Son père était vigneron en Moselle, son frère Rémi s’est installé à Vic-sur-Seille en AOC moselle. Sylvain Gauthier (40 ans) a lui choisi la vallée duRhône et l’appellation Saint-Joseph. Au Domaine des Pierres Sèches, il exploite dix hectares, dont trois en vin de pays. Clin d’œil à son histoire familiale et ses origines mosellanes, il a récemment décidé de planter… du riesling. S’il a choisi la commune d’Ozon en Ardèche pour s’installer en 2007, c’est un peu le fruit du hasard.
Au sortir d’une formation commencée à Mâcon et achevée à Tournon-sur-Rhône, puis trois années passées au Domaine du Tunnel de l’excellent Stéphane Robert à Saint-Péray, Sylvain a eu l’opportunité de récu- pérer une parcelle d’un demi-hectare de vieilles vignes à Sarras. Puis des terres en location se sont libérées, parfois situées sur des coteaux difficiles d’accès.
C’est ainsi que le vigneron, Ardéchois d’adoption, a bâti son domaine à la force du poignet et la sueur du front, au prix d’un travail remarquable. En Ardèche, Sylvain Gauthier a très vite compris qu’ici le sol est une richesse : terroir de granit pour les rouges, lœss (dépôt sédimentaire détritique) pour les blancs.
Le vigneron des Pierres Sèches y produit des vins équilibrés, plein de gourmandise et fraîcheur, en cépages syrah et viognier. Mais pas que… « Pour les blancs, je recherche avant tout le bon équilibre entre fraîcheur et complexité aromatique », confie celui qui se démarque particulièrement avec sa cuvée 100 % roussanne en Saint-Joseph. « C’est sûr que je n’ai pas choisi la facilité, sourit le vigneron. La roussanne est un cépage moins productif, plus délicat à conduire, plus fragile aussi, mais d’une élégance rare. »
Produire des vins les plus purs
Pour ses rouges, Sylvain Gauthier privilégie des raisins bien mûrs. « Ce que je recherche aujourd’hui, c’est la finesse, la gourmandise. Au fil des années, j’ai gagné en fruit sur mes vins, avec des extractions plus douces qu’auparavant, des tanins plus élégants. » La classe de ce vigneron, c’est aussi la simplicité avec laquelle il parle de ses cuvées et de son rapport à la vigne. « J’ai envie de me faire plaisir en plantant les cépages qui me plaisent. »
Le riesling évidemment, qu’il a planté le plus en altitude possible, mais aussi le gamay et le carménère, « un cépage que j’ai découvert au Chili ». Le résultat se retrouve dans le verre avec des vins qui régalent. Pour les découvrir, il faut absolument se rendre à Ozon au Domaine des Pierres Sèches où la vue sur la vallée du Rhône est imprenable. « Ici, c’était le poulailler quand j’ai repris l’exploitation », raconte fièrement Sylvain Gauthier. Une ferme qu’il a patiemment transformée en une très belle cave, où il élève ses vins en fût de chêne, et où il a aménagé un bel espace de dégustation. « Cette année, je vais rentrer mon premier œuf béton pour faire des essais de vinification et d’élevage, et voir comment les vins se comportent sans passer par le bois. »
Car Sylvain Gauthier cultive cette idée d’avoir des vins toujours plus purs. L’autre projet du Domaine des Pierres Sèches, c’est la conversion en bio. « La démarche personnelle d’une culture raisonnée, je l’ai engagée dès 2014. Mais c’est compliqué car l’herbe concurrence trop la vigne. »
Le vigneron doit donc trouver des solutions pour atteindre l’objectif qu’il s’est fixé d’être en bio en 2027 à l’occasion des 20 ans du domaine: «Un vrai défi. »
Cyril Michaud
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