LE MENSUEL DES POUVOIRS LYONNAIS

Clément Bärtschi, de l’ovalie à la vigne

Grand cru du Bugey, Manicle ne couvre que 12 hectares. Ancien pilier de rugby, Clément Bärtschi a eu l’opportunité de s’y installer en 2019. Il y produit des vins gastronomiques en agriculture biologique.

« Le physique du rugbyman n’est pas forcément celui du vigneron. » Clément Bärtschi, 38 ans, jeune producteur installé à Manicle – l’appellation reine du Bugey – a pourtant décidé de tout plaquer, laissant derrière lui sa carrière de sportif de haut niveau, quand l’opportunité d’acquérir 2,5 ha de vignes de Manicle du côté de Boyeux-Saint-Jérôme dans l’Ain s’est présentée.

Ancien international suisse, Clément a longtemps porté les couleurs de l’Asvel-Rugby et du club de Romans en Fédérale 1 (3e division). Son histoire avec la vigne a commencé dans la demeure familiale de grands-parents d’origine helvétique installés à Cerdon dans le Bugey. En parallèle du rugby, il décide de se former à l’œnologie à Bordeaux, puis de suivre une formation d’ingénieur en agronomie et en environnement à l’Isara de Lyon.

«Il y a des gens qui me parlent de meursault du Bugey à la dégustation»

Semi-professionnel, il partage son temps entre les terrains de sport et la maison M. Chapoutier qui le recrute. Avec sa tête bien faite et son physique de déménageur, Clément Bärtschi est avant tout un amoureux de la nature. Quand il faut grimper dans les coteaux du Bugey parfois pentus, l’ancien pilier ne ménage pas ses efforts : « Je rêvais de récupérer des parcelles à Manicle qui est le grand cru des vins du Bugey. Il y avait un côté challenge à revenir ici, dans ce vignoble de moyenne montagne où les paysages ne sont pas placardés de vignes. » Car l’or blanc du Bugey fait rêver les chefs et consommateurs.

L’opportunité s’est présentée lorsqu’André Miraillet, figure de Manicle, s’est mis en quête d’un repreneur. « Nous étions plusieurs sur les rangs, mais il m’a fait confiance. Et j’ai pu racheter en 2019», confie celui qui était alors œnologue pour la maison Chapoutier dans la vallée du Rhône et décide de mener les deux projets de front, avec succès. Petite production, grands vins À 350 ou 400 mètres d’altitude, son domaine, qui est adossé au plateau d’Hauteville, offre une vue imprenable sur le massif savoyard du Chat. Le vigneron est heureux : «Ici, les différences de température entre le jour et la nuit sont idéales pour faire mûrir le raisin. La proximité du plateau fait qu’on a toujours de l’air tempéré qui se déverse. »

Agriculture biologique des vins gastronomiques

Clément Bärtschi est également intarissable sur la typologie des sols : « À Manicle, on retrouve deux types de calcaire : urgonien avec une couche de kimméridgien qui affleure. Ces calcaires sont assez connus dans le milieu du vin, notamment du côté de Chablis. Ce sont des sols qui apportent pas mal de salinité, un côté iodé. C’est une des marques de Manicle», où la vigne est apparue il y a plus de 500 ans, plantée par des moines.

L’ancien rugbyman y produit en agriculture biologique des vins gastronomiques taillés pour la garde: deux cuvées de blanc et deux cuvées de rouge en chardonnay et pinot noir. « Il y a des gens qui à la dégustation me parlent de Meursault du Bugey», apprécie le jeune vigneron. La comparaison peut sembler flatteuse mais justifiée, tant ses blancs brillent dans le verre. Citronnée, saline, la cuvée parcellaire de la maison, «Le Clos», est une merveille.

L’accord mets et vins avec une volaille de Bresse ou un ris de veau laisse rêveur. En accompagnement d’un poisson grillé ou d’un beau plateau de fromages, «Sous les Rochers la Vigne» est une pépite. Les rouges de chez Bärtschi, qui représentent un tiers de la production, élaborés à 100 % en vendanges entières, ne sont pas en reste: «La Pendia», la cuvée historique du domaine et ses vignes de 1949, se révèle d’une grande finesse. Elle offre épices et fruits noirs.

En rouge toujours, l’autre version de «Sous les Rochers la Vigne» affiche un profil plus végétal, idéal en accompagnement d’une volaille de Bresse ou d’une pièce de veau. Les prix accessibles (15 euros pour la première cuvée et 21 euros pour les parcellaires) contribuent aussi à la rareté des vins du domaine Bärtschi, en rupture de stock jusqu’au prochain millésime annoncé pour la fin d’année.

Cyril Michaud

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