« J’avais envie de m’ouvrir à un chant culturel plus large. » En reprenant les rennes de la Halle Tony Garnier il y a deux ans et demi après avoir officié dans des salles de musiques actuelles, au Ninkasi Kao puis au Fil de Saint-Étienne, Thierry Pilat y voit l’occasion de revenir dans son quartier d’enfance, qu’il considère comme son « terrain de jeu ».
Autrefois adepte des ballades en vélo à travers un « no man’s land désertique », celui qui se déclare comme l’enfant de Gerland voit petit à petit la zone industrielle se transformer, pour laisser place à un quartier métamorphosé. « On y retrouve à la fois des habitations, des logements sociaux, des entreprises, des zones de divertissements, des restaurants, énumère Thierry Pilat. C’est ce qui fait la richesse de ce quartier, il est vivant. »
Les changements et la modernisation opérés depuis une dizaine d’années attirent toute une nouvelle catégorie socio-professionnelle et une gentrification, mais Gerland ne perd pas pour autant son âme populaire selon le directeur de l’historique salle de concerts. « Pour qu’un quartier fonctionne, il faut savoir vivre ensemble, du plus pauvre au plus riche et partager les mêmes espaces. C’est ça l’enjeu d’une cité et Gerland a des atouts pour réussir cette mixité. »
Avec les nouvelles pistes cyclables et l’arrivée de la ligne T10 prévue pour 2026, le quartier laisse derrière lui un modèle ancien du « tout pour la voiture » avec des aménagements prévus pour des modes de circulations plus doux : « Ça a créé pas mal de désagréments, mais on n’a pas le choix. Autrefois Gerland était considéré comme la périphérie de Lyon, maintenant il est intra-muros à la ville. C’est assez exceptionnel ! »
« Je voulais gérer un équipement Lyonnais. »
Nommé directeur début 2021 Thierry Pilat reprend la Halle Tony Garnier pendant la période « assez perturbante » du Covid, quand les spectacles étaient à l’arrêt depuis un an. « J’ai fait partie des gens qui se sont un peu remis en question durant la crise, confie-t-il. Si la pandémie n’avait pas été là, je n’aurais pas pensé à revenir sur Lyon pour reprendre ces fonctions-là. »
Vaste édifice métallique de plus de 17 000m2, la Halle Tony Garnier accueille des concerts depuis plus de 25 ans : « J’adore le bâtiment, son architecture et son ambiance. C’est un outil hors-norme qui n’est ni une arena ni un zenith et qui laisse la possibilité d’explorer de nouvelles aventures culturelles. »
Charmé par le style industriel de cet ancien abattoir datant du 20ème siècle, Thierry Pilat souhaite revaloriser le patrimoine et l’histoire de la Halle. « Les lyonnais ont un lien affectif avec ce lieu, parce c’est ici qu’ils ont vu leur premier concert. Ce qui m’intéresse c’est perpétuer l’aventure et faire évoluer le lieu avec les mentalités du public et les envies des artistes. »
Ses bonnes adresses :
- Capucine et Gaston : « C’est un restaurant de cuisine française traditionnelle où les plats sont servis dans des bocaux, ils font également traiteur. Ils ont la particularité d’être une entreprise d’insertion professionnelle pour les personnes handicapées. C’est une belle initiative et les produits sont de qualité. » 14 Pl. Docteurs Charles et Christophe Mérieux, 69007.
- La Cité des Halles : « C’est une initiative super intéressante, elle réhabilite d’anciens locaux industriels, elle créé une œuvre différente avec une jolie mise en avant d’artiste. Et le bar tourne bien, l’ambiance est très sympa ! ». 124 Av. Jean Jaurès, 69007.
- La maison Bleue : « J’y vais de temps en temps, c’est un bar festif très apprécié des jeunes. On peut grignoter, écouter un mix DJ, ce n’est pas un lieu de prédilection pour les gens de mon âge mais le hasard a fait que je m’y suis retrouvé plusieurs fois ! » 24 Rue Croix-Barret, 69007.
Ce qu’il adore :
La proximité avec la Rive Gauche : « Le quartier est tout proche du Parc de Gerland et du Rhône, c’est pratique pour aller prendre l’air et flâner le long des berges ! Je connais le parc par cœur puisque j’ai habité pas loin pendant longtemps. »
Des sorties à foison : « Il y a plein de bars et de terrasses sympas, c’est très agréable, notamment sur toute l’avenue Jean Jaurès. C’est proche de la Halle, donc on peut aller au resto avec des potes avant de faire un concert, c’est super sympa. »
Ce qu’il aime moins :
La forte densité urbaine : « C’est une zone où il y a beaucoup de monde, entre les habitants et ceux qui viennent travailler. Ce n’est pas simple de circuler, en plus avec la construction de la ligne T10, les voies de voitures vont être diminuées. Il va falloir passer ce cap. »
Le manque de verdure : « Gerland est trop bétonné, surtout avec l’été qui arrive, on commence à avoir chaud et ça devient plus difficile à vivre. »
Valentine BRIANT