Yves Revol vient de frapper un grand coup en annonçant être entré en négociations exclusives avec le géant mondial MSC (via sa filiale SAS – Shipping Agencies Services) en vue de céder la totalité de ses actions, soit 42% du capital de Clasquin SA. A bientôt 76 ans, il a tout simplement choisi le numéro 1 mondial du transport maritime et de la logistique.
La compagnie créée par le capitaine Gianluigi Aponte en 1970 autour d’un petit navire marchand, est devenue, en un peu plus de 50 ans, la plus grande compagnie maritime de conteneurs au monde, dépassant même le Danois Maersk, mais aussi Bolloré à qui MSC a racheté ses activités portuaires et ferroviaires africaines en 2020.
MSC emploie 200 000 personnes
Le groupe italo-suisse (siège à Genève) est aussi présent dans l’univers des croisières avec MSC Croisières. Le groupe MSC non coté en bourse, ne publie aucun chiffre d’affaires ou résultat. Avec 800 navires, 5 avions, 675 bureaux employant 200 000 personnes (dont un bureau à Lyon), il travaille dans 155 pays.
Bref, Yves Revol n’a pas fait les choses à moitié en choisissant MSC. Il faut dire que son parcours à la tête de Clasquin n’est pas banal non plus.
Arrivé à tout juste 30 ans, en 1977, comme commercial dans cette petite entreprise de transport lyonnaise, créée par Louis Clasquin en 1864, il en a fait une très belle ETI en l’espace de 40 ans. Directeur commercial en 1979, directeur général en 1981, il rachète Clasquin avec 3 cadres en 1982. L’entreprise ne compte alors qu’un seul bureau à Lyon avec une douzaine de personnes au total.
Le titre Clasquin s’envole en bourse
PDG en 1983, il commence le développement international de Clasquin en Asie puis en Amérique du Nord dans les années 90, mais aussi en Afrique du Nord (Maghreb) et sub-saharienne. En 2006, pour accélérer la croissance de l’entreprise, il introduit Clasquin en bourse, sur la base d’un cours de 15,50 €. Près de 18 ans plus tard, l’OPA qui devrait suivre la vente de la participation d’Yves Revol et de sa société Olymp, pourrait se faire sur la base d’un cours multiplié par 7 ou 8…
Hier, à la fermeture de la bourse, Clasquin cotait 122,50 €. Le titre a flambé en bourse, à l’annonce de ce début de négociations exclusives, s’appréciant de + 47% en l’espace d’une semaine et de 105,5% depuis le 1er janvier et de + 438% en 10 ans.
1 600 collaborateurs pour Clasquin dans 25 pays
Fin 2023, Clasquin, qui revendique d’être « la seule ETI multinationale française » et basée à Lyon, dans l’ingénierie de transport aérien et maritime et la logistique overseas, s’appuie sur 85 bureaux et 1 600 collaborateurs avec une présence dans 25 pays.
En 2022, Clasquin a réalisé un exercice historique avec 315 000 opérations dans l’année (+5%), un indicateur préféré à celui du chiffre d’affaires (877 millions d’euros + 16,6%). La marge commerciale brute ressortait, quant à elle, à 140 millions d’euros (+ 14,9%), le résultat opérationnel courant à 33,4 millions (+ 21,3%) et le résultat net (part du groupe) à 21,8 millions (+ 25,4%).
Clasquin affichait 60 millions d’euros de capitaux propres. L’année 2023 sera moins florissante. C’est un fait acquis. A fin septembre, sur 9 mois, le nombre d’opérations progresse encore un peu à 247 861 (+ 4,6%) mais le chiffre d’affaires recule de 40% à 417 millions d’euros et la marge commerciale brute affiche une baisse de 14% à 103 millions.
Rappelons qu’Yves Revol a mis en place une nouvelle gouvernance au sein de son groupe voici quelques années, ne gardant que la présidence du conseil d’administration et confiant la direction générale opérationnelle à Hugues Morin.
Promesse d’achat de SAS au 1er trimestre 2024
Côté calendrier du processus de vente de Clasquin, SAS (groupe MSC) devrait remettre, à l’issue de l’audit engagé sur Clasquin, une promesse d’achat au cours du 1er trimestre 2024. « Le prix d’acquisition serait déterminé sur la base d’une valeur d’entreprise de 325 millions d’euros et après prise en compte d’ajustements à convenir entre les parties ».
Viendra ensuite le temps des procédures d’information et de consultation des IRP (instances représentatives du personnel), mais aussi des autorités de la concurrence.
Puis, dès lors que l’acquisition par SAS des 42% détenus par Yves Revol et sa société Olymp sera effective, une OPA sera déposée par SAS auprès de l’AMF (Autorité des marchés financiers) sur le solde des actions composant le capital de Clasquin, soit 44,5% de flottant, tandis que le management et les cadres détiennent 13% du capital de Clasquin.
Dans un communiqué financier, la direction de l’entreprise lyonnaise précise que « le groupe Clasquin continuerait d’opérer ses activités avec ses équipes et sous les marques du groupe », à savoir : Clasquin, Timar, LCI Clasquin, Cargolution, CVL et Exaciel notamment.
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