Gaëlle Manin, enfin dans sa Bulle

Directrice associée au sein du restaurant Bulle de Fourvière, ouvert par le chef étoilé Guy Lassausaie, Gaëlle Manin vit sa première expérience dans la restauration après avoir été, tour à tour, assistante de direction, journaliste, communicante et même étudiante avec le diplôme de Sciences Po décroché il y a quelques mois.

La restau­ra­tion par surprise

« Moi dans la restau­ra­tion ? Quelle drôle d’idée !  » Voilà ce qu’a répondu Gaëlle Manin lorsque son ami le chef étoilé et meilleur ouvrier de France Guy Lassau­saie lui propose de s’as­so­cier avec lui et de prendre la direc­tion du restau­rant bistro­no­mique Bulle, ouvert depuis avril dernier juste à côté de la basi­lique de Four­vière.

« La restau­ra­tion, ce n’est pas du tout quelque chose qui m’at­ti­rait. Mais Guy m’a fait visi­ter le bâti­ment qui allait abri­ter le restau­rant et j’ai eu, comme lui, un coup de cœur. On l’a d’ailleurs appelé Bulle parce que c’est un endroit hors du temps », rapporte Gaëlle Manin, qui ne cache pas que les premiers mois n’ont pas été simples : « Je ne connais­sais rien à ce métier et cela ne s’im­pro­vise pas de gérer des équipes en salle. Il y a des fois où j’ai dit à Guy que je n’y arri­ve­rais jamais. Mais j’ai tout fait, du service à la plonge, et j’ai appris. »

Une période d’au­tant moins repo­sante qu’elle cumu­lait alors l’ou­ver­ture du restau­rant avec un master à Science Po bouclé en novembre dernier. « Les six premiers mois de Bulle, jusqu’à ce que je rende mon mémoire, je dormais quatre heures par nuit et je n’avais plus de vie. » Mais tout cela en valait la peine. Là voilà désor­mais diplô­mée de Sciences Po (« Une fierté, non pas de moi, mais d’être allée au bout ») et épanouie à la direc­tion de Bulle, « un lieu qui me ressemble », dit-elle.

Premiers virages

Gaëlle Manin affirme aujourd’­hui vouloir s’ins­crire dans la durée avec Bulle, après un parcours loin d’être linéaire fait de plusieurs métiers. « Je suis du style à vite m’en­nuyer », dit-elle. Après un BTS d’as­sis­tante de direc­tion et une école de traduc­tion, celle qui se voyait « travailler à l’ONU ou dans une grande insti­tu­tion » débute sa carrière comme assis­tante de direc­tion au sein du groupe Babo­lat, avant d’in­té­grer le dépar­te­ment juri­dique du géant du consul­ting EY. Premier virage au milieu des années 2000 avec un retour par la case étude et un passage par l’école de commu­ni­ca­tion Efap. D’abord jour­na­liste pigiste, elle se lance vite dans la créa­tion du maga­zine life­style lyon­nais gratuit Freesh. « Notre amitié avec Guy Lassau­saie date de cette époque. On s’est rencon­tré lors d’un repor­tage et nous avons ensuite gardé contact jusqu’à deve­nir amis. » L’aven­ture Freesh de sept ans et finira en eau de boudin en 2011 après la reprise du titre par un éditeur pari­sien. « Je perds tout et je me retrouve même avec des dettes. J’ap­pelle alors tous les gens de mon réper­toire en espé­rant que quelqu’un me tende la main. »

Le rêve d’un maga­zine

La main tendue vien­dra d’un ancien collègue de chez EY désor­mais chez Colbert Avocats (renommé depuis Ydès), cabi­net dont elle devient respon­sable admi­nis­tra­tive et commu­ni­ca­tion pendant cinq ans, de 2011 à 2016. « Encore une expé­rience enri­chis­sante, mais j’avais envie de nouveauté », rembo­bine-t-elle. Elle intègre alors l’agence de commu­ni­ca­tion Esprit des Sens au poste de direc­trice des opéra­tions et devient, en quelque sorte, le bras droit de la diri­geante Olivia Cuir.

« Je n’avais jamais perdu l’es­poir de remon­ter un maga­zine et, au bout de quatre ans chez Esprit des Sens, je me suis dit “il faut que tu fasses quelque chose”. J’étais en train de me perdre humai­ne­ment. » C’est dans cette optique qu’elle prépare le concours de Science Po qu’elle intègre en août 2020 avec la ferme inten­tion de lâcher son job, de suivre ce master et de créer un nouveau maga­zine. C’était sans comp­ter sur la propo­si­tion inat­ten­due de Guy Lassau­saie et la créa­tion de Bulle. « Mais je n’ai pas aban­donné l’idée de lancer un maga­zine dans le cadre de Bulle. Je réflé­chis à une revue dédiée à l’ali­men­ta­tion de demain, cela aurait du sens », révèle-t-elle.

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