LE MENSUEL DES POUVOIRS LYONNAIS

Sandrine Jouot, la marathonienne des sables

Arrivée à la direction de l’hôtel Mama Shelter de Lyon en novembre dernier,
Sandrine Jouot vit depuis dix ans au rythme des dizaines de kilomètres qu’elle avale sur le bitume, dans le désert du Sahara ou sur les terres du Mozambique et de Namibie. Avec l’envie de repousser chaque jour un peu plus ses limites.

📜Article publié dans le maga­­zine Lyon Déci­­deurs d’octobre 2022

En relevant sa manche gauche, Sandrine Jouot laisse apparaître un bras entièrement tatoué, recouvert de dix-neuf petites étoiles. « Elles portent une vraie symbolique puisqu’elles représentent mes dix-neuf participations à des marathons », confie la directrice de l’hôtel Mama Shelter dans le 7e arrondissement. Une passion née en 2009, alors qu’elle assistait en famille à l’arrivée du marathon de Paris. « J’habitais dans le 17e arrondissement, juste à côté de l’arrivée. Je voyais tous ces sourires sur les visages, des gens qui embrassaient la médaille autour de leur cou. Ils venaient de courir 42 bornes, mais ils dégageaient un vrai truc. »

L’après-midi même, elle charge son iPod, enfile ses baskets et part pour vingt minutes de course. « J’étais déjà cramée et à bout de souffle au bout de trois minutes », se souvient-elle hilare. La dirigeante persévère, elle entraîne sa sœur dans l’aventure et participe trois mois plus tard à sa première course, La Parisienne, sur 6 kilomètres. « Ça s’est bien passé, donc on a enchaîné avec un 10 kilomètres ensuite, et ma sœur m’a dit qu’elle nous avait inscrites pour un semi-marathon… 20 kilomètres ! Je lui ai dit qu’elle était dingue. » Les sœurs Jouot relèvent le défi, renouvellent l’exercice à Marseille et Marrakech et finissent par s’inscrire pour leur premier marathon.

Des marathons aux ultra-trails 

« On avait forcément la boule au ventre, avec bien du mal à dormir la veille du départ, mais on avait invité tous nos copains et la famille au bord de la route, donc c’était surtout une belle fête. » Sandrine Jouot termine l’épreuve en 4 h 42, un temps plus qu’honorable pour une première participation. Mais l’important est ailleurs. « Je ne suis pas dans la performance au temps, je suis dans le challenge, dans le fait de participer à une aventure unique. »

Depuis, la dirigeante, qui vient de fêter ses 50 ans, a encore repoussé ses limites, participant au total à dix-neuf marathons (dont onze sur une seule et même année), à quatre Marathons des Sables (une course à étapes sur six jours en autosuffisance dans le Sahara) et à deux épreuves de 100 kilomètres. Avant de se positionner au départ de deux ultra-trails sur plus de 500 kilomètres au Mozambique (2021) et en Namibie (2022). « On n’est que dix-neuf débiles dans le monde entier à s’inscrire à des courses pareilles. On court pendant dix jours, avec un sac à dos de dix kilos sur les épaules, sous une chaleur extrême et avec du dénivelé… Forcément, on apprend beaucoup sur soi. On est seul face à soi-même, sans portable et injoignable. C’est le moment de faire le point sur l’année, sur ses envies, avec un vrai côté thérapeutique. »

Si bien que la directrice du Mama Shelter, qui a aussi rejoint au printemps 2021 Saint-Jacques-de-Compostelle et le cap Finisterre depuis Le-Puy-en-Velay d’une seule traite et en 54 jours, compte renouveler l’expérience en Australie en mai prochain sur 520 kilomètres. Avant de se lancer un nouveau défi pour l’été en reliant Lyon depuis Genève, au pas de course. Reste à déterminer si cela mérite de nouveaux tatouages.

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