LE MENSUEL DES POUVOIRS LYONNAIS

Françoise Pignol, au cœur de la mutation des Gratte-Ciel

La directrice générale de la Maison Pignol a ouvert en 2006 sa septième boutique dans le centre de Villeurbanne. Très attachée au quartier, où elle côtoie d’autres belles maisons lyonnaises et artisans bien connus, elle assiste aujourd’hui à la rapide mutation des Gratte-Ciel.

Elle arpente l’avenue Henri-Barbusse avec un large sourire, puis salue chaleureusement chaque employé de la boutique Pignol des Gratte-Ciel, rouverte à la mi-mai après cinq semaines de travaux. À Villeurbanne, Françoise Pignol, directrice générale de la maison éponyme (22 millions d’euros de chiffre d’affaires par an, 200 collaborateurs), est ici chez elle. « Nous sommes arrivés aux Gratte-Ciel en 2006, avec un vrai coup de cœur pour ce quartier et cette avenue. C’est le cœur de Villeurbanne, un endroit avec de la vie, juste à côté du marché. Cet emplacement correspondait en tout point à ce que l’on cherchait », assure la directrice générale de la Maison Pignol, qui compte neuf autres boutiques dans la métropole.

D’autant que la dirigeante, épouse de Jean-Paul Pignol, retrouve le long de l’avenue Henri-Barbusse d’autres commerçants lyonnais bien connus du couple. « C’est génial puisque nous avons ici des voisins que nous connaissons bien comme Daniel & Denise ou Cerise & Potiron, avec qui nous avons l’habitude de travailler. Je peux même citer Bettant, qui est un concurrent et néanmoins ami, et qui fait partie de ces belles maisons lyonnaises qui participent au dynamisme du quartier. »

Travaux et gentrification

Avec l’arrivée de la Maison Pignol au milieu des années 2000, l’ancien maire de Villeurbanne, Jean-Paul Bret et la Société villeurbannaise d’urbanisme (SVU) signent un joli coup. « Ils étaient enchantés qu’on arrive. On rentrait complètement dans leur schéma de développement, donc on a reçu un très bon accueil à la fois des équipes municipales, de la SVU, et des clients », juge Françoise Pignol. Et la clientèle, qui se presse depuis plus de quinze ans dans la boutique, est à l’image du quartier : diverse et variée. « Le quartier bouge beaucoup et l’immobilier grimpe vite ici. Donc nous avons aujourd’hui le mélange d’une clientèle assez populaire, l’essence de départ de Gratte-Ciel, et d’une clientèle plus familiale, sans doute plus aisée. »

Une gentrification rapide, illustrée par les importants chantiers lancés près du cours Émile-Zola (arrivée du tramway T6, construction de 18 nouvelles tours au nord des Gratte-Ciel). « On va voir ce que ces nouveautés vont nous apporter. Le projet d’élargissement au nord nous a été présenté par la Société villeurbannaise d’urbanisme. Ils auraient bien aimé nous faire déménager dans cette nouvelle partie parce qu’ils cherchent des locomotives, mais cela ne nous intéresse pas. Le projet est superbe mais nous sommes très bien là où nous sommes », conclut la dirigeante depuis la mezzanine de sa boutique, entièrement rénovée au printemps.

Ses bonnes adresses

  • Chocolats Voisin. 22 avenue Henri-Barbusse, Villeurbanne
  • Cerise & Potiron, 25 avenue Henri-Barbusse, Villeurbanne
  • L’Épicerie Comptoir Daniel & Denise, 25 avenue Henri-Barbusse, Villeurbanne

« J’ai envie de citer ces trois commerçants lyonnais. Il faut qu’on retrouve dans les centres-villes et dans le centre des quartiers des enseignes locales. Il y a de moins en moins de maisons lyonnaises aujourd’hui, je trouve cela très triste. Dans le prêt-à-porter, les enseignes multimarques locales ont disparu. Il faudrait que nous arrivions à garder cette excellence lyonnaise dans les métiers de bouche. »

Ce qu’elle adore

  • Une vraie vie de quartier. « Vous avez sur cette artère de nombreux commerçants, boulangers, fleuristes, poissonniers, bouchers, pâtissiers. Tout un environnement très riche et complémentaire. »
  • Le dynamisme. « Il y a des acteurs qui veulent faire bouger la ville et le quartier. C’est très animé entre le festival Les Invites, le marché de Noël ou d’autres événements tout au long de l’année. »
  • L’atmosphère et la verdure. « Le cadre est plus cool que sur la Presqu’île. Nous sommes proches de la Tête-d’Or, de la Feyssine, et il reste tout un tas de petites maisons qui coûtent une fortune aujourd’hui au nord de Villeurbanne. »


Ce qu’elle aime moins

  • Les chantiers. « C’est évidemment très perturbant, et encore, on ne les a pas juste devant notre porte comme certains autres commerçants. »
  • La piétonnisation. « La piétonnisation de l’avenue Henri-Barbusse a du bon et du moins bon. On y gagne en tranquillité et c’est parfait l’été pour notre terrasse, mais elle crée aussi de la gêne pour certains de nos clients. »
  • L’accessibilité. « Ce n’est pas la peine d’essayer de venir en voiture aujourd’hui à Villeurbanne. C’est quasiment inaccessible avec tous ces travaux. »

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