21 – Frédéric Fotiadu, la force tranquille
L’expression est fluide, la voix bien posée, souvent monocorde, ne s’emporte jamais. Nommé à la tête de l’Insa Lyon en novembre 2019, à la suite du départ surprise d’Éric Maurincomme, Frédéric Fotiadu impose sa patte avec douceur et humilité dans la première école d’ingénieurs de France.
Le dirigeant, qui a dormi sur le campus de la Doua pendant ses deux premières années lyonnaises, reçoit chaque année près de 20 000 candidatures pour moins de 700 places disponibles. « Cela prouve que notre modèle est reconnu comme pertinent. C’est une chance, un luxe d’avoir autant d’excellents candidats et candidates. »
Ancien directeur de Centrale Marseille (2009- 2019), l’homme, érudit, est amoureux des essais philosophiques d’Étienne Klein et de Cynthia Fleury, et révèle une « passion toute religieuse » pour Bach et la musique baroque. Avec son plan stratégique Ambitions 2030, il entend désormais « repenser la formation des ingénieurs pour affronter les défis socioclimatiques de demain. »
22 – Sébastien Bouillet, le pâtissier tatoué
L’histoire de sa vie est gravée à l’encre sur sa peau. Depuis dix ans, Sébastien Bouillet écume les salons de tatouage lyonnais et japonais pour compléter les fresques amorcées à l’aiguille sur ses bras, ses cuisses et dans son dos.
« Ce sont des références à ma vie, mes enfants, mes passions, mes voyages, et même à mon métier », souligne-t-il en montrant le dessin d’une main prolongée d’un fouet, affiché en une de son livre de recettes en 2018.
À la tête de la maison familiale depuis 2000, le célèbre pâtissier-chocolatier lyonnais compte aujourd’hui une douzaine de points de vente à Lyon et Tokyo, dont la mythique Boulangerie du Palais, rue Saint-Jean, depuis juin 2023 et le nouveau Café Bouillet, ouvert en novembre dernier à la Croix-Rousse.
« On continue d’avancer avec beaucoup de R&D dans notre grand laboratoire de Miribel. Mais on reste des artisans. Le but c’est de franchir des paliers, sans aller vers des choses qui nous poussent à l’industrialisation. »
23 – Cédric Van Styvendael, nouveau souffle à gauche
Cédric Van Styvendael l’admet volontiers, il n’est jamais très à l’aise face aux objectifs des photographes. « J’ai horreur de ça », confie-t-il avant d’enfiler sa veste et d’enchaîner les poses sur le balcon de son bureau, surplombant l’avenue Henri-Barbusse.
Le maire (PS) de Villeurbanne s’est, à l’évidence, habitué à l’exercice depuis son élection à l’été 2020. Après 20 minutes de sourires, bras croisés, décroisés, l’élu retrouve sa cigarette électronique et peut enfin tomber la veste.
Dans sa commune, le maire socialiste, aussi vice-président de la Métropole chargé de la Culture, déroule une partition largement saluée, axée sur une majorité plurielle, et appelle au rassemblement le plus large possible à gauche en vue des futures échéances électorales. Le Nouveau Front populaire avant l’heure.
24 – Isabelle Huault, nouvelle dynamique à emlyon
Nommée en septembre 2020 alors qu’emlyon connaissait une énième crise interne dont elle a le secret, Isabelle Huault a d’abord réussi à ramener le calme et la sérénité au sein de l’école de management lyonnaise.
Puis la Lyonnaise, qui a elle-même fait ses études à l’emlyon, a embrayé la seconde phase de son plan, avec l’ambition martelée d’intégrer le top 10 européen des business schools.
Arrivée d’un nouveau et puissant actionnaire majoritaire (Galileo Global Education), nomination de Guillaume Pepy à la présidence du conseil de surveillance, et surtout déménagement imminent d’Écully vers un rutilant campus à Gerland : Isabelle Huault fait entrer l’école dans une nouvelle ère. « Nous voulons former des managers responsables et préparés au monde de demain », affirme celle qui est la première femme à occuper la direction d’emlyon.
25 – Laurent Abitbol, le géant du tourisme
Matinée difficile dans les couloirs de Marietton Développement ce 27 décembre dernier, jour de notre rencontre. « Toute l’informatique ne marche pas. Quand on tombe en panne, c’est affreux. Il y a zéro vente, zéro chiffre d’affaires », gronde Laurent Abitbol.
Le téléphone du PDG surchauffe. En un peu plus d’une heure, le générique iconique des Tontons flingueurs, qui lui sert de sonnerie, retentit près d’une dizaine de fois. « Vous m’excusez une seconde ? », les appels sont expéditifs. « Bien, continuons. »
Vingt ans après son arrivée à la tête de Marietton Développement, Laurent Abitbol a transformé le groupe familial en véritable mastodonte du tourisme. Numéro 1 du voyage en France (2,2 milliards d’euros de volume d’affaires en 2023, 1 600 salariés, 530 agences), le dirigeant s’appuie sur des marques bien connues comme le géant Havas Voyages ou Selectour-Ailleurs Voyages pour étendre son leadership.
Lancé depuis 15 ans dans une politique effrénée d’acquisitions ciblées, il retrouve aujourd’hui la croissance après des « années noires » liées au Covid, et murmure toujours à l’oreille des politiques (à commencer par son ami Nicolas Sarkozy).
26 – Mourad Merzouki, nouveau rebond à Saint-Priest
Son bureau paraît étriqué, coincé en bord de périphérique, dans l’Est lyonnais, la terre qui l’a vu grandir. Frais quinquagénaire, Mourad Merzouki a choisi de rebondir sur ses terres, entre Bron et Saint-Priest, là où tout a commencé, comme pour mieux évacuer la frustration de ne pas avoir été retenu par les tutelles pour la direction de la Maison de la Danse en 2022.
La déception semble d’autant plus grande que la candidature du chorégraphe, star internationale du hip-hop, a suscité bien des remous dans le petit milieu de la danse. « Il y a eu des commentaires d’une extrême violence, du mensonge, de la diffamation. On a dit que j’étais mégalo, violent, que je faisais du plagiat ou que je harcelais mes équipes. C’est allé très loin. »
À Saint-Priest, l’artiste voit désormais les choses en grand. Son projet de Cité d’Art dans l’ancienne ferme Berliet s’étend sur 2 800 m2, comprend deux studios (dont un de création), une résidence d’artistes, des bureaux, un lieu de stockage, une salle de sport et un espace de restauration. Reste encore à boucler son financement.
27 – Grégory Cuilleron, le chef sans resto
Grégory Cuilleron est une sorte d’ovni dans la grande confrérie des chefs lyonnais. Déjà, il s’est fait un nom en remportant l’émission Un Dîner presque parfait sur M6 en 2008.
Et depuis, il mène sa vie de chef comme il l’entend. Pas d’un tempérament à rester scotché dans les cuisines d’un restaurant, l’hyperactif amoureux du Vieux-Lyon trouve son équilibre en menant une batterie d’activités (rémunérées ou bénévoles) : cours de cuisine, démonstrations culinaires dans des salons professionnels, conférences sur la cuisine ou le handicap, rédaction d’ouvrages de recettes de cuisine, apparitions sur le petit écran et plein d’autres choses encore.
« C’est cool, je rencontre des personnes de plein d’horizons différents. Comme je m’amuse à faire tout cela, je n’ai pas envie de m’en priver », dit-il. Quitte à ne pas reproduire le modèle classique des chefs lyonnais.
28 – Hervé Kratiroff, l’investisseur bon vivant
Qu’il vous parle de son rachat d’une petite PME spécialisée dans la confection de gratons lyonnais, de l’acquisition d’un fabricant de saucissons à l’ancienne, de la reprise d’un prestigieux domaine viticole en Bourgogne ou de l’obtention (méritée) de la première étoile au Guide Michelin de son restaurant Burgundy by Matthieu sur les quais de Saône, Hervé Kratiroff a l’enthousiasme constant et communicatif.
Cela fait maintenant près de 20 ans que l’investisseur-entrepreneur revendiqué « bon vivant » a fondé Solexia (490 collaborateurs, 130 millions d’euros de chiffre d’affaires par an) qui détient des entreprises dans l’agroalimentaire (charcuterie en tête), le transport de marchandises dans les Caraïbes, la coutellerie, l’hôtellerie de luxe et donc la restauration étoilée depuis peu.
« Et quand on investit dans une entreprise, ce n’est pas dans l’optique de la revendre », précise celui qui est accompagné au quotidien chez Solexia par son meilleur pote rencontré à l’armée, Éric Versini. Et promis, le duo ne s’engueule jamais, excepté lors de soirées coinche un peu trop arrosées.
29 – Céline Paravy-Atlan, les entreprises ont leurs maisons d’hôtes
Des débuts en agence, puis la direction de la communication interne chez April et, depuis 12 ans, son propre parcours entrepreneurial. Céline Paravy-Atlan a trouvé le concept de Mapièce en cherchant régulièrement des lieux de séminaire qui ne lui donnaient pas franchement satisfaction.
Elle ouvre sa première maison d’hôtes pour entreprises à Bellecour en 2012 puis une deuxième aux Jacobins pour arriver à sept fin 2023. Et la 8e est arrivée au printemps dernier avec Mapièce Beaujolais, une splendide bâtisse de 650 m2 à Lachassagne au cœur du Beaujolais, acquise par les fondateurs de Visiativ, Laurent Fiard et Christian Donzel, deux ans plus tôt.
Et tout heureux d’en confier, aujourd’hui, l’exploitation à Mapièce. Timing parfait pour Céline Paravy-Atlan qui souhaitait, de son côté, ouvrir une maison en dehors de Lyon. Le concept Mapièce s’enrichit depuis un an de deux collections annuelles de menus, de vins et de décoration florale. Mapièce a franchi l’an dernier le million d’euros de chiffre d’affaires.
30 – Pierre Oliver, cap sur l’Hôtel de Ville
Quand il papote avec des journalistes, le jeune maire du 2e arrondissement confie depuis quatre ans son ambition – plus franchement secrète – de briguer l’Hôtel de Ville en 2026 face à Grégory Doucet.
Supporter inconditionnel de l’OL (il a plusieurs maillots encadrés dans son bureau, près de sa collection de Formule 1 miniatures), souvent aperçu sur sa trottinette électrique dans les rues de la Presqu’île, Pierre Oliver s’érige en poil à gratter de la majorité écologiste sur les réseaux sociaux comme au conseil municipal.
Invité régulier de CNews et même du plateau de Cyril Hanouna sur C8, le maire et conseiller régional, originaire du Puy-de-Dôme, remplace régulièrement Laurent Wauquiez lors des cérémonies protocolaires ces dernières semaines (CFA de la gastronomie, LDLC Arena…).
Dans un paysage politique morcelé par la dissolution de l’Assemblée nationale, l’élu, un temps pressenti candidat dans la 2e circonscription du Rhône, compte bien tirer son épingle du jeu lors des prochaines municipales dans deux ans.
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