Il avait fêté son jubilé lors d’une journée mémorable le 24 mars 2022, à l’occasion de Made in PME, immense rassemblement organisé à Eurexpo, au sortir du covid, réussissant le tour de force de réunir de Charles Millon à Gérard Collomb et Bruno Bernard, sans oublier les patrons aussi emblématiques que lui et le président national de la CPME.
Après 30 ans de présidence de la CPME du Rhône et de l’organisation à l’échelle régionale, il tirait sa révérence à l’issue d’une série d’hommages émouvants. Aux côtés de sa famille et de ses successeurs, Franck Morize pour la CPME du Rhône et Daniel Villaréal pour la CPME Auvergne-Rhône-Alpes, il avait, une dernière fois, rappelé sa passion pour l’œuvre de sa vie, cette organisation fédérant des milliers de PME à l’échelle régionale et dont il rappelait à l’envi qu’elle était « l’anti solitude du chef d’entreprise ».
Une douzaine à la CGPME du Rhône en 1992
Arrivé au printemps 1992 à la tête de l’URPMI Rhône, à la faveur d’une reprise en main de la structure rhodanienne par la CGPME nationale, François Turcas se retrouvait à tout juste 46 ans aux manettes d’une petite équipe d’une douzaine de patrons dont quelques-uns avec lesquels il avait gravi un sommet dans l’Himalaya. Professionnellement, cet ancien parachutiste, avait travaillé dans le secteur du bâtiment au sens large via plusieurs entreprises (Sodap intégrée ensuite au groupe Lafarge, BAW dans le négoce de matériaux de construction et Proli, filiale d’un groupe portugais spécialisé dans le négoce de liège).
Passionné par l’international, il ne cessait d’inciter les jeunes chefs d’entreprise à « aller se faire voir ailleurs » et multipliait les missions à l’international emmenant dans ses bagages nombre de patrons de PME pour décrocher des contrats dans le Liban encore en guerre (1993), en Algérie ou bien encore au Moyen-Orient. Sous son impulsion, la CGPME n’avait cessé de grandir et de se déployer quittant la rue Vallier dans le 7e pour la Maison Bini à Vaise dans le 9e avec une inauguration en grande pompe ponctuée par un banquet des 1 000 à la Brasserie Georges autour du 1er ministre de l’époque, Alain Juppé et d’une demi-douzaine de ministres. Les adhésions ne cessent de grimper, dépassant les 3 000 dans le Rhône.
Retrouvez en vidéo 🎥 : le 100ème Journal Éco de Lyon Décideurs avec François Turcas, enregistré en mars 2022
Quand la CPME triomphe du Medef en 2010
Engagé en politique, élu conseiller régional sur la liste de Charles Millon à la région Auvergne-Rhône-Alpes en 1998 (puis réélu en 2004 sur la liste UMP-UDF) mais aussi à la Ville de Lyon. Proche d’Henry Chabert, il se présente néanmoins sur la liste de Charles Millon en 2001. François Turcas défend avec vigueur et charisme la cause des PME. Bien qu’élu sur des listes de droite, il est unanimement apprécié sur tous les bancs de l’échiquier politique.
L’un de ses principaux faits d’armes reste la conquête de la CCI Lyon Métropole fin 2010, face au Medef Lyon Rhône. Accord sur une liste unique impossible entre les deux organisations patronales qui revendiquent l’une et l’autre le leadership.
François Turcas emmène ses troupes à la bataille avec son fidèle lieutenant, Franck Morize, secrétaire général depuis la fin des années 90 et qui s’y connait en bataille électorale (il a été l’assistant parlementaire de Mars Fraysse, député de Villeurbanne de 1993 à 1997). Emmanuel Imberton est de l’aventure aussi qui en connait un rayon en élections politiques. La CGPME d’alors l’emporte haut la main et c’est Philippe Grillot qui est élu président avant de laisser la place fin 2012 à Emmnuel Imberton pour avoir oublié un peu vite qui l’a fait roi et défié ouvertement l’autorité de François Turcas.
Depuis cet épisode, la CPME et le Medef ne se sont plus affrontés dans aucun scrutin consulaire, mais la CPME détient toujours les rênes de la chambre consulaire dans le cadre d’un partage assumé : à la CPME la CCI lyonnaise, au Medef la CCI régionale.
François Turcas enchaîne les mandats à la tête de la CPME, promettant à plusieurs reprises qu’il s’agit du dernier mandat. Au printemps 2019, il fait appel à Alain Mérieux pour lui remettre la Légion d’honneur dans les salons de la préfecture bondés et en présence du directeur de cabinet d’Emmanuel Macron, Patrick Strzoda. En pleine bagarre, Gérard Collomb et David Kimelfeld, entendent alors François Turcas leur donner un conseil à un an du scrutin qui les verra se déchirer : « ne changez rien, ça nous va très bien comme cela, un à la Métropole et un à la Ville ». L’assistance éclate de rire.
Meneur d’hommes incomparable
Ce jour-là, il distille les remerciements, citant quelques banquiers mais pas tous… « Ceux que je ne cite pas, ce ne sont pas des oublis », prend-il soin de préciser malicieusement. Ce jour-là, il finit ses remerciements par sa femme et ses enfants. C’est à eux aussi qu’à son tour, Lyon Décideurs adresse ses pensées attristées et émues aujourd’hui, partageant leur peine, celle de ses amis et de la grande famille de la CPME. François Turcas était un patron au grand cœur, un meneur d’hommes incomparable, toujours là pour aider un chef d’entreprise dans la difficulté.
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