C’est un secret bien gardé mais, sauf surprise de dernière minute, Stéphanie Pernod devrait être élue dans 3 jours, présidente de la région Auvergne-Rhône-Alpes, à la suite de la démission de Laurent Wauquiez de son poste de président. A bientôt 46 ans, cette professeure de philosophie affiche déjà plus de 23 ans de mandats d’élue. Elle n’avait que 22 ans quand elle a décroché sa 1ère élection d’adjointe au maire à Hauteville-Lompnes en mars 2001.
Elle siège à la région Auvergne-Rhône-Alpes depuis mars 2010, à 31 ans, d’abord comme conseillère régionale d’opposition à Jean-Jack Queyranne puis présidente du groupe d’élus régionaux UDC (Union de la droite et du centre), puis vice-présidente aux côtés de Laurent Wauquiez à partir de janvier 2016.
Elle quitte l’enseignement à la suite de son engagement comme assistante parlementaire auprès d’Etienne Blanc, député de l’Ain. Elle sera même députée à sa suite entre juin 2016 et juin 2017, avant d’être battue Olga Givernet et la vague macroniste. Sur le plan local, depuis 2020, elle est 1ère adjointe au maire de la nouvelle commune du Plateau d’Hauteville.
Elle anime le G6 avec autorité
A la région, en janvier 2016, elle prend à bras le corps le dossier de la formation professionnelle et de l’apprentissage sous le 1er mandat de Laurent Wauquiez avant que ce dernier, réélu en juin 2021, ne lui demande de devenir sa 1ère vice-présidente, en charge de l’économie, de la réindustrialisation, de la préférence régionale et du numérique.
Autant de dossiers chers au président de région et qui vont lui permettre de se faire apprécier du monde économique. C’est elle qui pilote avec autorité le G6 de la réindustrialisation rassemblant la Région, la CCI, le Medef, la CPME, l’agence Auvergne-Rhône-Alpes Entreprises et Bpifrance.
« On ne comprendrait pas que ce ne soit pas elle la prochaine présidente », déclarait en fin de semaine dernière un responsable économique. De fait, tout plaide en sa faveur, ne serait-ce que parce qu’elle est la 1ère vice-présidente sortante et que, comme l’explique un observateur politique, « depuis 2 mandats, elle fait le job et, plus encore, depuis 3 ans ».
Priorité à Valence pour Nicolas Daragon ?
Par rapport à deux autres candidats potentiels (Nicolas Daragon, 2ème vice-président en charge des finances et de l’administration générale et Frédéric Aguilera, vice-président en charge des transports), Stéphanie Pernod présente aussi l’avantage de ne pas avoir à assurer sa réélection dans une ville importante dans moins de 2 ans.
Qu’il s’agisse de Nicolas Daragon à Valence, ou de Frédéric Aguilera à Vichy, se retrouver président de région, voudrait dire renoncer à leur mandat de 1er magistrat. Pas sûr qu’ils aient envie de se dessaisir de ce mandat, a fortiori dans un contexte politique générale pas simple. La situation à Valence et dans l’agglomération est pour le moins délicate pour le maire et président de l’agglomération depuis 10 ans, entre LFI d’un côté et le RN, de l’autre côté.
Si le nom de Brice Hortefeux a aussi été évoqué, c’est en partie parce qu’il n’est plus député européen. Mais, dans les couloirs de la région, nombreux sont ceux pour qui Brice Hortefeux est plus parisien désormais que présent dans la région. « Et puis, en termes de renouvellement, il y a meilleure image à donner qu’un sexagénaire, surtout quand on dispose de quadras compétents ».
Renaud Pfeffer pourrait grimper dans la hiérarchie
Autre proche de Laurent Wauquiez parfois cité, celui de Renaud Pfeffer, maire de Mornant et président de la Communauté de communes du Pays mornantais (COPAMO), pourrait grimper dans la hiérarchie des vice-présidents. Transfuge du conseil départemental du Rhône, il avait troqué une place de 1er vice-président départemental pour une 8e vice-présidence à la Région en charge de la sécurité.
En effet, jeudi, outre l’élection du ou de la présidente de Région, c’est tout l’exécutif du Conseil régional qui sera soumis à réélection. Il sera intéressant de voir sur combien de postes portent les changements.
De la même façon, l’actuel cabinet de Laurent Wauquiez devrait évoluer à la marge. Un ou deux départs vers Paris auprès du président du groupe parlementaire de la Droite républicaine sont attendus, celui d’Antoine Henaff, par exemple. En revanche, Blandine Vinagre-Rocca, la directrice de cabinet (qui partage la vie de Pierre Oliver, maire LR du 2e arrondissement), Geoffrey Mercier, directeur adjoint de cabinet ou bien encore Alexis Camus, sont donnés comme restants à la confluence.
Comme il l’a précisé le jour de sa démission, Laurent Wauquiez reste conseiller régional et continuera à suivre de près les dossiers d’Auvergne-Rhône-Alpes, à commencer par celui des JO d’hiver 2030, décrochés en juillet dernier avec la candidature Alpes françaises 2030, regroupant Auvergne-Rhône-Alpes et PACA.