Vous avez participé à chacune des journées de mobilisation contre la réforme des retraites. Comment faire évoluer la position d’un gouvernement qui semble inflexible ?
Marie-Charlotte Garin : Ce n’est même plus de l’inflexibilité, c’est de l’irresponsabilité selon moi. Le gouvernement refuse d’ouvrir le dialogue alors que vous avez des millions de gens dans la rue, une mobilisation incroyable, un soutien sur le temps long quasi inédit, et un niveau de tension très élevé dans le pays. C’est irresponsable.
De plus en plus de travailleurs poussent à la radicalisation parce qu’ils font grève depuis plusieurs semaines et ne sont toujours pas entendus. Donc le nerf de la guerre, c’est de savoir à quel moment ces mouvements vont coûter trop cher au gouvernement, tant politiquement qu’économiquement.
Vous parlez d’une réforme « à côté de la plaque », qui va « à rebours du sens de l’histoire ». Pourquoi le gouvernement s’entête-t-il avec cette réforme selon vous ?
Cette réforme est à côté de la plaque et misérable. C’est misérable de mettre le pays à feu et à sang pour une pauvre petite réforme comptable, alors qu’il y avait bien d’autres choix politiques possibles, comme ça a été largement évoqué dans les débats. Le gouvernement s’entête parce que la pratique du pouvoir est centrée sur l’ego du président.
« Nous avons un gouvernement « trumpiste », dans la culture du mensonge, de la fake news à répétition »
C’est une culture très viriliste, celle du passage en force. Mais cette réforme est avant tout un caprice du président. Depuis des semaines, il ne cesse de fragiliser son gouvernement, le parlement et la parole politique. Les ministres ont menti à répétition dans les débats. J’en suis même à dire que nous avons un gouvernement « trumpiste » dans la culture du mensonge, de la fake news à répétition, du dévoiement de la parole politique.
Vous êtes très présente dans les médias nationaux ces dernières semaines (BFM, France 2, LCP). Comment appréhendez-vous cette médiatisation nouvelle à 27 ans ?
Ce n’est pas toujours confortable parce que c’est un changement de vie assez radical. Mais je pense que c’est nécessaire, non pas pour moi, mais pour ce que je représente. Il y a cet enjeu pour les jeunes, et notamment les jeunes femmes, de comprendre qu’elles ont leur place dans ces institutions, dans la vie politique. Cela m’oblige à être visible, même si ce n’est pas toujours simple.
J’interviens avec beaucoup d’humilité, puisque je suis en apprentissage et je m’efforce d’avoir une parole juste, sans chercher l’attention ni la caricature. Les médias sont aussi en quête de profils qui sortent du lot. Je suis une jeune élue, une nouvelle arrivante qui n’a pas peur de se défendre et d’aller au charbon.
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