Meurtrie, mais combative. Après cinq jours de silence, Christiane Constant, la première secrétaire du PS du Rhône, élue par les militants début mars, puis suspendue quelques jours plus tard par les hautes instances, est revenue mercredi sur la polémique dont elle fait l’objet. La responsable socialiste, écartée par son parti pour « des propos à caractère raciste » selon Olivier Faure, a souhaité rétablir sa vérité, entourée par ses militants dans un café de la Guillotière, à quelques encablures de l’ancien siège de la Fédération du PS du Rhône. Pendant près d’une heure et dans un climat assez hostile vis-à-vis des journalistes, Christiane Constant a livré sa version des faits. Elle assume le terme « macaque » et les trois petits singes envoyés dans une boucle de discussion WhatsApp privée avec 80 personnes, mais réfute tout propos raciste.
« J’ai parlé d’une bande des macaques, sans viser qui que ce soit personnellement, mais tous ceux qui n’ont pas voulu voir et entendre, comme les petits macaques de la mythologie indienne qui se bouchent les yeux et les oreilles pour se cacher la réalité, explique la militante socialiste. J’ai gagné les élections de la fédération dans des conditions particulièrement violentes. On a contesté ma première victoire, ce qui a obligé à organiser un deuxième tour, lequel a confirmé de manière incontestable ma victoire. C’est celle victoire qui n’est pas acceptée par mes adversaires. » Pour rappel, Christiane Constant a été élue le 2 mars dernier, avec 56% des voix contre 44% pour son adversaire, Murielle Laurent, maire de Feyzin représentant la ligne politique anti-NUPES d’Hélène Geoffroy.
« Il ne fallait surtout pas attaquer Christiane Constant »
Selon Christiane Constant, alignée avant la polémique, sur la ligne pro-NUPES d’Olivier Faure, ces mêmes adversaires « se sont saisis du message, en détournant son sens, et en le diffusant publiquement » afin de l’accuser de racisme. « Ce sont des méthodes nauséabondes d’un autre temps, qui rappellent les heures sombres de ce pays », explique la représentante socialiste, aux côtés des élues métropolitaines Michèle Edery et Joëlle Sechaud. Des propos qui n’ont pas manqué de faire réagir les quelques militants présents, chauffés à blanc et très remontés contre ces adversaires qualifiés de « Judas ! ». « Je ne suis pas raciste, je ne l’ai jamais été. Pas une seconde, je n’ai imaginé qu’en faisant référence à la sagesse des trois petits singes de Gandhi qu’on puisse détourner le sens du message que j’ai adressé », prolonge Christiane Constant, qui s’estime aujourd’hui « dupée, mais pas dupe », comme l’indiquait la banderole artisanale tenue derrière elle.
« Je suis très affectée par cette violence et cette manipulation politique contre moi pour me débarquer. Dans cette affaire, on parte atteinte à l’élection démocratique d’une femme à la tête de la Fédération du PS du Rhône, en utilisant des pratiques inédites », insiste la militante. Et d’évoquer ensuite les nombreuses intimidations subies depuis plusieurs mois : « Pendant la campagne interne, j’ai été moquée, victime d’agressions verbales et d’insultes violentes. Je n’exclus pas d’engager des poursuites judiciaires contre les auteurs de ce harcèlement, de cette manipulation et de ces diffamations. Je suis en train de monter un dossier, je sais qui est derrière ça. Ils sont aujourd’hui tombés sur une opposante politique, il ne fallait surtout pas attaquer Christiane Constant. »
Cette guerre interne risque de laisser des traces dans une section locale du PS qui a rarement été aussi affaiblie, et divisée entre deux lignes politiques opposées. « On m’a souillée parce que je défends la NUPES, alors que nous venons de vivre un congrès fratricide avec une ligne pro et une ligne anti-NUPES », explique l’ancienne première secrétaire du PS du Rhône. Les retombées locales du bras de fer national entre Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol.