LE MENSUEL DES POUVOIRS LYONNAIS

Orapi : Guy Chifflot négocie avec Paredes

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Les négociations s’accélèrent entre Guy Chifflot, fondateur et 1er actionnaire d’Orapi en vue de la vente de sa participation de 35% à son concurrent lyonnais, Paredes. Mais le fonds Kartesia, détenteur de 29,8% n’a pas dit son dernier mot. Un conseil de surveillance décisif est prévu en début de semaine. L’ensemble Orapi-Paredes donnerait naissance à un leader français de l’hygiène professionnelle.

Tout s’accélère dans le dossier de la vente d’Orapi depuis la suspension de cotation de l’entreprise de Saint-Vulbas dans l’Ain, créée en 1968 par Guy Chifflot. La société, spécialisée dans l’hygiène professionnelle et les produits de maintenance industrielle, forte de 1 000 salariés, a réalisé 229,6 millions d’euros de chiffre d’affaires l’an dernier (+ 4%) avec un EBITDA de 16 millions et un résultat net de 0,8 million.

Confrontée à une problématique de dette, Orapi avait fait appel au fonds Kartesia à l’été 2020 qui, en contrepartie du rachat de cette dernière, est devenu, le 2e actionnaire d’Orapi avec 29,8% du capital de l’entreprise, juste derrière Guy Chifflot et sa famille 34,95% (le flottant en bourse représentant 31,2%, les salariés 2,2% et l’autocontrôle 1,8%). Avec, à la clé, dans le même temps, une nouvelle organisation autour d’un conseil de surveillance présidé par Guy Chifflot et un directoire présidé par Henri Biscarrat, disposant de la confiance de Kartesia.

➜ À lire aussi : Paredes : François Thuilleur vise la place de leader en France

Paredes veut doubler de taille d’ici à 2030

Tiraillé entre l’idée de passer définitivement la main, sans pour autant donner un blanc-seing à ses nouveaux actionnaires financiers, Guy Chifflot a longtemps hésité à franchir le rubicon, jugeant aussi insuffisante la valorisation de sa participation.

Mais cette fois-ci, les dés sont jetés. Et c’est assez naturellement vers son principal concurrent, Lyonnais comme lui, de surcroit, qu’il s’est tourné. A savoir la société Paredes, basée à Genas et pesant 215 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022 avec 650 collaborateurs.

François Thuilleur, PDG de Paredes ne faisait pas mystère, le mois dernier dans Lyon Décideurs, de son souhait de « doubler de taille pour atteindre 500 millions d’eu­ros d’ac­ti­vité d’ici 2030. C’est néces­saire pour être en mesure d’ac­com­pa­gner des clients comme Sanofi, Danone ou Nestlé à l’in­ter­na­tio­nal, et pour pour­suivre nos inves­tis­se­ments dans les tran­si­tions écolo­gique et digi­tale ». Pour atteindre son objec­tif, le groupe de Genas, dont la crois­sance est, selon son PDG, « trois fois supé­rieure aux autres acteurs du marché », va se tour­ner vers l’in­ter­na­tio­nal, via des opéra­tions de crois­sance externe. Et de citer la Suisse, l’Allemagne et la Belgique, ainsi que des discussions avec 3 entreprises françaises.

C’est donc avec Orapi que les négociations sont les plus avancées et plus spécialement avec Guy Chifflot, en personne. Si un accord semble se dessiner cette fin de semaine entre les deux industriels, reste à trouver un accord pour un rachat de toute la société Orapi, avec à la clé, une OPA à prévoir puisque le flottant représente plus de 31% du capital de la société. A ce stade, difficile de savoir quelle est la position du fonds Kartesia, souvent présenté, ces derniers temps, comme l’étoile montante de la dette privée. Guy Chifflot agit en solo et il n’est pas exclu que Kartesia veuille entrer dans la danse, quitte à présenter une autre offre, de son côté. En coulisses, les négociations vont bon train avec un conseil de surveillance programmé, a priori, lundi.

Investissements à Vénissieux et dans le digital

« On pourrait avoir face à face une solution industrielle confortant un acteur de 1er plan  dans son domaine ici à Lyon ou une solution de logique plus financière », constate un observateur. Du côté de la région Auvergne-Rhône-Alpes où la thématique de la réindustrialisation est un marqueur fort, la préférence est clairement identifiée. L’ensemble Orapi-Paredes pèserait autour de 500 millions d’euros de chiffre d’affaires, soit une belle ETI de plus de 1 600 personnes, avec le bel outil industriel d’Orapi fort de 2 usines à Saint-Vulbas dans l’Ain (usine récente 4.0) et à Vénissieux avec un investissement en cours de 8 millions d’euros. De son côté, Paredes prévoit de lourds investissements digitaux. Les deux entreprises annonçaient, de leur côté une croissance organique de 5% par an pour les prochains exercices.

Photo: Guy Chifflot (à gauche) et François Thuilleur (à droite) négocient activement ces derniers jours

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