LE MENSUEL DES POUVOIRS LYONNAIS

Les nouveaux horizons de Xavier Inglebert

Ancien secrétaire général et préfet délégué à l’égalité des chances à la Préfecture du Rhône, l’énarque Xavier Inglebert est, depuis début janvier, président du nouveau Groupe Deux Fleuves né du mariage de l’Opac du Rhône et de Loire Habitat.

Cap vers le logement social

« C’est une période passionnante. Car maintenant que la structure est mise en place, il faut la mettre en œuvre ! » Lorsqu’on le rencontre mi-janvier, les journées de Xavier Inglebert sont bien occupées avec la naissance, depuis le 1er janvier, du Groupe Deux Fleuves qui rassemble sous la même bannière l’Opac du Rhône qu’il dirige depuis 2020 et son homologue Loire Habitat.

Le mariage de deux offices HLM départementaux, un « modèle inédit en France » censé « renforcer la capacité d’action pour faire face aux défis que doit relever aujourd’hui le logement social ».

« En optant pour un modèle qui repose sur l’association et la confiance réciproque plutôt qu’une fusion, nous n’avons pas choisi le voie de la simplicité. Mais c’est ce qui rendait le projet possible », commente Xavier Inglebert, nommé président du directoire et directeur général du nouvel ensemble (550 collaborateurs) qui gère un parc de 24 000 logements sociaux et 4000 places d’Ehpad.

« Le groupe Deux Fleuves est au service de l’intérêt général en permettant l’accès au logement et à la propriété pour le plus grand nombre. Je me sens en accord avec ma fibre sociale et mes convictions », expose Xavier Inglebert, qui a occupé auparavant un poste de secrétaire général d’Alila. Un saut de puce qui a duré un peu moins d’un an chez le constructeur privé de logements sociaux.

Pas d’incompatibilité avec le volcanique patron Hervé Legros (aujourd’hui dans la tourmente judiciaire) mais le sentiment qu’il aurait « plus de capacité d’action » en prenant la direction générale de l’Opac du Rhône. Pourquoi cet intérêt pour le logement social ? « Parce que je n’oublie pas mes origines, ni d’où je viens », répond Xavier Inglebert.

Une vie d’énarque

Né à Tourcoing dans un milieu modeste – « mes parents n’avaient pas le bac » -, Xavier Inglebert, agrégé d’histoire, débute sa carrière comme prof d’histoire-géo dans les quartiers défavorisés de la banlieue lilloise pendant 8 ans : « C’était un métier que j’ai beaucoup aimé. Mais je n’avais pas encore 30 ans et j’avais peur de me répéter jusqu’à la fin de ma carrière.»

Le déclic viendra de la rencontre avec le mari d’une collègue qui avait fait l’ENA. « J’aimais bien les études, je me suis dit que ça pouvait m’intéresser. J’ai donc préparé le concours pendant un an », rejoue Xavier Inglebert, qui intègre, en 1994 à 31 ans, la promotion Victor Schoelcher.

Une fois diplômé, il entame un tour de France de la préfectorale, comme directeur de cabinet du préfet des Côtes-d’Armor, sous-préfet chargé des missions de politique de la ville dans les Bouches-du-Rhône ou encore secrétaire général de la préfecture de Côte-d’Or.

Spécialiste des finances publiques, l’énarque alterne avec des postes parisiens, au ministère de l’intérieur chargé de la gestion de l’énorme budget de plus de 8 milliards d’euros de la police (« Un poste très technique où je passais beaucoup de temps sur les tableaux Excel, mais ça me plaisait bien ») et au CNRS avec une casquette de directeur général délégué. « J’étais le numéro 2 en charge l’ensemble des ressources (financières, juridiques, DRH…) de l’établissement qui compte 33 500 agents pour un budget annuel de plus de 3 milliards d’euros. J’ai rencontré des gens extraordinaires ».

Évincé de la préfecture

Après cinq années au CNRS, il est nommé à Lyon, en 2015, secrétaire général et préfet délégué à l’égalité des chances à la préfecture du Rhône. Une carrière sans accroc jusqu’à son éviction brutale en octobre 2017, conséquence de l’attentat de la gare Saint-Charles à Marseille.

Le terroriste avait été relâché à Lyon la veille de l’attaque suite à des erreurs administratives. Il faut bien trouver des responsables, le préfet Henri-Michel Comet et le secrétaire général Xavier Inglebert sont désignés comme les fusibles à faire sauter par le ministre de l’intérieur Gérard Collomb.

« C’est comme ça… Je ne préfère pas parler de cet épisode », coupe Xavier Inglebert, qui ne cache pas que la période a été très « compliqué humainement ». Besoin urgent d’un break. « J’ai alors pris la meilleure décision de ma vie. Je suis parti tout seul avec mon sac à dos pendant six semaines pour faire le tour de l’Argentine. Je marchais 30 kilomètres par jour. Puis il a bien fallu rentrer en France »

Privé de préfectorale, il enquille sur un poste de haut fonctionnaire au sein du ministère de l’éducation. Mais le cœur n’y est plus. « Je ne pouvais plus faire le métier que j’aime ». C’est là, en 2019, qu’il bifurque vers le logement social. « Et aujourd’hui, je me sens en cohérence », affirme Xavier Inglebert. Et c’est sans doute cela le plus important.

Bio express

Xavier Inglebert © DR
  • 7 septembre 1963 : Naissance à Tourcoing
  • 1994 : Il intègre l’ENA
  • 1996 – 2015 : Il occupe différents postes en préfectures et dans des institutions publiques
  • 2015 – 2017 : Secrétaire général et préfet délégué à l’égalité des chances à la préfecture du Rhône
  • 2020 : Il devient directeur général de l’Opac du Rhône
  • Depuis janvier 2024 : Président du directoire et directeur général du Groupe Deux Fleuves

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