La lune de miel aura été de courte durée entre Salim Podiono, l’industriel indonésien basé à Singapour, et Guy Chifflot, ex-patron d’Orapi. L’association des deux hommes d’affaires a fait long feu, à peine 2 mois après le jugement du tribunal de commerce de Lyon leur remettant les clés de Lejaby.
La célèbre marque lyonnaise de lingerie féminine avait été placée en redressement judiciaire début janvier, se retrouvant pour la 3e fois en une dizaine d’années devant le tribunal de commerce. L’attelage Podiono-Chifflot (via leurs entités respectives : Mirae pour le groupe indonésien ; GC Consult pour le holding de Guy Chifflot) a volé en éclat au moment de signer les statuts de la société.
Pas de statuts, pas de société constituée
De passage à Lyon la fin de semaine dernière avant de repartir en début de semaine, Salim Podiono et son conseil, ont refusé le projet de statuts présenté par Guy Chifflot dans l’esprit du jugement du tribunal.
À savoir : une répartition du capital à 65%-35% entre Mirae et GC Consult, mais une direction opérationnelle de Lejaby aux mains de la famille Chifflot : Fabienne Chifflot, PDG, et Guy Chifflot, directeur général. « Salim Podiono fait fi du jugement du tribunal de commerce et m’a viré lundi, constate l’industriel lyonnais. Leur attitude ne correspond pas à l’esprit du jugement. C’est pourquoi, j’ai immédiatement demandé la nomination d’un mandataire ad hoc ».
En clair, l’entreprise se retrouve au milieu d’un véritable imbroglio juridico-financier. Pas de statuts signés, pas de société officiellement constituée, pas d’extrait Kbis, pas de possibilité de facturer les premières commandes honorées… « Nous avons pris des engagements devant la juridiction consulaire, ajouter Guy Chifflot. Nous nous sommes engagés vis-à-vis des 24 personnes que l’on reprend et vis-à-vis de nos clients. C’est de la folie ».
Le chef d’entreprise lyonnais soupçonne Salim Podiono d’avoir juste voulu mettre la main sur une marque disposant d’une belle notoriété à l’international. Alerté par ce comportement brutal et incompréhensible, il découvre aussi (un peu tard…) que le nom de Salim Podiono est cité dans les Panama papers – BVI.
Le mandataire ad hoc va convoquer les parties pour essayer de trouver un accord entre eux qui semble improbable à ce stade. À défaut, un autre jugement sera rendu, avec la nécessité de reprendre la procédure à zéro, car les autres repreneurs non retenus pourraient s’estimer lésés.
Histoire et savoir-faire de Lejaby exceptionnels
À 84 ans, Guy Chifflot, n’a pas perdu la niaque. Et n’a pas l’intention de baisser les bras. Il croit toujours dur comme fer à son projet, quitte à reprendre l’affaire seul. « Nous voulons voir Lejaby reprendre sa place, expliquait Guy Chifflot à Lyon Décideurs fin mai. Nous allons repositionner la marque qui bénéficie d’une très bonne notoriété. On repart tout petit avec 24 personnes reprises sur 54 et en capitalisant sur la création et l’innovation. Nous investissons 3,5 millions d’euros en cash ».
En vidéo : Guy Chifflot, invité de Bourse & Valeurs le 13 juillet 2023
Lejaby a réalisé autour de 8 millions d’euros de chiffre d’affaires l’an dernier avec 25% de ventes en ligne, 25% en France et 50% hors de France. Pour l’exercice qui démarre, Lejaby vise 5,5 millions d’euros d’activité en repartant avec 0 stock. « Nous viserons ensuite un doublement d’activité puis 14 à 15 millions d’euros en 3 ans », précise Guy Chifflot qui a plein de projets en tête pour le nouveau Lejaby. « Nous voulons créer un showroom, ainsi qu’un magasin d’usine. Et puis, nous créerons ensuite un musée car l’histoire et le savoir-faire de Lejaby sont exceptionnels ».
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