De mémoire de juge au tribunal de commerce, on a rarement vu une élection aussi disputée. Une désignation qui n’a rien d’officielle mais qui se veut une primaire interne entre les 69 juges pour départager les candidats à la présidence de la juridiction consulaire lyonnaise. Le vote officiel est programmé, quant à lui, à la mi-octobre avec un collège électoral de 440 délégués consulaires (élus lors des élections à la CCI) comprenant aussi les anciens juges au tribunal de commerce.
Mais, par tradition à Lyon, les juges consulaires se réunissent en conclave, juste avant l’été pour se mettre d’accord sur une candidature unique, le perdant se retirant au profit du vainqueur. Hier après-midi, les 69 juges ont donc préféré d’une courte tête (35 voix contre 31), Bruno Da Silva à Delphine Maurin. Le tribunal de commerce de Lyon ne sera donc pas présidé, les 4 prochaines années, par une femme. Un tribunal de commerce coupé en deux en quelque sorte. « Une élection aussi disputée, cela peut laisser des traces et provoquer une cassure », estime un connaisseur du tribunal. « Pas du tout. On avait deux très bons candidats. Ce n’est pas surprenant qu’ils finissent presqu’à égalité. Tout va rentrer dans l’ordre très vite », pense un autre.
Homme de réseaux, sérieux avec une forte autorité
L’heureux vainqueur, Bruno Da Silva, a longtemps dirigé RGS -Retail Global Solutions-, une société de conseil, spécialisée dans l’accompagnement des réseaux de distribution qui connait donc parfaitement la vie des entreprises et notamment du secteur de la distribution. Bruno Da Silva a revendu RGS. Tout comme Thierry Gardon il y a 4 ans, il s’est organisé pour disposer de temps à consacrer au tribunal de commerce. « C’est quelqu’un de très humain, pas politique comme peut l’être l’actuel président. C’est un homme de réseaux, sérieux, qui a connu une belle réussite. Il a du temps pour lui. Il incarne une forte autorité », résume un observateur avisé du tribunal de commerce. Un mot revient souvent aussi pour qualifier sa ligne de conduite : « indépendance ».
Parmi ses proches au tribunal, Patrick Zen, impliqué sur les dossiers MARD (Mode amiable de règlement des différends) ou bien encore Guillaume Brun d’Arre. Deux juges qui avaient fait campagne pour Thierry Gardon en 2019, lorsque ce dernier affrontait en primaire Olivier de la Clergerie.
Thierry Gardon soutien de Delphine Maurin ?
Est-ce à dire pour autant que Thierry Gardon soutenait Bruno Da Silva dans ce scrutin. Pas forcément. Comme président en titre, il n’a pas pris position entre les 2 candidats, même si plusieurs spécialistes ont cru percevoir de sa part, une préférence non exprimée pour Delphine Maurin, ex-patronne des chaussures Delpol (plusieurs magasins à Lyon) qu’elle a revendues pour créer une structure intervenant dans la formation.