Alain Tur a longtemps cru pouvoir s’en sortir. L’entreprise créée par lui-même et son frère Sylvain en juillet 1993, d’où le nom d’AST Groupe, était devenue en trois décennies le numéro 3 des constructeurs de maisons individuelles en France.
Victime de la crise de l’immobilier (les ventes des maisons individuelles ont chuté de 39% en 2023 selon la fédération des promoteurs constructeurs), l’entreprise de Décines travaillait depuis de nombreux mois à la recherche d’une solution pour s’en sortir.
Un dossier suivi en haut lieu, notamment par le CIRI (Comité interministériel de restructurations industrielles) avec le choix d’une procédure de sauvegarde accélérée en mars dernier accordée par le tribunal de commerce de Lyon. Restait à obtenir le feu vert de tous les partenaires (garants et banquiers, notamment) sur le plan de sauvegarde élaboré par Alain Tur et la direction de l’entreprise.
CGI Bâtiment dit « niet » au plan de sauvegarde
Avec, à la clé, une restructuration autour des axes forts d’AST. À savoir un repositionnement autour du quart sud-est de la France et des activités à plus forte valeur ajoutée. Alain Tur entendait préserver son outil industriel intégré autour des maisons à ossature bois avec Natilia. Ce plan, soutenu par les pouvoirs publics, n’a toutefois pas été approuvé fin juillet par tous les partenaires concernés, plus spécialement du côté des garants.
Ainsi, CGI Bâtiment, l’une des sociétés d’assurance caution s’y est opposée, à la différence d’AXA et CEGC. Une position mal vécue et mal comprise au sein d’AST. Cette opposition bloquant la mise en place du plan de sauvegarde, le tribunal de commerce de Lyon n’avait d’autre solution que de placer AST Groupe en redressement judiciaire le 1er août dernier avec une période d’observation de 6 mois. Ce redressement concerne aussi les filiales DPLE et Maisons Idéoz, deux acquisitions antérieures d’AST.
De leur côté, les sociétés Pobi Structures et Pobi Industrie (maisons à ossature bois Natilia), non concernées par la 1ère procédure collective du printemps, sont placées en sauvegarde.
AST avait rejoint la bourse en 2000
Dans un communiqué, AST Groupe constate que « l’ouverture de ces procédures permettra d’optimiser les possibilités de reprise des activités du groupe, notamment industrielles et de protéger au mieux possible les emplois. Dans le cadre de ces procédures, le Tribunal de commerce de Lyon sera amené à examiner d’éventuelles offres de reprises d’actifs ».
L’avenir de la société de Décines passe donc par une cession désormais. L’avenir d’AST Groupe n’appartient plus à Alain Tur. Un rude coup pour l’entrepreneur qui a propulsé le constructeur de maisons individuelles sur le podium de son secteur.
Introduit en bourse en 2000, AST avait bénéficié de la notoriété boursière que procure une cotation. Son passage dans le magazine Capital de M6 avait eu aussi un impact très positif sur le groupe. Fêtant les 25 ans de l’entreprise en 2018, Alain Tur présentait un nouveau plan stratégique « Cap 300 » qui devait le conduire aux 300 millions d’euros de chiffre d’affaires (178,7 millions d’euros en 2023)
La crise de l’immobilier et du bâtiment en a décidé autrement. Après Geoxia (Maisons Phénix), liquidé mi-2022, c’est un autre acteur majeur de la maison individuelle qui est touché de plein fouet.
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