Il n’y aura finalement pas de bataille pour le contrôle et la direction de Maison Lejaby. Les deux hommes d’affaires, l’Indonésien Salim Podiono et le Lyonnais Guy Chifflot ont préféré enterrer la hache de guerre. La température était brusquement montée entre eux, fin juin, au moment de signer les statuts de la société.
La célèbre marque lyonnaise de lingerie féminine avait été placée en redressement judiciaire début janvier, se retrouvant pour la 3e fois en une dizaine d’années devant le tribunal de commerce. L’attelage Podiono-Chifflot avait été retenu par la juridiction consulaire début mai pour reprendre Lejaby sur la base d’une répartition à 65% pour l’Indonésien et à 35% pour le Lyonnais, les manettes de l’entreprise étant alors confiées aux Chifflot (Fabienne Chifflot comme P.-D.G., Guy Chifflot dans un rôle de directeur général et conseiller).
Guy Chifflot éconduit par Salim Podiono fin juin
Les repreneurs s’engageaient à injecter immédiatement 450 000 euros et 3,5 millions à plus long terme. Restait à finaliser tout cela et à signer les statuts de la société. C’est là que l’affaire tourne mal. Lors d’un passage à Lyon, Salim Podiono refuse les statuts préparés par les Chifflot et fait savoir – sans ménagement — à l’ancien patron d’Orapi qu’il ne compte pas sur lui.
Guy Chifflot crie au scandale, reprochant à l’homme d’affaires indonésien de « faire fi du jugement du tribunal ». Et de dénoncer une « attitude qui ne correspond pas à l’esprit du jugement ». L’industriel lyonnais explique alors qu’il a demandé la nomination d’un mandataire ad-hoc.
Un peu moins de trois mois plus tard, c’est par un communiqué laconique de 5 lignes que Guy et Fabienne Chifflot déclarent avoir « conclu avec Salim Podiono un accord mettant fin à leur différend relatif à la reprise de Lejaby », tout en précisant qu’ils ont été « heureux de contribuer à la reprise des actifs de la maison Lejaby par Monsieur Podiono, industriel indonésien reconnu et souhaitent le meilleur à Lejaby Maison de création et à ses salariés ».
Intérêt pour la marque, inquiétude du personnel
Guy Chifflot a trouvé un terrain d’entente avec l’homme d’affaires indonésien pour la reprise de ses 35%. Salim Podiono est désormais propriétaire à 100% de la marque de lingerie lyonnaise. Guy Chifflot renonce à toute action en justice et dit à nouveau du bien de Salim Podiono, après avoir laissé son entourage expliquer que son nom était cité dans les Panama Papers – BVI.
Reste, du côté du personnel, une certaine inquiétude. Le tandem s’était engagé en mai à reprendre 24 personnes sur une cinquantaine. Guy Chifflot expliquait alors vouloir créer un showroom et un magasin d’usine, mais aussi un musée à terme, jugeant « l’histoire et le savoir-faire de Lejaby exceptionnels ».
Salim Podiono est-il intéressé par autre chose que la seule marque ? « Nous respectons le plan présenté en mai, explique le conseil de Lejaby, joint en fin de journée. Nous voulons reconsolider la marque en nous appuyant sur l’atelier de recherche et de création à Lyon. Le plan d’investissement annoncé se met en oeuvre et nous avons recruté un nouveau directeur général, Xavier Martin« . Autant dire que l’actionnaire de Lejaby réfute l’idée de ne vouloir garder que la marque.
Le nouveau directeur général, Xavier Martin, arrivé début septembre, est un professionnel reconnu du secteur qui affiche près de 20 ans dans le secteur de la lingerie autour de marques connues: Huit, Simone Pérèle ou Aubade.
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