41 – Fabrice Faure, la forte tête de l’intérim
Il allume clope sur clope dans son bureau et se demande s’il ne risque pas de devenir un « gros con » avec le succès du groupe d’intérim LIP, fondé il y a 20 ans, qui tutoie maintenant les 500 millions d’euros de chiffre d’affaires par an.
Oui, Fabrice Faure est un visage atypique dans le patronat lyonnais qu’il côtoie peu. Allergique aux mondanités, le patron brut de pomme avance dans son coin et avec une insolente réussite. Un changement de dimension symbolisé par l’emménagement dans un nouveau (et spacieux) siège social dans le 7e arrondissement.
« Je ne suis pas adapté à gérer du périmètre constant, j’ai une nature à développer des choses », explique-t-il. Amoureux de polars et de thrillers, le patron de LIP a aussi réalisé l’un de ses rêves avec le lancement, en 2022, des Éditions du Gros Caillou qui ont déjà publié près d’une dizaine de romans. Dont deux écrits par Fabrice Faure himself, écrivain à ses heures perdues (c’est-à-dire surtout la nuit)
42 – Pierre Martinet, le traiteur intraitable dit oui au volailler
Pierre Martinet a le sens de la fête. Le 14 mai dernier, il organise sous l’égide de « Madame », une grande soirée pour fêter ses 30 ans de communication télévisuelle. L’histoire du « traiteur intraitable » a commencé en 1994.
Tous ses amis sont là pour lui rendre hommage. Plus de 400 personnes : David Douillet, Sébastien Chabal, Julien Bonnaire, Guy Savoy (par vidéo), des fournisseurs et partenaires venus du Canada, des Pays-Bas, du Midi, les équipes de Martinet (de la direction aux salariés). Ses 55 ans de vie professionnelle sont revisités avec une pointe d’humour ou d’émotion selon les intervenants.
Devant la salle des fêtes de Saint-Quentin-Fallavier, l’historique 2CV Martinet côtoie la Porsche de la team Martinet by Almeras. Tout le monde a droit à sa photo avec la vedette du soir. Deux semaines plus tard, le groupe volailler LDC annonce être entré en négociations exclusives avec Pierre Martinet en vue du rachat de 100 % de l’entreprise d’ici à la fin de l’année. « C’est un groupe familial que j’apprécie. Ils m’ont fait une proposition financière qui correspond à ce que j’avais imaginé », explique-t-il.
43 – Yves Hecker, le surprenant roi du burger gourmet
Il est la preuve que n’avoir aucun autre diplôme que le bac, s’être lancé comme animateur radio dans une première vie, puis avoir viré végan (depuis une visite matinale dans un abattoir qui s’est révélée rédhibitoire), n’empêche pas de devenir le roi du burger gourmet.
Le fondateur de l’enseigne Les Burgers de Papa, qui revendique une trentaine d’implantations en France, fait partie de ces patrons autodidactes qui ne rentrent dans aucune case. Comme, par exemple, quand lorsqu’il dit toujours placer « l’amusement » au cœur de son moteur entrepreneurial.
Chose rare, Yves Hecker n’hésite pas non plus à laisser entrevoir ses doutes, déclarant être parfois frappé « par le syndrome de l’imposteur ». Le patron rock and roll ose aussi aller là où on ne l’attend pas, à l’image d’une participation inattendue à l’émission Patron incognito sur M6.
44 – Héléna Jérôme, la nouvelle voix de l’industrie
Lyon Décideurs l’avait reçue dès juin 2020, au sortir du premier confinement, pour évoquer sa start-up Safehear, nouvelle solution dans la protection auditive pour les salariés des usines ou des entrepôts.
« Nous développons un nouveau dispositif, une oreillette connectée, à destination du marché industriel, pour simplifier les échanges dans un espace bruyant et améliorer les conditions de travail des ouvriers », renseignait Héléna Jérôme, alors âgée de 24 ans.
Depuis, la jeune dirigeante multiplie les interventions dans les conférences et tables rondes du tissu économique lyonnais pour présenter son produit, rebaptisé Louis, et enchaîne les apparitions sur les plateaux télé nationaux. Très investie dans la valorisation de l’entrepreneuriat féminin, elle a lancé en 2022 Les Meufs de l’Industrie (LMDI), « le média qui vise à promouvoir la femme dans l’industrie et à attirer la jeune génération dans les usines françaises. »
45 – Cécile Mazaud, l’environnement chevillé au corps
Elle travaillait dans le marketing à Paris et aurait pu créer une marque dans la mode. Les circonstances en ont décidé autrement. À la mort de son grand-père, Cécile Mazaud estime que sa place est auprès de sa grand-mère. Son père lui propose alors de rejoindre l’entreprise familiale de bâtiment.
Dix ans plus tard, en 2015, représentante de la 5e génération familiale, la voilà présidente de Mazaud qu’elle rachète à 100 %. Sa fibre environnementale s’affirme. Tout s’accélère : nouveau comité de direction, stratégie redéfinie. « Nous avons une approche globale pour répondre aux enjeux environnementaux », explique-t-elle.
Pour embarquer tous ses fournisseurs, partenaires et maîtres d’œuvre, elle leur présente la charte d’engagement du groupe et le cap choisi. Très engagée, elle fait partie de la nouvelle génération du Comex 40 du Medef. Elle préside aussi la Foncière Logement d’Action Logement, qui vise à promouvoir la mixité dans le logement. Elle dirige également l’antenne lyonnaise de la Convention des entreprises pour le climat : « Ça me galvanise de voir ceux qui sont plus avancés », conclut Cécile Mazaud.
46 – Julien Monet, l’imprenable Ceetadel
À 40 ans passés, Julien Monet n’a qu’une seule crainte : « devenir ce patron omnipotent qui pousse ses équipes à tout faire comme il l’entend alors qu’il est devenu ringard. C’est ma hantise », souffle le dirigeant du groupe Ceetadel et de l’agence de relations publiques Monet.
S’il s’imagine déjà parmi les vétérans du métier, c’est aussi parce qu’il est arrivé très jeune aux commandes de l’entreprise fondée par sa mère dans les années 1980. C’était en 2009, à seulement 26 ans, alors que l’agence, placée en redressement judiciaire, connaissait un gros passage à vide.
Depuis, le dirigeant a imposé sa patte et surfé sur l’avènement du digital et des réseaux sociaux pour transformer la petite entreprise familiale en véritable mastodonte des relations médias de plus de 200 collaborateurs, au service, au service de gros comptes comme Nikon, Nestlé, Bouygues, Mattel ou Vicat.
Adossé à Siparex Entrepreneurs depuis 2022, le dirigeant a signé quatre acquisitions l’an passé, dont les agences lyonnaises Conversationnel et Nouveau Monde.
47 – Richard Richarté, hors du commun
C’est l’histoire d’un multi-entrepreneur (d’abord dans le pin’s puis dans la vente de jeux vidéo) qui retombe par hasard sur une vieille boîte de maquette de son adolescence en rangeant son garage, se reprend au jeu et décide de créer le plus grand parc de miniatures animées de France.
Le point de départ de Mini World Lyon, ouvert depuis 2016 au Carré-de-Soie, dont l’œuvre phare – une spectaculaire reproduction de Lyon – attire autour de 200 000 visiteurs par an. « Au début, j’ai eu peur que l’on se moque de moi parce que le train miniature, c’est un truc vraiment ringard. Mais je suis à moitié taré, j’ai beaucoup d’énergie et quand je fais un truc, j’aime bien le faire à fond », rigole Richard Richarté, patron atypique qui pourrait facilement passer pour un hurluberlu.
Mais ce serait bien trop réducteur. « Richard, c’est un mélange de folie et de rationalité », précise l’un de ses associés. Une recette qui fonctionne.
48 – Fatima Berral, la force tranquille de Sogelink
Parmi les rares patronnes lyonnaises de la tech, Fatima Berral mène la montée en puissance de Sogelink, l’éditeur lyonnais de logiciels pour le secteur de la construction et du BTP qu’elle pilote depuis 2019.
En l’espace de cinq ans, elle a propulsé l’entreprise à un niveau européen avec quatre acquisitions au cours des deux dernières années. Sous son apparence réservée, elle dirige les 650 collaborateurs du groupe avec une détermination tranquille.
Son objectif : atteindre 200 millions d’euros de chiffre d’affaires dès cette année. Forte de son intérêt pour la transition écologique, Fatima Berral se dit fière « d’avoir a été désignée marraine de la première promotion » de The Climate Factory, la première école dédiée à la responsabilité sociale des entreprises (RSE) et à la transition environnementale, créée à l’initiative du Medef régional.
49 – Jérôme Tomaselli, le collectionneur surprise
Jérôme Tomaselli a pris tout le monde par surprise. Patron d’une boîte de 50 collaborateurs dans l’édition de logiciels, il n’avait jamais fait parler de lui jusqu’à fin 2022, lorsqu’il dévoile une spectaculaire exposition de peintres lyonnais du XVIe au XXe siècle au dernier étage de son entreprise installée à Vaise.
Des œuvres acquises en toute discrétion ces 30 dernières années, pour former une collection personnelle de 2 500 peintures et dessins réalisés par des artistes de la région lyonnaise (Hippolyte Flandrin, Truphémus, Jean Couty…). Et Jérôme Tomaselli n’avait, pour tout dire, jamais vraiment imaginé présenter un jour son immense collection au grand public.
« Mais j’ai beau accrocher des tableaux partout chez moi et dans mon entreprise, je me suis laissé déborder par ma passion. Cet espace, c’est un moyen de rendre hommage à ces peintres trop souvent oubliés. Et je trouvais aussi dommage de garder tous ces chefs-d’œuvre pour moi », affirme-t-il. C’est aussi l’avis du public : plus de 3 000 visiteurs sont déjà venus découvrir la Collection Tomaselli depuis son ouverture.
50 – Samuel Kohen, de trader à plombier
Samuel Kohen n’en finit pas de surprendre. Le trader, qui a vécu en direct à Londres la faillite de Lehman Brothers, est aujourd’hui un patron heureux à la tête de son entreprise de plomberie, créée avec son jeune frère, Benjamin, artisan plombier.
« Je voulais être dans un vrai métier, être dans l’humilité et me confronter à la vraie vie », explique Samuel Kohen. L’ex-Essec a passé un CAP de chauffagiste avant de lancer Sabeko. Onze ans plus tard, la société de Décines emploie plus de 150 personnes. Il lance son école d’apprentis, forme des mineurs isolés qu’il fait jouer dans une pièce de théâtre en 2022.
« Quand ils ont commencé chez nous, la plupart ne parlait pas français. Aujourd’hui, ils sont aussi acteurs de théâtre », glisse Samuel Kohen, radieux, le soir de la première au Toboggan de Villeurbanne. Il vient, par ailleurs, de lancer une série TV, « l’Art de (ré) apprendre » pour revaloriser les métiers du bâtiment et présenter la formation des jeunes comme une solution aux difficultés de recrutement des entreprises.
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