Difficile d’imaginer qu’ici vécurent, dans les années 1920, 300 jeunes travailleuses sous la bonne garde de religieuses : les sœurs de Saint-Sauveur de Niederbronn. Visuellement, l’ancien foyer Jeanne-d’Arc de l’usine Tase n’a pas changé, même si la façade a été entièrement reprise. À l’intérieur, un magnifique escalier en fer forgé datant d’après-guerre et de l’ENNA (École Normale d’Apprentissage) devenue en 1990 l’IUFM, qui occupa également le site, a été conservé et mène aux différents étages.
Le lieu en impose, et autour de lui c’est tout un projet urbain qui a été repensé, sur un terrain de 23500 m2, entre les rues Henri-Legay et Alfred-de-Musset : 293 logements, une salle de concert de 1000 places « La Rayonne » (1), des ateliers artistiques, des espaces de travail, coworking, une maison des services publics, etc. Les travaux vont bon train puisque la réhabilitation de « L’Autre Soie » est désormais achevée et la salle de spectacle a été inaugurée.
D’ici 2026, trois autres bâtiments « L’Autre Toit » (logements en accession sociale), « La Passerelle » (pension de famille/résidence sociale) et « L’Éventail » (logements et habitat participatif) doivent encore être réhabilités. Le projet est porté par le GIE La Ville Autrement et le CCO, une association qui se définit comme un laboratoire d’innovation sociale et culturelle. « Ce site est resté fermé au public pendant des décennies. En face du bâtiment patrimonial « L’Autre Soie », un parc d’1,5 hectares va devenir municipal et sera co-géré par les habitants » explique Sébastien Diereman, chef de projet aménagement pour le GIE La Ville Autrement.
À l’intérieur de l’Autre Soie ça donne quoi ?
Le coup de force des architectes et maîtres d’ouvrage est d’avoir su conserver l’âme du bâtiment patrimonial des jeunes travailleuses de l’usine Tase, en plaçant le sujet du réemploi au cœur du projet : matériau, mobilier, radiateurs, sols, planchers, tout a été recyclé ou conservé quand cela était possible. Au cœur du bâtiment, une imposante serre de 243 m2 a été créée de toute pièce, en remplacement d’une ancienne rotonde, afin de faire entrer la lumière.
Elle a été pensée comme un lieu de partage, permettant une diversité des pratiques sociales. « Le bâtiment patrimonial fait 4600 m2 au total » précise Tanguy Guézo, responsable communication et mécénat pour le CCO, qui a installé une partie de ses activités dans le bâtiment. « On en a fait une pépinière d’initiatives pour former et accompagner des porteurs de projets. »
Salle de formation, fablab, espaces coworking nomade et fixe, amphithéâtre de 60 sièges, salle d’activité, le CCO a bien fait les choses. Une cuisine collective a également été aménagée toujours dans cet esprit récup et un restaurant de 174 m2 avec terrasse ouvrira ses portes au printemps 2024. À l’abri des regards, les 2e et 3e étages de « L’Autre Soie » abritent des studios étudiants, mais également un accueil mère-enfant géré par l’association Alynea.



La façade
Un énorme travail de réhabilitation a été réalisé sur la façade du bâtiment patrimonial « L’Autre Soie ». Les huisseries historiques, du plus bel effet, ont été conservées dans les parties communes.
La verrière
Sa transparence permet de redécouvrir la composition symétrique de l’ancien foyer Jeanne-d’Arc de l’usine Tase, de percevoir la disposition symétrique des façades. Privatisable, le lieu a vocation à accueillir divers événements,
La salle de spectacle
Lieu dédié à l’événementiel, « La Rayonne » abrite une salle de concert, des bureaux, salles de réunion, un plateau et studio de création. Près du bar, une fresque évoque l’histoire des tissages de la soie artificielle.
Cyril Michaud
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