Alexandre Four­toy : Télé, foot et start-up

Avant de fonder 1kubator qui se présente comme le premier réseau d’accélérateurs de start-up en France, Alexandre Fourtoy a longtemps navigué dans l’univers de la télé et du foot. Avec notamment un poste de directeur de la communication de l’UEFA, époque Platini.

Dans les hautes sphères du foot

Alexandre Four­toy n’a pas simple­ment comme fait d’armes d’être le patron-fonda­teur, depuis 2015, du réseau d’ac­cé­lé­ra­teurs de start-up 1kuba­tor, piloté depuis Lyon, qui compte aujourd’­hui une présence dans neuf villes françaises avec des parti­ci­pa­tions au capi­tal de près de 300 jeunes pousses. Il est aussi l’au­teur du mix de musique envoyé à fond dans les enceintes du stade olym­pique de Kiev lorsque l’es­pa­gnol Iker Casillas soulève triom­pha­le­ment la coupe de l’Euro 2012. Alexandre Four­toy – qui est DJ amateur depuis sa jeunesse – fêtait avec ce clin d’œil son dernier jour à l’UEFA, où il était entré près de 12 ans plus tôt, et où il occu­pait depuis trois ans le poste de direc­teur de la commu­ni­ca­tion auprès du président Michel Platini. 

« Le foot n’était pas ma passion avant de rentrer à l’UEFA. Je suis devenu fan en assis­tant à des finales de ligue des cham­pions dans les stades », rapporte Alexandre Four­toy, qui a péné­tré dans les hautes sphères du foot euro­péen grâce à sa casquette de spécia­liste du digi­tal. Recruté en 2001 pour prendre en charge la stra­té­gie numé­rique de l’UEFA, il reven­dique plusieurs inno­va­tions. « Par exemple, on a été les premiers à diffu­ser un match en strea­ming sur le site de l’UEFA et à envoyer les buts en 3G sur les télé­phones », énumère-t-il.

Le Chili post-Pino­chet

Né à Dijon, l’en­tre­pre­neur de 53 ans découvre Lyon lors de ses études à Emlyon avant d’em­barquer pour le Chili, d’abord dans le cadre d’un volon­ta­riat dans l’ar­mée à l’am­bas­sade de France à Santiago du Chili, avant de rejoindre en 1993 les équipes marke­ting de Canal + qui voulait s’im­plan­ter en Amérique latine. « J’ai toujours voulu travailler dans les médias, c’était donc un poste de rêve », résume Alexandre Four­toy. Il vit alors dans un Chili post-Pino­chet (desti­tué en 1990, NDLR) « qui habi­tait d’ailleurs à trois blocs de chez moi » se souvient-il, marqué par la beauté d’un pays à l’am­biance parti­cu­lière, « pas une dicta­ture, mais pas la carioca non plus »

Le projet de Canal + plante rapi­de­ment, alors il embarque dans les valises de l’éphé­mère direc­teur de Canal + Chili, un Belgo-Chilien, qui rentre à Bruxelles. « On a d’abord créé des programmes télé pour la chaîne belge RTL-TVI, dont une sorte de Fa Si La Chan­ter. Puis on a monté des chaînes pour le bouquet satel­lite d’AB, connu pour être le produc­teur d’Hélène et les Garçons. On a lancé une dizaine de chaînes, autour de l’hu­mour, sur les animaux, l’his­toi­re… C’était de la télé pas chère avec un ton léger. » 

Un échec forma­teur

C’est un autre ancien de Canal + Chili qui le rapa­trie à Paris « où ma femme travaillait à l’époque » et lui met le pied à l’étrier des nouvelles tech­no­lo­gies à la fin des années 90 au sein d’une struc­ture nommée Spor­tal. « C’était la première époque d’In­ter­net. J’ai parti­cipé au premier site d’in­for­ma­tion sur le sport, puis on a géré la créa­tion des premiers sites Inter­net de plusieurs clubs de foot, dont le PSG, Manches­ter United ou le Bayern Munich.  »Un premier pied dans Inter­net et le foot qui le conduira au siège de l’UEFA, à Nyon en Suisse, pendant près de douze ans. « Puis, quand je quitte l’UEFA, j’ai pour projet de monter ma start-up. » Ce qu’il fait en 2012 avec la créa­tion de Hoople, un réseau social dédié aux familles qui comp­tera jusqu’à 15 000 utili­sa­teurs, mais fermera ses portes assez rapi­de­ment. 

« J’ai cumulé les erreurs, que ce soit en termes de déve­lop­pe­ment ou dans le choix de mes asso­ciés. Et comme je venais d’une grosse orga­ni­sa­tion avec beau­coup de moyens, je n’avais pas les réflexes de la start-up qui se lance avec des bouts de ficelle », recon­naît Alexandre Four­toy. Un échec forcé­ment forma­teur qui le convainc de créer, en mars 2015, le réseau d’in­cu­ba­tion 1Kuba­tor, qui compte des implan­ta­tions dans neuf villes en France et une cinquan­taine de colla­bo­ra­teurs. « J’avais envie de trans­mettre ce que j’avais appris lors de la créa­tion de ma start-up en accom­pa­gnant et en aidant d’autres start-uppers. Et j’avais dès le départ l’idée de ne pas créer un seul incu­ba­teur, mais un réseau d’in­cu­ba­teurs dans plusieurs villes en France. Car je ne suis pas l’homme d’un projet, mais de plusieurs projets  », souligne le diri­geant.

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