« C’est difficile de se remettre à la table d’écriture. Il faut retrouver une discipline. Je n’y arrive pas encore », avoue Michel Noir, depuis le bureau au 2e étage de sa maison croix-roussienne. L’ancien maire de Lyon a quand même rédigé son dernier roman policier en deux mois d’écriture. Une performance honorable pour un auteur qui dit avoir du mal à se concentrer.
Après une carrière politique de 20 ans (1977–1997, écourtée par ses démêlées avec la justice), puis deux décennies comme chef d’entreprise à la tête de SBT (logiciels cognitifs), l’ancien ministre du Commerce extérieur s’apprête-t-il à enchaîner avec 20 ans d’écriture ? « Cela me conduirait à presque 100 ans… pourquoi pas ? » répond-il dans un large sourire. Cette passion pour l’écriture n’est pas nouvelle. Michel Noir a déjà beaucoup écrit. Des essais politiques, des romans policiers (« Le réseau Copernic » chez Actes Sud, L’officine et L’otage chez Calman-Lévy) ou bien encore un recueil de poésie sous la forme de haïkus japonais.
Un autre ouvrage presque terminé
En publiant « Les chemises bleues d’Oppède-le-Vieux » aux Editions Amalthée lors de cette rentrée, Michel Noir a imaginé une intrigue qui lui permet quelques passerelles avec l’actualité et son expérience d’élu. Outre le lieu, un village en ruines du Lubéron (il a passé des vacances à Ménerbes), l’énigme consiste à trouver qui a assassiné la femme d’un illustre chef d’orchestre.
Elle met en scène un groupe de jeunes de la banlieue lyonnaise débarqués dans le Vaucluse pour un stage de réinsertion et les gendarmes de la commune (les chemises bleues) chargés de l’enquête. Khaled, le narrateur, collégien de Vaulx-en-Velin et HPI (haut potentiel intellectuel) permet à Michel Noir d’expliquer la place essentielle de la culture pour permettre aux jeunes des banlieues de s’en sortir.
« Le matin, ils restaurent le vieux château d’Oppède et l’après-midi, ils se retrouvent pour un atelier théâtre », explique l’auteur qui se met dans la peau de Khaled, utilisant son langage et démontrant que faire de ces jeunes les coupables désignés du meurtre serait trop simpliste.
« Président du Grand Lyon, j’avais engagé une action à Vaulx-en-Velin avec le maire de l’époque, Maurice Charrier, autour d’un atelier théâtre. Il s’agissait d’aider les jeunes à sortir d’eux-mêmes, à jouer un personnage différent de ce qu’ils sont, à s’extraire de leur propre violence », plaide Michel Noir, marqué par les « zones sensibles qui cumulent les handicaps. Mais il y a un potentiel en chacun de nous. C’est par la culture qu’il peut s’exprimer ».
Théâtre, nouvelles mais pas de mémoires
Ce roman policier tout juste publié, l’ancien maire de Lyon a pratiquement terminé un autre livre. « Ce sera le récit d’un émigré galicien qui arrive en région parisienne dans les années 60 ». L’écrivain s’essaye aussi à l’écriture d’une pièce de théâtre. Il avoue encore un faible pour la nouvelle. « C’est un genre littéraire qui n’est pas très prisé en France. C’est dommage. J’en ai écrit pas mal…. Si ça m’amuse, 20 ans après, je pourrais les reprendre ».
Et les mémoires de Michel Noir ? « Non, ça c’est quand on a tourné la page ». La carrière de Michel Noir n’est pas finie. S’il n’est plus aux manettes de son entreprise, il continue à faire de la veille scientifique au quotidien. « C’est un secteur à évolution accélérée, il ne faut pas perdre le fil. J’y consacre une à deux heures par jour. Cela n’a plus rien à voir avec les 10 à 12 heures que je consacrais à SBT auparavant ».
Un peu de temps aussi pour de l’associatif avec la Maison d’Izieu aux côtés de Thierry Philip. Et, pour le plaisir, toujours : « les échecs, la lecture, le basket ». Pas de doute, pour Michel Noir, la page n’est pas encore tournée.
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