Ils sillonnent la ville et colorent la voirie lyonnaise depuis dix-huit ans. Lancés en mai 2005 par JCDecaux et le Grand Lyon pour développer la place (jusqu’alors très limitée) du vélo dans l’agglomération, les Vélo’v sont devenus en quelques années de véritables icônes urbaines, entrées dans le cœur et le patrimoine des Lyonnais.
« Vélo’v c’est d’abord un projet cher à notre fondateur Jean-Claude Decaux, qui était un cycliste convaincu, rejoue Laurent Vaudoyer, directeur régional de JCDecaux. Il était persuadé que le vélo en libre-service pouvait devenir essentiel dans le développement des nouvelles mobilités. » Mandatée par les équipes de Gérard Collomb, et notamment par son conseiller aux mobilités urbaines Gilles Vesco, l’entreprise spécialiste du mobilier urbain, dont le premier abribus a été installé à Lyon en 1964, lance au printemps 2005 son nouveau système baptisé Vélo’v, après quelques expérimentations en Europe à Vienne, Cordoue ou Gijón.
« Vélo’v a été le premier service de grande ampleur au monde, avec près de 4000 vélos et 345 stations sur Lyon et Villeurbanne, prolonge Laurent Vaudoyer. Il fallait un maillage très dense, à raison d’une station tous les 300 mètres, pour que les utilisateurs aient des stations proches de leurs points de départ et d’arrivée. » Les vélos rouges fleurissent aux quatre coins du territoire et le service est rapidement adopté par les Lyonnais.
Un bug dès le premier jour
À cette époque, les smartphones et abonnements par internet n’existent pas encore. « Pour vous abonner, vous deviez à l’époque remplir un formulaire, mettre un chèque dans une enveloppe et attendre quelques jours que le courrier soit traité », rappelle Raynald Boidin, directeur d’exploitation de Vélo’v. Par souci d’accessibilité, JCDecaux permet à chaque utilisateur d’acheter son ticket directement sur les bornes des stations.
« Le succès a été fulgurant. Vélo’v a très vite été adopté par les Lyonnais. Nous n’avions pas envisagé un engouement si rapide. » Pour preuve, le 19 mai 2005, jour du lancement ociel, le service est pris d’assaut au point de faire buguer le réseau. « Le système a planté dès les premières heures. On a dû le mettre en retrait pour revenir quelques jours plus tard et ensuite, tout a bien fonctionné. Dès les premiers mois, l’usage a été énorme. » Près de 2 millions de trajets sont ainsi comptabilisés en 2005 et plus de 5,5 millions dès l’année suivante.
Le succès du vélo rouge, pionnier mondial du vélo en libre-service, est fulgurant. « Le Vélo’v est rapidement devenu une source de fierté pour les Lyonnais. Lors du lancement de Vélib en 2007, nombreux étaient les Lyonnais à rappeler que Vélo’v était précurseur, soulignent les deux directeurs de JCDecaux. Le vélo a même été peint sur le mur des Canuts à la Croix-Rousse. Tout le monde le connaît à Lyon. Et il est rare de trouver un Lyonnais qui vous dira qu’il n’est jamais monté sur un Vélo’v…»