« Humiliation », « mépris », « mesurettes », « gouvernement sans vision » : Samuel Minot, nouveau président régional de la FFB Auvergne-Rhône-Alpes n’y va pas avec le dos de la cuillère pour exprimer la grande déception du monde du bâtiment après les conclusions du CNR Logement (Conseil national de la refondation) présentées par Elisabeth Borne.
15 000 emplois menacés dans la région
« Depuis sept mois, on nous a mis à contribution, on a participé à toutes les réunions du CNR Logement, on a présenté des solutions, explique Samuel Minot. On attendait de véritables réactions, des mesures de soutien. Et on nous annonce la fin du dispositif Pinel d’incitations fiscales au 1er janvier 2024. Quant au PTZ (Prêt à taux 0), il est rétréci au seul logement collectif et en zone tendu. Le secteur représente 150 000 salariés dans la région. 9% des emplois sont menacés, soit près de 15 000 emplois. Il y a un risque social très fort. Il faudrait éviter le trou d’air. Et on nous proposer des mesurettes. Tout cela n’est pas sérieux. On attendait du gouvernement qu’il propose une vision. La vérité, c’est qu’il n’y a pas de politique du logement. On se fout de nous ». Fermez le ban ! Et Samuel Minot rappelle qu’avant de coûter, « le logement rapporte 50 milliards d’euros nets à la Nation, que ce soit à l’Etat ou aux collectivités locales ».
« Rendez-vous manqué »
Même tonalité, quoiqu’un poil moins virulente de la part du maire PS de Villeurbanne, Cédric Van Styvendael, qui a coprésidé avec Serge Contat, directeur général d’Emmaüs Habitat, le groupe de travail « pouvoir d’habiter » au sein du CNR logement.
Il s’est exprimé par un communiqué de presse à l’issue de la journée de restitution au cours de laquelle la Première ministre a présenté 19 mesures sur les plus de 100 proposées par le CNR logement « Je partage la déception de l’ensemble des acteurs du logement. Après le « en même temps », le gouvernement fait dans le « ni-ni » : ni le soutien à l’offre de logement (construction, rénovation, aide à la personne…), ni le soutien à la demande (aide au logement, accompagnement social, …). Bien sûr « il n’y a pas rien » dans ces annonces pour reprendre les propos de Véronique Bédague, co-animatrice avec Christophe Robert du CNR logement, mais leur absence de détail et de chiffrage déstabilise l’ensemble des acteurs du logement. S’il faut reconnaitre au ministre, Olivier Klein, et aux deux co-animateurs le mérite d’avoir mis le sujet du logement sous les projecteurs du débat public et médiatique, je ne peux que constater le décalage criant entre la gravité de la crise et les réponses apportées par la Première ministre. Après 6 mois de travail, tout était sur la table mais rien n’a été décidé. Alors si le CNR ne doit être qu’un début, ce doit être celui d’une refonte totale d’un système qui ne marche plus sur ses deux jambes. Un système qui est train de fragiliser toute la société française et qui accroit dangereusement les inégalités. Redisons le haut et fort : la politique du logement est un outil puissant et précieux de justice sociale. Le logement social en particulier est un modèle qu’il nous faut protéger à tout prix. Ce gouvernement avait rendez-vous avec le pouvoir d’achat des ménages, le pouvoir d’agir des collectivités et le pouvoir de construire des acteurs. Rendez-vous manqué… Saura-t-il redresser le tir, je le souhaite et tous les participants à la démarche y sont prêts ! »