ÉDITO
Pour la deuxième fois depuis la Libération, le patronat s’est choisi, ce jeudi 6 juillet, un Lyonnais comme président. À la différence de son prédécesseur Georges Villiers, président du CNPF pendant 20 ans, de 1946 à 1966, Patrick Martin n’effectuera qu’un seul mandat de cinq ans, mais cumulé avec son mandat de président délégué de 2018 à 2023, il pourra dire avoir effectué une décennie complète à la tête du Medef, tant il a joué un rôle majeur ces cinq dernières années aux côtés de Geoffroy Roux de Bézieux, sillonnant et labourant le terrain, négociant à Bercy ou Matignon, et défendant la cause des entreprises sur les plateaux télé. Contrairement à Georges Villiers, il n’a pas été maire de Lyon (nommé par Vichy puis révoqué et déporté à Dachau) et on ne lui connaît pas, a priori, d’ambitions politiques, hormis celle d’être le premier des patrons en France. Il n’habite pas boulevard des Belges mais à la Croix-Rousse. Comme lui, il fréquente le Cercle de l’Union.
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Mais c’est bien un medef du XXIème siècle qu’incarne Patrick Martin. Celui qui croit en la force des ETI familiales. Tout au long de sa campagne, Patrick Martin n’a cessé de brandir l’étendard du Groupe Martin Belaysoud, groupe bressan de négoce dans le bâtiment et l’industrie, qui a franchi l’an dernier la barre du milliard d’euros de chiffre d’affaires et de rappeler avec fierté la croissance de +96 % enregistrée en cinq ans par son entreprise, forte de 2 770 collaborateurs avec 210 sites dans l’Hexagone.
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Un groupe qu’il a su conquérir, prenant seul les manettes de l’entreprise, au détriment de son frère, écarté. Preuve que, si l’homme sait jouer collectif et déléguer, il n’aime pas partager le pouvoir. Aura-t-il un président ou une présidente délégué(e) à ses côtés pendant cinq ans comme il l’a été auprès de Geoffroy Roux de Bézieux ? Rien n’est acquis pour l’instant. Il y a peu, il expliquait encore n’avoir pas trouvé le profil idéal. Pourquoi pas sa concurrente, Dominique Carlac’h, qui a réalisé une belle campagne. À l’heure où CGT et CFDT ont placé des femmes à leur tête, un binôme homme/femme à celle du Medef, ça ne manque- rait pas de panache.