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La famille Boiron reprend tous les pouvoirs chez Boiron. À commencer par la direction générale qui avait été confiée à Valérie Lorentz-Poinsot, début 2019, sur décision de Christian Boiron, considérant alors qu’aucun membre de la famille ne disposait des compétences requises pour exercer cette fonction.
C’est donc Thierry Boiron, jusqu’alors président du conseil d’administration qui récupère la direction opérationnelle du numéro 1 mondial de l’homéopathie.
Un poste qu’il a déjà occupé au début des années 2000, avant que son frère ainé, Christian Boiron, ne décide d’inverser les rôles, reprenant la direction générale et confiant la présidence du conseil d’administration à Thierry Boiron. Il est vrai que les relations entre les deux frères n’ont pas toujours été des plus simples.
Depuis le conseil d’administration d’hier, le partage des rôles est clair : à Thierry Boiron les manettes opérationnelles du groupe, aux trois filles de Christian Boiron, la présidence du conseil d’administration de Boiron (Anabelle Flory-Boiron) et des deux holdings familiaux, Sodeva (pour Stéphanie Chesnot-Boiron) et SHB (pour Laurence Boiron).
Fin d’une aventure de 24 ans
Pour Valérie Lorentz-Poinsot, qui a dû affronter de nombreuses tempêtes (déremboursement de l’homéopathie en France, crise covid) avec, à la clé, une lourde restructuration marquée par un plan social historique, le coup est rude.
Après avoir remis l’entreprise à flot (Boiron n’est jamais tombée dans le rouge) et engagé plusieurs diversifications (distribution de tests covid, nouveaux produits, probiotiques, cannabis à usage médical, start-up dans la cosmétique), la directrice générale est remerciée et démissionne de son poste d’administratrice.
La fin d’une aventure de presque 24 ans chez Boiron, où elle était arrivée début 2000, après des débuts dans la publicité chez Publicis puis deux premières expériences dans le monde de la pharmacie. À savoir, 5 ans chez Fournier puis 2 ans chez Urgo, avant de rejoindre Boiron.
➔ En vidéo : Grand Entretien avec Valérie Lorentz-Poinsot
Le successeur de Valérie Lorentz-Poinsot, Thierry Boiron n’a pas manqué de « remercier Valérie Lorentz-Poinsot pour avoir œuvré sans relâche pendant plus de 5 ans à la direction générale dans un environnement particulièrement adverse. Son expérience à la tête du groupe a permis de faire face aux différentes crises rencontrées ces dernières années et d’initier une nouvelle stratégie de développement ».
Et d’expliquer qu’il prend les rênes opérationnelles pour « faire réussir un nouveau cycle de développement ambitieux et risqué ». Thierry Boiron souligne que son « investissement personnel » s’accompagne de celui des 3 filles de Christian Boiron. Bref Thierry Boiron reprend le pouvoir sous le contrôle de ses 3 nièces.
Comme un air de revanche pour Thierry Boiron
Difficile de ne pas interpréter ce retour au pouvoir comme une forme de revanche personnelle pour Thierry Boiron que son frère ainé avait fait revenir des Etats-Unis pour qu’il prenne la direction générale du groupe avant de l’en déloger quelques années plus tard puis d’installer une directrice générale non-membre de la famille.
Autre revanche, celle d’Anabelle Flory-Boiron, qui a travaillé 19 ans au sein des Laboratoires Boiron jusqu’en décembre 2021 et qui est nommée à la présidence du conseil d’administration en lieu et place de son oncle.
Elle revient par la grande porte, non pas en tant que salariée mais comme N°1 dans un poste de représentante des actionnaires familiaux, bien décidés à reprendre complètement la main sur le groupe, à défaut d’avoir réussi à sortir de la bourse fin 2023. « Je suis très heureuse de succéder à Thierry à la présidence de Boiron et de représenter la 3e génération à la tête de l’entreprise familiale », déclare Anabelle Flory-Boiron.
Echec dans la tentative de sortie de la bourse
Après les frères fondateurs en 1932 -les jumeaux Jean et Henri Boiron-, après Christian, Thierry et Michèle, la 3e génération se place, à son tour, aux 1ères loges. La famille Boiron avait annoncé son intention de sortir de la bourse, il y a tout juste un an. Associée au fonds EW Healthcare Partners (société de gestion du secteur de la santé), la famille Boiron a apporté ses actions Boiron SA dans Boiron Développement aux côtés d’EW.
L’OPA simplifiée n’a pas permis à Boiron de se retirer de la bourse, la part du flottant restant de 20% (il faut franchir les 90% de détention du capital pour envisager un retrait). Boiron a réalisé un chiffre d’affaires de 493,2 millions d’euros en 2023 (-7,7%) pour un résultat net de 35,8 millions (-19,8%).
Valérie Lorentz-Poinsot, très impliquée dans les cercles féminins (IWF) et co-présidente du club Auvergne-Rhône-Alpes des ETI, rappelle régulièrement sa devise fétiche: « Respirer, réfléchir, réagir, toujours dans cet ordre« . Nul doute qu’elle l’a mise en pratique, hier, à l’issue du conseil d’administration de Boiron.
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