C’est un point d’étape majeur. Avec plus de 120 destinations proposées vers 36 pays en 2023, l’aéroport Lyon Saint-Exupéry retrouve pour la première fois un réseau aérien équivalent aux standards d’avant crise. Une nouvelle accueillie avec enthousiasme par les équipes commerciales de la plateforme, symbole d’une reprise effective d’une industrie en pleine reconstruction depuis 2020. « Les frontières se sont réouvertes, donc le marché redémarre. Le réseau se redéveloppe avec un trafic très dynamique et les compagnies recommencent à investir à Lyon. On sent un vrai engouement pour le voyage », confirme Pierre Grosmaire, le directeur marketing et commercial d’Aéroports de Lyon.
Pour atteindre ces niveaux d’avant-crise, l’aéroport lyonnais mise aujourd’hui beaucoup sur l’essor des compagnies low cost. Ainsi, sur les 16 nouvelles lignes annoncées à Saint-Exupéry pour 2023, 13 sont assurées par les low cost easyJet, Volotea ou Transavia, qui sont aussi les trois compagnies avec le plus de destinations desservies depuis Lyon. « Les compagnies low cost évoluent fortement. Elles ont une vraie force de frappe et se développent sur une demande touristique européenne forte », indique Tanguy Bertolus, le président du directoire d’Aéroports de Lyon.
Transavia et Volotea ont même significativement renforcé leur base lyonnaise ces derniers mois, avec l’installation d’un quatrième appareil pour la filiale d’Air France-KLM et d’un deuxième pour la compagnie espagnole. Ces deux concurrents sont forcément scrutés de près par easyJet, première compagnie aérienne court-courrier au départ de Lyon avec 30 % de parts de marché, soit plus de 2,5 millions de passagers par an et une cinquantaine de destinations desservies.
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« Chacun se développe à sa façon et cela montre bien l’attractivité de Lyon, de sa région, et le dynamisme du marché qu’on a su, nous, stimuler et développer depuis de nombreuses années », témoigne Reginald Otten, directeur général adjoint d’easyJet France, qui a établi à Saint-Exupéry sa première base régionale en 2008.
Air France change sa stratégie
Avec l’expansion de ces vols low cost, les compagnies traditionnelles comme Air France sont obligées de revoir leur copie. « Comme elles sont concurrencées sur ces marchés, elles se concentrent davantage sur des marchés affaires ou internationaux. On le voit avec Air France, qui a réduit son offre sur les aéroports régionaux, et notamment à Lyon », confirme Tanguy Bertolus.
Depuis Saint-Exupéry, Air France propose aujourd’hui seulement 14 destinations (dont 11 liaisons domestiques type Nantes, Bordeaux, Toulouse, Brest…) et mise surtout sur l’alimentation deRoissy Charles-de-Gaulle et Amsterdam-Schiphol, ses plateformes de correspondance vers les vols long-courriers.
« Depuis 2019, la stratégie du Groupe Air France-KLM au départ des régions a évolué. Ainsi, les routes moyen-courriers vers l’Europe autrefois desservies par Air France sont maintenant confiées à Transavia, filiale du groupe, souligne Stéphane Lamarrigue, directeur régional des ventes Auvergne-Rhône-Alpes pour Air France. Donc aujourd’hui, depuis l’aéroport de Lyon, Air France se concentre sur les vols long-courriers, via les plateformes de correspondance à Charles-de-Gaulle et Amsterdam, et sur le réseau domestique. »
Le regard vers l’Amérique du Nord et l’Asie
Outre ce maillage fort sur la France, l’Europe et le bassin méditerranéen, l’aéroport lyonnais s’agite aussi pour le développement des lignes long-courriers. Emirates propose ainsi des vols quotidiens vers Dubaï depuis février, Qatar Airways relie Lyon à Doha à raison de quatre vols hebdomadaires depuis juillet, et Air Transat ou Air Canada assurent la desserte de Montréal, première liaison long-courrier proposée à l’aéroport en 1990.
« On a des discussions tous les jours avec des compagnies pour des vols long-courriers vers des destinations phares. Il y a des dossiers qu’on suit avec attention, notamment sur la Chine, puisqu’on sent une forte demande d’échanges économiques avec ce pays », précise Tanguy Bertolus. Cette course aux liaisons long-courriers est essentielle pour les équipes de Vinci Airports. En plus d’étendre significativement la connectivité de la plateforme, elles permettent surtout de positionner Saint-Exupéry, navire amiral du groupe en France, dans la compétition mondiale.
« On travaille sur tous les points où l’on juge qu’il y a du potentiel. Et s’il y a des opportunités, on saura aller les chercher », indique Pierre Grosmaire.
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L’épineuse ligne directe entre Lyon et New York, supprimée en 2009 après dix-huit mois d’exploitation par Delta Airlines, est ainsi surveillée de près. « Le transatlantique et la ligne Lyon New-York sont des choses qu’on évalue régulièrement, confirme Stéphane Lamarrigue depuis la direction régionale d’Air France. Il faut avoir les avions pour le faire et que l’équation économique soit bonne. Donc je suis incapable aujourd’hui de vous dire si ça se fera ou non. Mais c’est étudié et nous y travaillons. »
Le calendrier pourrait bien s’accélérer dans les prochains mois, avec l’arrivée sur le marché d’un nouvel appareil, l’Airbus A321 XLR, censé révolutionner le trafic long-courrier. « Cet appareil à couloir unique, avec une capacité plus faible et donc plus facile à remplir, permet d’atteindre la côte est des États-Unis. Il est donc parfaitement adapté aux aéroports régionaux et on s’attend à ce qu’il soit intégré dans la flotte de beaucoup de compagnies », explique Pierre Grosmaire.
Cet avion pourrait donc booster significativement la connectivité de la région Auvergne-Rhône-Alpes avec l’Amérique du Nord. Les échanges sont d’ores et déjà lancés avec de nombreuses compagnies américaines.
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