En l’espace d’une décennie, le lieu, perché sur le toit de la Sucrière à Confluence et géré par l’association Arty Farty, via sa filiale Culture Next, est devenu l’épicentre des nuits lyonnaises. Inauguré le 26 juin 2013, le Sucre, avec sa terrasse de 450 m², s’est depuis imposé comme une référence incontournable de la « club-culture » européenne. La création de ce lieu pluridisciplinaire, où peuvent se succéder dans la même semaine des conférenciers comme Raphaël Glucksmann, des entreprises comme Engie, Crédit Mutuel, Adisseo ou des artistes phares de la musique électronique comme Laurent Garnier, Ben Klock ou Nina Kraviz, remonte à 2011.
À cette époque, la gestion de la Sucrière est accordée par la mairie à GL Events et Olivier Ginon. Installé quelques mètres plus loin quai Rambaud, le géant de l’événementiel imagine un nouvel espace festif sur le toit du bâtiment et lance un appel à projets. Arty Farty se porte immédiatement candidate. L’association lyonnaise, menée par Vincent Carry, connaît parfaitement la Sucrière pour y organiser depuis 2003 son festival annuel des Nuits Sonores. « Nous cherchions alors un lieu pérenne pour organiser des événements tout au long de l’année et pas seulement sur cinq jours. Le Sucre, c’était finalement la pièce manquante du puzzle pour Arty Farty », témoigne Cédric Dujardin (photo), directeur général du Sucre et membre du board de l’association.
Chambouler les codes
Les contraintes avant ouverture sont toutefois nombreuses. Et les quelques réfractaires au projet se font entendre. « On nous a dit que c’était inconscient de faire monter des jeunes à 16 mètres du sol pour faire la fête. Monter ce club sur le toit, c’était comme gravir une montagne. Il fallait avoir une jauge compatible, être aux normes acoustiques tout en ayant du son de qualité. » Une fois réglées ces longues démarches administratives, le Sucre ouvre ses portes au début de l’été 2013. Le succès est immédiat. La première année, 150 000 personnes se pressent sur la terrasse et la piste de ce club nouvelle génération. « Avant l’ouverture, on a eu les chtouilles, mais on était sûrs de ce qu’on allait proposer, indique Cédric Dujardin. Les programmateurs étaient les mêmes que pour les Nuits Sonores, donc la notoriété est vite arrivée. Surtout qu’à l’époque, ce format du club-culture, qui explosait sur la scène berlinoise, n’existait pas à Lyon. »
Le Sucre s’érige en lieu culturel, où se brassent du vendredi au dimanche (le reste de la semaine étant consacré aux entreprises et privatisations) des musiques électroniques populaires, expérimentales, émergentes ou installées, dans un souci d’exigence et de diversité. Le club impose ses codes, loin du modèle des discothèques traditionnelles. « On voulait être un lieu inclusif, sans sélection. On a donc repris le système de billetterie de la salle de spectacle plutôt que des physionomistes à l’entrée. On a chamboulé les codes, avec un club sans carré VIP, sans bouteilles vendues et où l’on pouvait venir en diurne comme en nocturne. Le modèle a très vite été assimilé puisqu’on a été sold-out les six premiers mois, jusqu’à novembre. » Le début de dix années sucrées à Confluence.
Le Sucre aujourd’hui
Le club lyonnais attire en moyenne 150 000 visiteurs par an, sur près de 220 événements par an (dont 70 réservés aux entreprises ou conférences). Le Sucre ouvre aussi ses portes le dimanche pour un format inédit en diurne. « Pour avoir des gros noms de la scène internationale le vendredi soir ou le samedi, c’est compliqué parce qu’ils jouent ailleurs, mais le dimanche ils sont libres. C’est un créneau sur lequel on sent une vraie demande du public. Pour les gens de 30/40/45 ans, c’est plus facile de venir le dimanche après-midi, lorsque les enfants sont chez les grands-parents. Ils viennent danser pendant deux ou trois heures avant d’attaquer leur semaine.