Déjà associé avec Jean-Michel Mandin au sein du groupe lyonnais de relations médias et d’affaires publiques Intelligible (23 collaborateurs), Benoît Terrière l’est désormais aussi en tant que viticulteur. Les partenaires devenus potes ont racheté, voilà un an, une parcelle d’un hectare de vignes (100 mètres sur 100 mètres) à Chénas, dans le nord Beaujolais. Et si de nombreux patrons lyonnais (Christophe Gruy, Jean-Claude Lavorel ou encore Thomas Schmider…) sont devenus viticulteurs ces derniers temps en mettant la main sur de somptueux domaines et leurs bâtisses en pierre, la démarche est ici nettement plus artisanale. « On y va avec beaucoup d’humilité. Cela faisait trois ans que l’on cherchait un petit bout de terre à racheter et on a trouvé cette parcelle de vieilles vignes dont personne ne voulait, car elle n’est pas mécanisable en raison de la pente », rapporte Benoît Terrière.
Mais avec sa vue sur le mont blanc les jours où l’horizon est dégagé, l’endroit est absolument parfait pour le binôme qui, par conviction, a fait le choix de la biodynamie : « Nous faisons tout à la main, on taille les pieds de vignes, on bêche la terre et c’était cela l’idée, tout faire nous-mêmes pour apprendre le métier. Et l’on se donne le droit à l’erreur », déclare Benoît Terrière, qui a toujours eu l’amour de la terre. « Qu’il vente, qu’il pleuve ou qu’il neige, je me sens bien quand je suis dehors. J’étais encore en train de planter des haricots dans mon potager le week-end dernier. J’ai fait Sciences-Po et j’ai un métier de bureau avec des prestations intellectuelles, mais je me suis vraiment posé la question de faire un métier où j’allais pouvoir passer toute la journée dehors », poursuit-il.
« Son goût nous plaît, c’est top. »
L’achat de cette parcelle découle, évidemment, d’une passion commune des deux amis pour le vin. Avec des compétences complémentaires : Benoît Terrière en fin connaisseur du végétal et Jean-Michel Mandin dans le rôle de l’expert en vin. « Depuis qu’il est en âge de boire du vin, Jean-Michel se rend chez tous les vignerons possibles dès qu’il est en week-end ou en vacances. Il a beaucoup plus de connaissances que moi », avoue Benoît Terrière, qui a désormais l’habitude de retrouver son associé aussi le week-end en plein air, voire parfois de prendre une matinée dans la semaine pour se rendre à Chénas.
Et pendant que les mains creusent la terre, les discussions tournent souvent autour du groupe Intelligible. « Ce sont des moments où l’on échange beaucoup sur les problématiques business de la semaine. C’est une manière différente de travailler, comme si l’on faisait des micro-séminaires à chaque fois. Et on est super efficaces », poursuit Benoît Terrière. En attendant le fruit de ses propres vignes, le duo a mis en bouteille, fin mai, sa première cuvée de beaujolais blanc avec du raisin racheté à un ami : « Un autre viticulteur nous a prêté son chai. Mais c’est nous qui avons choisi toutes les techniques de vinification et nous sommes très contents du résultat. Son goût nous plaît, c’est top. »

La parcelle du duo dans le Beaujolais
Benoît Terrière et Jean-Michel Mandin vont désormais commercialiser la petite production de 1000 bouteilles sous le nom de Domaine des Chanes (vendu 18 euros l’unité) en espérant se faire une place chez quelques cavistes et restaurateurs lyonnais. « Nous ne sommes pas des investisseurs. L’idée n’est pas de nous payer, mais de rentrer dans nos frais. Et, comme on part de rien, notre plus grande fierté serait d’être reconnus comme des viticulteurs qui font du vin de qualité », affirme Benoît Terrière.