Quel bilan dressez-vous de ces six ans de présidence du Ceser ?
Antoine Quadrini : Notre objectif était que la société civile – représentée au sein du Ceser – puisse véritablement jouer son rôle. À savoir : faire de la réflexion, ensuite des propositions, pour faire évoluer les politiques publiques. Le Ceser n’est pas là aujourd’hui pour juger la politique mise en place au niveau du conseil régional. Nous sommes là uniquement pour examiner ce qui est fait. Pour ensuite dire si cela convient aux habitants des différents territoires qui sont concernés par ces politiques. Nous pouvons aussi les faire évoluer. Il y a une multitude de sujets sur lesquels nous avons été entendus.
Vous pensez à quels dossiers ?
Je pense notamment à la gratuité des livres scolaires. En début de mandature, nous avions suggéré cette hypothèse et ensuite le président Wauquiez l’annonce. Nous avons applaudi cette décision au Ceser, puisque cela correspond exactement aux besoins que nous avions repérés sur nos territoires, grâce aux retours de nos membres. L’égalité des chances passe par une facilitation de l’accès au savoir. Et le livre reste un outil essentiel.
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Vous avez d’autres exemples ?
En juillet 2020, pendant la crise sanitaire, nous avons fait un gros travail autour de la question de la santé. Pendant le Covid, on s’est aperçu qu’il y avait eu beaucoup de souffrance liée à la difficulté d’accès aux soins, et que cela touchait de nombreux habitants. Nous avons alors évoqué la possibilité de faciliter l’arrivée des médecins salariés par la Région dans ces zones insuffisamment desservies. En février 2023, le conseil régional a annoncé que pour résorber les difficultés liées aux déserts médicaux, il allait favoriser la mise en place de médecins salariés, mais aussi des visites médicales ambulantes. Il y a beaucoup d’autres exemples, notamment au niveau économique et environnemental.
Si on se reporte six ans en arrière, avec votre élection, c’était la première fois qu’il y avait une présidence du Ceser qui n’était pas « patronale ». Aujourd’hui, vous n’avez pas de candidat du collège 1. Mieux, il vous soutient. Est-ce que c’est un motif de satisfaction particulier pour vous ?
La première des satisfactions, c’est d’avoir d’abord maintenu le Ceser dans ce qu’il est. C’est-à-dire une assemblée non politique au sens politicien du terme, pas au sens de participation à la vie de la cité. Nous ne sommes pas une assemblée politique. On reste indépendant et à notre place. Pendant toute la mandature, les paroles étaient suffisamment libres pour que ce qu’elles disaient soit pris en compte. Oui, je suis satisfait que la grande majorité des organisations qui composent le Ceser se soient senties libres de paroles par rapport à ce qu’elles portaient.
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La CFDT défend l’idée d’une alternance entre les trois collèges et considère que c’est au collège 2 de prendre la présidence. Elle dit même que c’était un engagement d’il y a six ans. Son soutien en 2018 contre votre soutien en 2024 ? Vous avez changé d’avis ?
Je pense que c’est parole contre parole. J’ai l’habitude de tenir mes engagements. Si j’avais à un moment évoqué cette hypothèse-là, je l’aurais tenue. Aujourd’hui, j’ai l’ambition d’être toujours président au-delà des ego personnels. J’estime que ma présidence a apporté un équilibre supplémentaire à ce qu’est le Ceser aujourd’hui. On a une multitude de candidats possibles parce qu’il y a des personnalités extraordinaires au Ceser. Il se trouve que l’équilibre que j’ai apporté peut encore perdurer quelque temps, pour permettre justement le renforcement du rôle du Ceser dans notre région.
Le candidat du collège 2, Jean-Marc Guilhot, n’est pas en mesure de garantir cet équilibre ?
Non, il y a des personnalités tout à fait intéressantes dans les deux premiers collèges et qui pourraient présider le Ceser. Simplement, je pense que je peux encore apporter quelque chose en termes d’équilibre, de poursuite du travail engagé et de relations avec le conseil régional qui est quand même notre partenaire principal avec l’État en région. Le fait d’être entendu par d’autres collectivités, d’autres instances, ça compte !
Ça veut dire que vous êtes aussi le candidat de Laurent Wauquiez ?
Pas du tout ! Par rapport à Laurent Wauquiez, chacun est à sa place, chacun dans son rôle. J’ai toujours écrit et rappelé que nous sommes une assemblée indépendante et nous le prouvons dans tous nos avis. Pour moi, c’est essentiel. Chacun a sa personnalité. Je ne suis pas Laurent Wauquiez. Je n’ai pas du tout cette prétention.
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Quelle est votre feuille de route pour les six ans qui viennent ?
Aujourd’hui, il y a une fracture à la fois sociale, économique, environnementale, culturelle et politique. On a une véritable crise de société et notre rôle en tant que société civile, c’est de viser l’apaisement. Et nous visons l’apaisement par un dialogue interne à notre assemblée. C’est ce que je souhaite renforcer. Je pense que je peux être assez bien placé pour le faire. Il faut que nous ayons une organisation interne qui permette de renforcer l’expression, à la fois de toutes les composantes du Ceser, et, simultanément, de la parole de chacun. Nous avons une parole commune, mais elle n’est pas unique. Elle peut permettre l’expression de divergences sur tous les sujets. Et ça, c’est quelque chose sur lequel on a encore une marge de progression assez intéressante à mettre en avant.
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