31 – Philippe Dalaudière, l’ascension hôtelière
Philippe Dalaudière a frappé un gros coup, fin janvier, en signant le rachat du Grand Hôtel des Terreaux, le plus ancien établissement de la Presqu’île.
Une opération qui fait définitivement entrer le discret et opiniâtre quadragénaire parmi les hôteliers qui comptent à Lyon. D’autant que son groupe Dalofi ne cesse de prendre de l’ampleur, en se déployant notamment dans l’Est lyonnais.
« J’aime ce que je fais, je peux même dire que je suis habité par ce métier. Surtout que je me retrouve à avoir des hôtels dans des endroits où je n’aurais jamais pensé être, comme en plein centre-ville de Lyon avec le Grand Hôtel des Terreaux », explique celui qui est aussi président de la branche hôtellerie du syndicat professionnel Umih du Rhône. « Philippe, c’est un fonceur avec du punch et de l’énergie », résume ainsi l’une de ses connaissances.
32 – Valérie Poinsot, un quinquennat non renouvelé
Elle n’a pas manqué de s’appliquer à elle-même sa devise fétiche, ce mercredi 3 juillet, à l’issue d’un conseil d’administration au cours duquel elle a été brusquement remerciée: « Respirer, réfléchir, réagir, toujours dans cet ordre ! »
Tout juste nommée début 2019, elle a dû affronter des vents contraires. Déremboursement de l’homéopathie, crise de la Covid, Valérie Poinsot fait front, inflexible, quitte à rompre avec l’image d’un Boiron, à la pointe de l’innovation sociale. L’heure est grave. Plan social, restructuration lourde, grèves. Et puis, en 2021-2022, Boiron commence à remonter la pente, engage des diversifications (distribution de tests Covid, cannabis thérapeutique, acquisition d’une start-up dans la cosmétique).
L’entreprise retrouve petit à petit des couleurs. Valérie Poinsot peut à nouveau répondre aux sollicitations : elle prend la coprésidence du Club ETI Auvergne-Rhône-Alpes. Active dans les réseaux féminins, IWF (International Women’s Forum) en tête, elle encourage les femmes à se libérer et publie Wonder women : dites oui à vos pouvoirs. Aujourd’hui, la famille Boiron a décidé de reprendre les manettes de l’entreprise. C’est Thierry Boiron qui lui succède à la direction générale du groupe. Valérie Lorentz-Poinsot s’en va près de 24 ans après avoir rejoint le leader mondial de l’homéopathie. Fidèle à sa devise, elle n’a pas encore réagi, 24 heures après avoir été remercié.
33 – Thierry Gardon, passage remarqué au tribunal de commerce
Tout au long des 4 ans de son mandat de président du tribunal de commerce de Lyon (2020-2024), il aura été un président omniprésent. Thierry Gardon avait mis ses activités professionnelles entre parenthèses pour se consacrer pleinement à son mandat de président.
Une disponibilité de tous les instants au sein du tribunal, mais aussi à l’extérieur dans les cercles patronaux et professionnels pour mieux expliquer, entre autres, les enjeux de la prévention des difficultés des entreprises.
Il s’efforce d’humaniser un tribunal qui fait encore peur aux entrepreneurs. Il se montre à l’écoute, mais rigoureux et soucieux de renvoyer l’image « d’un tribunal irréprochable ». Pendant la crise de la Covid et après, il est en première ligne.
Il sait aussi se faire entendre auprès de la Chancellerie sur l’évolution de la juridiction vers un grand tribunal des affaires économiques. Son mandat terminé, il rejoint le cabinet d’avocats Simon & Associés comme senior advisor avec un bureau à Paris et des dossiers « non lyonnais » pour ne pas être soupçonné d’éventuels conflits d’intérêts.
34 – Diane Dupré la Tour, la résiliente
Elle a imaginé le concept des Petites Cantines pour « lutter contre l’isolement et l’exclusion sociale ». Ancienne journaliste, Diane Dupré la Tour développe depuis 2015 un réseau de cantines de quartier avec l’objectif de « tisser des liens autour d’un repas alors que 45 % des habitants des grandes villes se plaignent de la solitude ».
Un projet solidaire qui trouve sa genèse dans l’histoire personnelle de Diane Dupré la Tour qui a perdu son mari dans un accident de voiture en 2013. Sa reconstruction passera par donner un nouveau sens à sa vie, en plaçant l’entraide au centre de tout.
« On sent bien que les gens ont besoin de se retrouver, de se connaître », explique la toujours souriante quadra qui vient de publier son récit autobiographique Comme à la maison (Actes Sud).
35 – Mathieu Cochard, un nouveau cycle
L e rendez-vous initial avait été pris fin janvier pour évoquer sa passion du basket et ses prouesses en Coupe d’Isère avec le Basket Club Faverges-Dolomieu, l’équipe avec laquelle il évolue depuis dix ans, sur ses terres natales.
Mais actualité oblige, l’échange s’est d’abord concentré sur la fermeture annoncée du Hard Rock Café des Cordeliers. « Nous arrivons en fin de cycle. La marque ne correspond plus vraiment aux attentes des Lyonnais ni à celle des touristes étrangers », témoigne Mathieu Cochard, à l’origine avec son compère Thibault Salvat de l’arrivée de l’enseigne américaine à Lyon en 2016.
Le téléphone sonne quelques jours plus tard. « Ce n’est pas encore officiel, mais je peux l’annoncer, on passe sous giron Ninkasi », explique-t-il alors. Le duo, aussi à la tête du Grand Réfectoire à l’Hôtel-Dieu, et des trattorias Ciao Nonna à Vénissieux ou à la Part-Dieu, permet donc au Ninkasi de retrouver la Presqu’île dix ans après son départ des rues de l’Arbre-Sec et Ferrandière.
36 – Marie Nguyen, pionnière de la mode écoresponsable
À l’autre bout du fil, Marie Nguyen s’excuse poliment. « Désolée, je ne vais pas pouvoir venir tout de suite dans votre émission… Je dois accoucher dans quelques mois. »
La cofondatrice de WeDressFair, l’enseigne lyonnaise qui rassemble des marques engagées et soucieuses de leur impact sur les hommes et la planète, attendra donc plusieurs mois pour s’installer sur le plateau de Pitch Start-Up, l’émission de la rédaction dédiée aux jeunes pépites lyonnaises.
« Combiner la vie de maman et de cheffe d’entreprise, c’est du sport », ironise la jeune femme, suivie par plus de 20 000 personnes sur LinkedIn, et membre du top 35 des leaders positifs de moins de 35 ans à suivre en 2024 selon Les Échos.
Ses boutiques (en ligne et à Lyon et Paris) rassemblent aujourd’hui 50 marques engagées et fédèrent une communauté de 50 000 clients. L’enseigne vise désormais la France et l’Europe et ouvre son capital à tous, via une récente levée de fonds participative.
37 – Thierry Abribat bat tous les records
La seule affiche placardée dans son bureau montre une terrasse baignée de soleil dans les Cyclades. « Je me suis toujours dit que j’aimerais bien prendre l’apéro là-bas quand j’aurai pris ma retraite », sourit Thierry Abribat, désignant le panorama bleu azur.
L’entrepreneur aurait très bien pu couler des jours heureux dans un tel décor de carte postale en 2017, après les cessions de ses deux biotechs Alizé Pharma et Alizé Pharma 2. Il a préféré lancer Alizé Pharma 3, rapidement renommée Amolyt Pharma (50 collaborateurs), revendue en mars dernier au géant pharmaceutique AstraZeneca pour la somme record d’un milliard de dollars.
« Cette cession permet à tous nos actionnaires de faire une belle sortie. C’est un très bon deal, mais il est peut-être un peu trop précoce à mon goût », confie le dirigeant qui s’imaginait bien rester aux manettes de sa biotech, spécialiste des maladies endocriniennes rares, encore quelques mois. Cap sur les Cyclades à présent ?
38 – Pierre-Luc Barbe, la quête de sens
C’est l’histoire d’un virage à 180 degrés, de l’entreprise au monde associatif, encouragé par une profonde quête de sens. Après avoir soufflé ses 50 bougies au printemps 2023, Pierre-Luc Barbe a pris la direction d’Habitat et Humanisme Rhône, l’association qui œuvre en faveur du logement et de l’insertion des personnes en difficulté (200 salariés, 1 000 bénévoles, 12 000 personnes accompagnées dans le Rhône).
La nouvelle étape d’un parcours atypique qui l’aura mené du bassin sidérurgique américain à l’industrie automobile et au monde du numérique, en passant par les années galères comme entrepreneur dans le bâtiment et la rénovation énergétique.
« Je me questionnais depuis plusieurs mois sur mon métier de chef d’entreprise. Je voyais les chiffres se vider de leur sens. J’avais envie de faire autre chose, d’agir pour ceux qui n’ont pas eu les mêmes chances que moi, confie-t-il, assis sur une imposante balle de gym dans son bureau. Aujourd’hui, j’ai pris un aller simple dans le monde du social. Et je ne reviendrai pas en arrière. »
39 – Jeff Têtedoie, l’intrépide de la Presqu’île
Fils de Christian Têtedoie et de Florence Perrier (tous deux chefs cuisiniers), Jean-François Têtedoie (que tout le monde appelle « Jeff ») avait aux premiers abords un avenir de chef tout tracé. Et pourtant, dès son plus jeune âge, le patron du raffiné Café Terroir (Lyon 2e ) avait un autre rêve. Il raconte régulièrement – et avec beaucoup d’humour – son passé de « star de la scène ».
Oui. Jeff Têtedoie a d’abord été chanteur : dans les années 2000, Le Petit Prince de Saint-Exupéry, c’est lui, dans la comédie musicale du même nom. La vidéo est facilement trouvable sur YouTube et on reconnaît rapidement le « fils Têtedoie ».
Finalement, il a trouvé sa voie, en cuisine. En mars dernier le jeune et talentueux chef de 35 ans a été élu vice-président chargé des jeunes au sein des Toques Blanches Lyonnaises. Il est également engagé dans des associations telles que le collectif des Défenseurs de Lyon (qui se bat notamment contre la piétonnisation de la Presqu’île) ou encore le festival solidaire Soupe en Scène.
40 – Maud Charaf en pleine lumière
Elle pensait d’abord décliner l’invitation, mais s’est finalement ravisée, poussée par son grand ami Patrick Bertrand. Ce lundi 12 février 2024, Maud Charaf est bien présente sous la nef de la chapelle de la Trinité pour la soirée des quatre ans de Lyon Décideurs.
La directrice générale du HUB612, l’accélérateur-investisseur de la Caisse d’Épargne Rhône Alpes, figure même parmi les nommés à l’élection des leaders de l’année, catégorie « révélation ». Devancée dans les suffrages par Virginie Carton (OnlyLyon Tourisme & Congrès), elle échappe au discours, presque soulagée.
« J’ai un peu de mal à prendre la parole en public. On me dit toujours que je me débrouille pas trop mal, mais je suis trop envahie par le stress. Je n’aime pas que la lumière soit sur moi. »
Longtemps restée dans l’ombre, la dirigeante au franc-parler détonnant, qui explique notamment « avoir besoin de renifler le cul des entrepreneurs » avant de toper dans la main, est aujourd’hui l’une des figures majeures de l’écosystème du numérique et des start-up à Lyon.
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