Le job (non rémunéré) de juge au tribunal de commerce de Lyon lui a spontanément plu. Désigné en 2014 pour un 1er mandat de 2 ans à 46 ans, Bruno Da Silva avait en tête depuis un moment déjà, de « donner du temps », lorsqu’il aurait atteint « une certaine maturité personnelle et professionnelle ».
Au bout de quelques années, il parle même d’un « réel plaisir » et finit par se sentir plus motivé par sa mission au tribunal que par celle de son entreprise, au point qu’il s’en ouvre à ses associés et leur propose de racheter l’entreprise pour son bien, tandis que lui décide de changer de vie et de tout donner à la juridiction consulaire. « J’avais envie de vivre autrement. J’ai toujours eu une vie très dense et changé souvent de métier, parfois en restant dans le même groupe. Je ne suis pas un coureur de marathon, pas de sprint non plus, mais disons de 1 500 mètres », sourit Bruno Da Silva.
Accompagner les réseaux de distribution
Avec un père militaire, il a pas mal bourlingué, se retrouvant plusieurs fois à Lyon. Sa carrière professionnelle commence chez Elf (Total aujourd’hui) dans des fonctions de direction de réseau, à des postes stratégiques et opérationnels, passant aussi par le marketing et le restructuring.
Et ce pendant plus de 10 ans. Schéma identique chez le concurrent Italien, ENI, connu à travers la marque Agip dont il dirige le réseau France avant de se voir confier des responsabilités européennes et d’être appelé en Italie. Mais l’expérience de l’autre côté des Alpes tourne court.
➔ Plus d’informations : La nouvelle organisation du tribunal de commerce de Lyon
Bruno Da Silva rentre en France et décide de voler de ses propres ailes. Il crée tout à la fois une entreprise de conseil et rachète une entreprise de gestion de transition de points de vente qu’il diversifie sur différents marchés et secteurs.
Elle prend le nom de RGS (Retail global solutions) et se spécialise dans l’accompagnement des réseaux de distribution. Il crée aussi une activité de restauration rapide, Boon, qui comptera jusqu’à 10 points de vente dans tout l’Hexagone avant de la revendre 7 ans après le lancement lorsqu’un acheteur lui en propose un bon prix.
« Rendre service et prendre du plaisir »
« Notre positionnement, c’est de reprendre l’exploitation de tout type de commerce et de points de vente. On est monté jusqu’à 70 points de vente en location gérance avec des marques comme Casino, Total, Esso, Avia. Notre rôle consiste à encourager, animer, motiver les équipes. Le retail, les commerces, c’est le fil rouge de ma carrière », explique Bruno Da Silva.
« Je me suis engagé pour rendre service et prendre du plaisir, pas pour donner des coups, ni en prendre. J’ai passé beaucoup de temps à apaiser. Je souhaite que l’on soit dans le respect. Ça ne sert à rien d’aboyer »
S’il juge la période du Covid « intéressante », parce que les commerces dont il a la responsabilité, restent ouverts et qu’il faut organiser les conditions de la vente, trouver les protections et gérer au mieux une telle période, Bruno Da Silva sent qu’il faut passer la main en sortie de covid. Son esprit est ailleurs, du côté du tribunal. La passation se fait en bonne intelligence en 2021.
Aussi quand plusieurs juges lui demandent, fin 2022, de réfléchir avec eux à un projet pour le tribunal puis à une candidature, il se laisse vite convaincre. Il a montré qu’il ne décrochait jamais. Victime d’un sérieux accident de ski, il arpente -un temps- le tribunal en fauteuil roulant.
La campagne du 1er semestre 2023 est pour le moins disputée. Seules 4 petites voix lui permettent de distancer son adversaire, Delphine Maurin (ex Chaussures Delpol), lors de la « primaire » le 6 juin.
« On n’est pas préparé au processus électoral, reconnait Bruno Da Silva. On apprend beaucoup d’une telle campagne. D’où l’importance d’avoir une équipe motivée et soudée. Je me suis engagé pour rendre service et prendre du plaisir, pas pour donner des coups, ni en prendre. J’ai passé beaucoup de temps à apaiser. Je souhaite que l’on soit dans le respect. Ça ne sert à rien d’aboyer ».
« Le tribunal de l’amiable, moderne et exemplaire »
Quant à l’esprit général qui l’anime à quelques jours de l’audience solennelle de rentrée le 31 janvier, il évoque trois piliers : « Nous devons nous affirmer comme le tribunal de l’amiable, comme un tribunal plus moderne avec des décisions plus rapides et démontrer en permanence notre exemplarité ».
Et de préciser : « L’exemplarité, c’est le rempart contre toute critique. Avec Thierry Gardon, nous avons créé une instance de déontologie. C’est important pour un grand tribunal comme celui de Lyon. Il s’agit de démontrer à l’extérieur que l’image d’une bande de coquins n’est plus celle dans laquelle on travaille ».
Interrogé sur ce que seront ses revenus pendant les 4 ans qui viennent, Bruno Da Silva répond : « C’est un choix de vie que j’ai fait. J’ai de quoi vivre de mon patrimoine. Je ne suis pas à plaindre. Je ne suis pas le plus riche non plus. Et je prends mes fonctions avec beaucoup d’enthousiasme ».
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