« Jamais je n’ai vu une telle osmose entre les collaborateurs et une famille propriétaire de l’entreprise. » C’est un banquier parisien qui s’exprime à l’issue de la soirée des 60 ans de bioMérieux, en juin dernier, à la Halle Tony-Garnier. Alain et son fils Alexandre Mérieux, respectivement président de l’Institut Mérieux et président exécutif de bioMérieux, ont passé la soirée à multiplier les selfies et les embrassades avec leurs salariés.
Les deux stars, c’étaient eux incontestablement. Mais il n’a échappé à personne que ce soir-là, ils ont été trois à prendre la parole. Outre Alain et Alexandre Mérieux, Pierre Boulud, tout juste nommé directeur général de bioMérieux, a officiellement étrenné ses galons de dirigeant opérationnel, lui qui est arrivé dans le groupe voici sept ans et qui était déjà directeur général délégué depuis 2020 après avoir dirigé les activités de l’entreprise en Asie.
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Devant 4 600 personnes, la nouvelle gouvernance de bioMérieux a reçu la bénédiction d’Alain Mérieux, le fondateur de l’entreprise. Et ceux qui étaient déjà là pour les 50 ans du leader mondial du diagnostic in vitro en 2013 – à la Halle Tony-Garnier aussi – ont bien mesuré le chemin parcouru par Alexandre Mérieux. Celui qui avait alors fendu l’armure et prononcé un discours émouvant alors qu’il s’apprêtait à devenir directeur général, vient de boucler une décennie sans faute.
Le pilotage réussi de l’acquisition de BioFire L’acquisition de BioFire aux États-Unis, qu’il a pilotée personnellement en 2013-2014 avec Jean-Luc Bélingard, alors président de bioMérieux, représente aujourd’hui un des atouts majeurs du spécialiste du diagnostic in vitro. La start-up de 50 millions pèse désormais un milliard de dollars de chiffre d’affaires. Véritable pépite du groupe, elle met en place une nouvelle plateforme avec de nouveaux tests toujours plus rapides et n’a pas fini d’innover.
« Alexandre, c’est quelqu’un de très simple, un taiseux, mettant toujours en avant ses équipes. Ce n’est pas un orateur, mais il avance »
Capacité d’innovation, développement dans les pays émergents, mise en place d’une politique RSE ambitieuse avec notamment la création d’un fonds de dotation, Alexandre Mérieux a mis sa patte dans la stratégie du vaisseau amiral de l’Institut Mérieux, la holding qui chapeaute l’ensemble des activités du groupe familial. Tout se passe le plus naturellement du monde, puisqu’il est parfaitement en phase avec la vision de son père : vision à long terme, ambitions planétaires, indépendance du groupe familial.
Et, dans un clin d’œil, le président de bioMérieux rappelle qu’en matière de maladies infectieuses, il y aura, hélas, de quoi faire dans les années qui viennent… « Alexandre, c’est quelqu’un de très simple, un taiseux, mettant toujours en avant ses équipes. Ce n’est pas un orateur, mais il avance », analyse un conseil proche de l’entreprise.
De fait, les récentes évolutions montrent qu’Alexandre Mérieux a pris de l’étoffe. La nouvelle gouvernance chez bioMérieux lui permet de se concentrer sur la stratégie en conservant une présidence exécutive, tout en confiant la direction opérationnelle à Pierre Boulud. Une façon aussi de préparer en douceur et dans la continuité, la succession de son père à la tête de l’Institut Mérieux.
Parcours similaire avec John Elkann De la même façon, l’arrivée à hauteur de 10 % des Agnelli, via leur holding Exor, à l’Institut Mérieux l’été 2022, met en lumière deux quadragénaires dont les parcours présentent de fortes similitudes.
On peut parler de complicité de génération entre John Elkann, 47 ans, petit-fils de Gianni Agnelli (patron d’Exor et de Stellantis, entre autres), et Alexandre Mérieux, 49 ans, petit-fils de Charles Mérieux. « C’est une chance de pouvoir compter sur une famille d’industriels comme les Agnelli, souligne ainsi le directeur général de l’Institut Mérieux, Michel Baguenault. Cela renforce notre capacité à soutenir la croissance du groupe avec les moyens qu’ils apportent et cela nous permettra de garder le contrôle de nos entreprises quand elles feront des acquisitions. »
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Dans la galaxie Mérieux depuis plus de 25 ans (il a commencé à la fin des années 1990 chez Mérieux NutriSciences, dont il est aussi le président), à l’origine du lancement en 2009 de Mérieux Equity Partners, la société de private equity du groupe aujourd’hui en plein essor avec 40 participations actives, Alexandre Mérieux sait que lui reviendra, un jour, la responsabilité de l’ensemble de l’Institut Mérieux, quand son père jugera le moment venu.
S’il préfère éluder le sujet, il concède qu’il « continuera la suite de l’histoire », constatant avec humour, qu’après tout ce qui a été engagé par les trois premières générations de Mérieux, « il y a encore pas mal de choses à faire ». Sans pression, mais avec un sens aigu des responsabilités, ce jour-là, Alexandre Mérieux sera prêt.
La famille Agnelli en renfort
Étape importante dans la stratégie de développement de l’Institut Mérieux : l’arrivée en juillet 2022 d’Exor, la holding diversifiée de la famille Agnelli (actionnaire de Ferrari, Stellantis, Iveco, PartnerRE, la Juventus Turin et The Economist) à hauteur de 10 % du groupe Mérieux, via une augmentation de capital de 833 millions d’euros (valorisant, de facto, l’Institut Mérieux à 8,3 milliards d’euros).
Exor dispose de deux sièges d’administrateurs au conseil de l’Institut Mérieux. Parmi eux, Benoît Ribadeau-Dumas, ancien directeur de cabinet du Premier ministre Édouard Philippe (2017 à 2020), désormais associé d’Exor. Symbole de la nouvelle génération qui prend le pouvoir dans les deux groupes des deux côtés des Alpes : Alexandre Mérieux chez Mérieux et John Elkann, petit-fils de Giovanni Agnelli (le fondateur de Fiat) chez Exor et Stellantis.
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