Thierry Pilat, l’en­fant de Gerland 

Directeur depuis janvier 2021 de la Halle Tony Garnier, Thierry Pilat revendique une relation particulière avec le quartier de Gerland qu’il a vu se transformer. La zone désertique de son enfance laissant place à un quartier dynamique en pleine mutation.

« J’avais envie de m’ou­vrir à un chant cultu­rel plus large.  » En repre­nant les rennes de la Halle Tony Garnier il y a deux ans et demi après avoir offi­cié dans des salles de musiques actuelles, au Ninkasi Kao puis au Fil de Saint-Étienne, Thierry Pilat y voit l’oc­ca­sion de reve­nir dans son quar­tier d’en­fance, qu’il consi­dère comme son « terrain de jeu ».

Autre­fois adepte des ballades en vélo à travers un « no man’s land déser­tique », celui qui se déclare comme l’en­fant de Gerland voit petit à petit la zone indus­trielle se trans­for­mer, pour lais­ser place à un quar­tier méta­mor­phosé. « On y retrouve à la fois des habi­ta­tions, des loge­ments sociaux, des entre­prises, des zones de diver­tis­se­ments, des restau­rants, énumère Thierry Pilat. C’est ce qui fait la richesse de ce quar­tier, il est vivant. »

Les chan­ge­ments et la moder­ni­sa­tion opérés depuis une dizaine d’an­nées attirent toute une nouvelle caté­go­rie socio-profes­sion­nelle et une gentri­fi­ca­tion, mais Gerland ne perd pas pour autant son âme popu­laire selon le direc­teur de l’his­to­rique salle de concerts. « Pour qu’un quar­tier fonc­tionne, il faut savoir vivre ensemble, du plus pauvre au plus riche et parta­ger les mêmes espaces. C’est ça l’enjeu d’une cité et Gerland a des atouts pour réus­sir cette mixité.  »

Avec les nouvelles pistes cyclables et l’ar­ri­vée de la ligne T10 prévue pour 2026, le quar­tier laisse derrière lui un modèle ancien du « tout pour la voiture » avec des aména­ge­ments prévus pour des modes de circu­la­tions plus doux : « Ça a créé pas mal de désa­gré­ments, mais on n’a pas le choix. Autre­fois Gerland était consi­déré comme la péri­phé­rie de Lyon, main­te­nant il est intra-muros à la ville. C’est assez excep­tion­nel ! »

« Je voulais gérer un équi­pe­ment Lyon­nais. » 

Nommé direc­teur début 2021 Thierry Pilat reprend la Halle Tony Garnier pendant la période « assez pertur­bante » du Covid, quand les spec­tacles étaient à l’ar­rêt depuis un an. « J’ai fait partie des gens qui se sont un peu remis en ques­tion durant la crise, confie-t-il. Si la pandé­mie n’avait pas été là, je n’au­rais pas pensé à reve­nir sur Lyon pour reprendre ces fonc­tions-là. »

Vaste édifice métal­lique de plus de 17 000m2, la Halle Tony Garnier accueille des concerts depuis plus de 25 ans : « J’adore le bâti­ment, son archi­tec­ture et son ambiance. C’est un outil hors-norme qui n’est ni une arena ni un zenith et qui laisse la possi­bi­lité d’ex­plo­rer de nouvelles aven­tures cultu­relles.  »

Charmé par le style indus­triel de cet ancien abat­toir datant du 20ème siècle, Thierry Pilat souhaite reva­lo­ri­ser le patri­moine et l’his­toire de la Halle. « Les lyon­nais ont un lien affec­tif avec ce lieu, parce c’est ici qu’ils ont vu leur premier concert. Ce qui m’in­té­resse c’est perpé­tuer l’aven­ture et faire évoluer le lieu avec les menta­li­tés du public et les envies des artistes.  »

Ses bonnes adresses 

  • Capu­cine et Gaston : « C’est un restau­rant de cuisine française tradi­tion­nelle où les plats sont servis dans des bocaux, ils font égale­ment trai­teur. Ils ont la parti­cu­la­rité d’être une entre­prise d’in­ser­tion profes­sion­nelle pour les personnes handi­ca­pées. C’est une belle initia­tive et les produits sont de qualité. » 14 Pl. Docteurs Charles et Chris­tophe Mérieux, 69007.
  • La Cité des Halles : « C’est une initia­tive super inté­res­sante, elle réha­bi­lite d’an­ciens locaux indus­triels, elle créé une œuvre diffé­rente avec une jolie mise en avant d’ar­tiste.  Et le bar tourne bien, l’am­biance est très sympa !  ». 124 Av. Jean Jaurès, 69007.
  • La maison Bleue : « J’y vais de temps en temps, c’est un bar festif très appré­cié des jeunes. On peut grigno­ter, écou­ter un mix DJ, ce n’est pas un lieu de prédi­lec­tion pour les gens de mon âge mais le hasard a fait que je m’y suis retrouvé plusieurs fois !  » 24 Rue Croix-Barret, 69007. 

Ce qu’il adore 

La proxi­mité avec la Rive Gauche : « Le quar­tier est tout proche du Parc de Gerland et du Rhône, c’est pratique pour aller prendre l’air et flâner le long des berges ! Je connais le parc par cœur puisque j’ai habité pas loin pendant long­temps.  »

Des sorties à foison : « Il y a plein de bars et de terrasses sympas, c’est très agréable, notam­ment sur toute l’ave­nue Jean Jaurès. C’est proche de la Halle, donc on peut aller au resto avec des potes avant de faire un concert, c’est super sympa.  »

Ce qu’il aime moins :

La forte densité urbaine : « C’est une zone où il y a beau­coup de monde, entre les habi­tants et ceux qui viennent travailler. Ce n’est pas simple de circu­ler, en plus avec la construc­tion de la ligne T10, les voies de voitures vont être dimi­nuées. Il va falloir passer ce cap.  »

Le manque de verdure : « Gerland est trop bétonné, surtout avec l’été qui arrive, on commence à avoir chaud et ça devient plus diffi­cile à vivre.  »

Valen­tine BRIANT

Remonter