Vous venez de lancer votre « manifeste pour Lyon » dans lequel vous appelez les Lyonnais à construire un projet commun pour la ville. Quel est le sens de cette démarche ?
Yann Cucherat : Ma seule ambition, c’est de servir cette ville et ses habitants. Ce manifeste a vocation à rassembler les idées des Lyonnais, à réunir autour d’un débat d’idées pour construire un projet pour cette ville. Lyon a toujours été une ville de consensus, qui s’appuyait sous Gérard Collomb à la fois sur des majorités qui allaient du centre droit au centre gauche, mais aussi sur le monde économique et le secteur privé. Il y a toujours eu cette forme de nuance et d’équilibre que je ne retrouve pas avec le pouvoir actuel. J’ai très peur de la trajectoire qui est donnée à cette ville et de ce qui est en train de se passer. Je vois aujourd’hui une ville fracturée, avec des clivages, des gens sous tension. On ne sait plus se parler ni s’écouter, tout le monde se déchire et tous les projets sont conflictualisés. Soit vous êtes pour, soit vous êtes contre. Le compromis qui a tant fait la force de Lyon ces dernières années, n’existe plus. Cela m’attriste et m’inquiète.
Que reprochez-vous concrètement au maire de Lyon ?
Je pense que lui et une grande partie de ses équipes n’ont pas enlevé le costume de militants. Ils ne gouvernent pas pour tous les Lyonnais, mais pour leur base électorale dans une logique de surcommunication, et n’ont aucune considération pour ceux qui ne pensent pas comme eux. Le maire de Lyon et sa majorité placent leur vision au-dessus de tout le reste et considèrent que leurs oppositions sont dépassées et hors du temps. On a souvent l’impression de se faire donner la leçon au conseil municipal. La ville est en train de décliner progressivement, mais plus on ira loin dans ce déclin, plus ce sera dur de s’en remettre. Donc j’en appelle avec ce manifeste à tous les déçus de la trajectoire donnée à cette ville. J’invite tous ceux qui le souhaitent à débattre et proposer des idées pour construire ensemble le Lyon de demain.
Ce manifeste fait écho à la possible alliance avec Pierre Oliver, David Kimelfeld ou Georges Képénékian que vous évoquiez au printemps. C’est donc une manière de préparer le terrain face à Grégory Doucet ?
Il a surtout vocation à dessiner un projet commun pour créer une dynamique en dehors des ambitions politiques des uns et des autres. Il n’y aurait rien de pire selon moi que de se cantonner uniquement à une alliance d’appareils politiques. Ce manifeste doit servir à rassembler des sensibilités différentes autour d’un même projet, au service et dans l’intérêt des Lyonnais. Après, si Pierre Oliver, David Kimelfeld, Georges Képénékian, ou des gens du PS et de l’écologie, s’y retrouvent et ont envie de s’y investir, c’est une très bonne chose. Mais selon moi, cela doit se faire en dehors des appareils politiques. On veut s’appuyer sur la société civile, et nous verrons lorsque ce projet sera sur les rails si l’on peut se réunir derrière une seule personne. Mais c’est encore un peu prématuré pour le dire.