LE MENSUEL DES POUVOIRS LYONNAIS

Laurent Lassiaz, des pizzas aux jackpots

Le président du groupe de casinos lyonnais JOA a multiplié les expériences dans les grandes entreprises avant de s’installer derrière son bureau – une belle table de roulette anglaise – de la Cité internationale. Des aventures plus ou moins bien réussies dans la restauration, le tourisme ou la mode qui auront forgé le mental de ce compétiteur ambitieux.

Sa première boîte rachetée par Pepsi 

Le chemin était tout tracé. Fils d’un couple d’entrepreneurs, Laurent Lassiaz a vite suivi la même voie que ses parents. Il monte sa première société en 1988 à seulement 24 ans avec US Food, un service de livraison de pizzas à domicile. « J’ai découvert ce phénomène aux États-Unis. C’était encore embryonnaire en Europe et j’avais le sentiment qu’il fallait démarrer tout de suite. Donc je me suis vite lancé, sans même aller au terme de mon cursus étudiant. »

L’aventure est une réussite et tape dans l’œil de Pizza Hut, qui rachète la société en 1990. Laurent Lassiaz débarque alors chez le géant Pepsi Cola, et se voit nommé directeur des opérations France de Pizza Hut et KFC (deux enseignes phares du groupe américain) quelques mois plus tard. « J’étais un petit entrepreneur indépendant, et d’un coup je me suis retrouvé dans une grande machine avec une puissance énorme. C’est une expérience qui m’a beaucoup marqué. C’est là où j’ai tout appris. » 

Échecs dans la mode 

À moins de 30 ans, le Savoyard gère un réseau de 150 points de vente (140 Pizza Hut, 15 KFC) dans l’Hexagone. De quoi aiguiser la curiosité des chasseurs de têtes. « À 30-32 ans, j’ai voulu changer d’univers pour ne pas me retrouver avec une carrière tracée dans le seul secteur de la restauration. »

Il prend donc la direction du réseau France de Pimkie en 1998, mais l’aventure tourne court. « Le gars qui m’avait recruté s’est fait remercier quelques jours plus tard, donc le menu pour lequel j’avais signé n’était pas celui qui était servi. » Débauché moins d’un an plus tard par le Club Med, il devient directeur des opérations France, Suisse, Italie et Pays de l’Est, puis vice-président Europe, Afrique, Moyen-Orient du groupe. « Je travaillais pour la première fois à l’international, avec 17 pays dans mon périmètre et le challenge d’y faire le même produit, alors que les cultures étaient parfois diamétralement opposées. »

Il quitte le groupe en 2004 pour faire son retour dans le prêt-à-porter, à la présidence de Kookai. « Pour la première fois, j’avais un poste de président-monde. Mais il y a eu un changement d’actionnaire à la tête du groupe Vivarte (propriétaire de Kookai) et au bout d’une semaine, les personnes qui m’avaient recruté n’étaient plus là. » Nouvel échec. « Le retail dans la mode, c’est un métier que j’aime bien, avec beaucoup de compétition d’une saison à l’autre, mais c’est un métier qui ne me réussit pas », concède le dirigeant. Retour au Club Med donc, sur proposition du président Henri Giscard d’Estaing

Casino royal 

Nouveau virage à 180 degrés en 2007 : Laurent Lassiaz est approché par les actionnaires des casinos Moliflor, le troisième opérateur du secteur en France derrière Partouche et Barrière, qui cherchent un nouvel homme fort. « J’ai d’abord refusé. Mais j’ai appris ensuite que le recrutement était mené par le patron Europe de Korn Ferry, l’un des plus gros cabinets de chasseurs de têtes au monde. Alors j’ai accepté le rendez-vous pour une seule raison : que cet homme ait ma tête en mémoire et m’aide dans la suite de ma carrière. »

Finalement séduit par le discours et la vision des actionnaires, il accepte le défi proposé. « Je suis passé d’un job dans une marque très connue comme le Club Med, pour prendre la tête d’un groupe que personne ne connaissait, dans un secteur avec une image un peu floue. J’ai tout de suite senti moins d’intérêt pour moi dans les dîners mondains (rires). »

Soucieux de revitaliser l’image de l’entreprise, il rebaptise rapidement Moliflor en JOA pour jouer, oser, s’amuser, et modernise la stratégie. « Nous voulions être l’opérateur qui changerait le regard des gens sur l’univers du casino. Il fallait repenser le design, l’architecture, la décoration de nos établissements et proposer de nouveaux services. » Devenu aujourd’hui le deuxième opérateur français en nombre d’établissements (33 casinos et un site de paris en ligne), le groupe lyonnais (2300 salariés) lorgne désormais vers l’étranger. « On mettra un pied à l’international, c’est l’aventure des cinq prochaines années, et je compte bien y participer », conclut le dirigeant.

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