Depuis la démission d’Yves Hartemann le 8 novembre dernier, les tractations vont bon train. Le deuxième barreau de France avec ses plus de 4 000 avocats s’est retrouvé dans une situation inédite, privé de son bâtonnier élu à moins de 2 mois de sa prise de fonction, laissant seule sa vice-bâtonnière, Valérie Giet, bien décidée à poursuivre l’aventure engagée avec Yves Hartemann.
« C’est elle qui a les cartes en main », déclare Alain Jakubowicz, dont le nom a circulé, parmi d’autres, comme possible candidat au bâtonnat.
Beaucoup de noms circulent
« Quelques confrères m’ont contacté, ce qui m’a beaucoup touché. Rien de plus », explique le célèbre avocat lyonnais. Son nom n’est pas le seul à avoir été évoqué dans les arcanes du barreau et en dehors. De Jean-Claude Desseigne à Thierry Dumoulin, en passant par Hubert de Boisse, candidat malheureux au bâtonnat en 2020, la liste est longue.
Hubert de Boisse a très vite démenti vouloir se représenter, préférant se consacrer à son nouveau cabinet et considérant que les conditions de cette campagne trop courte, ne lui permettent pas de se présenter dans des conditions optimales.
Il fait partie de ceux qui ont peu apprécié qu’Yves Hartemann ne démissionne pas plus vite et, surtout, ne disent pas tout de ses ennuis judiciaires à ses confrères. On le reverra sans doute à une autre élection au bâtonnat, mais pas cette fois-ci.
L’image consensuelle d’Alban Pousset-Bougère
Valérie Giet, associé chez Cefides Oratio Avocats a très vite indiqué son souhait de « prolonger le programme et poursuivre le projet porté avec Yves Hartemann. Je n’ai pas envie que cela s’arrête. Oui, je veux faire progresser nos idées jusqu’au bout », précisait-elle dans la foulée de la démission du bâtonnier élu.
Valérie Giet, qui a été présidente du syndicat ACE, les Avocats conseil d’entreprise, juge alors opportun de laisser les élections au conseil de l’ordre et au CNB (Conseil national des barreaux) se dérouler fin novembre avant de se décider.
D’autant plus que la solution qui se profile, celle d’un tandem Jean-François Barre-Valérie Giet, se heurte au fait que Jean-François Barre est alors candidat au conseil de l’ordre en binôme avec Marie-Josèphe Laurent, la bâtonnière sortante… Autant ne pas brouiller les pistes.
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Le binôme à la tête du barreau de Lyon pour un mois encore est élu, haut la main, au conseil de l’ordre avec plus de 64,5% des voix dès le 1er tour (et avec une participation de 43%). Fin du 1er acte.
D’une élection à l’autre, Jean-François Barre, dont la candidature au bâtonnat en tandem avec Valérie Giet, est poussée par d’anciens bâtonniers et membres influents du barreau, trouve vite un terrain d’entente avec la vice-bâtonnière élue. Cette dernière a été approchée aussi par Alban Pousset-Bougère, patron de Cornet Vincent Ségurel à Lyon, qui « réfléchit » à une éventuelle candidature depuis la mi-novembre.
Toujours en cours de réflexion, il lui faut trouver une avocate prête à faire équipe avec lui. Valérie Giet préférant un tandem avec le vice-bâtonnier sortant, la partie s’annonce plus compliquée aujourd’hui pour Alban Pousset-Bougère. Pour beaucoup d’avocats, le duo Barre-Giet bénéficie d’une double légitimité : celle de l’élue et celle du sortant.
Jean-François Barre, l’homme fort du barreau de Lyon
Et, face aux turbulences qui ont traversé le barreau ces derniers mois, cela compte incontestablement. Alban Pousset-Bougère a pour lui d’avoir une image assez consensuelle et de représenter le cabinet qui s’est développé autour de celui d’Adrien-Charles Dana, figure du barreau lyonnais et ancien bâtonnier. Ces derniers jours, il semblait déterminé mais toujours à la recherche de son binôme. Il a jusqu’au 12 janvier pour se porter candidat.
Tout auréolé d’une brillante élection au CNB -Conseil national des barreaux- sur la liste ordinale (il a été élu en 5e position sur 12), Jean-François Barre est incontestablement l’homme fort du barreau aujourd’hui et son alliance avec une Valérie Giet, appréciée elle aussi, est intelligente. Reste à savoir s’ils devront ferrailler face à un tandem concurrent.
À Alban Pousset-Bougère de lever à son tour le voile sur ses intentions. Le dernier conseil de l’ordre de l’année se déroule ce mercredi soir. Le 1er janvier 2024, c’est l’ancien bâtonnier, Serge Deygas, doyen des membres du conseil de l’ordre qui assurera l’intérim pour un mois.
Sitôt élus, le bâtonnier et la vice-bâtonnière prendront leur fonction pour un mandat de 23 mois, tout juste écourté d’un mois.
Si Jean-François Barre est élu bâtonnier le 30 ou le 31 janvier 2024, il devra démissionner dans la foulée du conseil de l’ordre où il vient tout juste d’être élu. Marie-Josèphe Laurent devra trouver un nouveau binôme.
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