Ils étaient déjà associés au sein du groupe lyonnais de relations médias et d’affaires publiques Intelligible (23 collaborateurs, 2 millions d’euros de chiffre d’affaires par an). Benoît Terrière et Jean-Michel Mandin le sont dorénavant aussi en tant que viticulteurs.
Les partenaires devenus potes ont racheté, il y a deux ans, une petite parcelle d’un hectare (100 mètres sur 100 mètres) à Chénas, dans le nord Beaujolais. Un bout de vieilles vignes sur un terrain « que personne ne voulait racheter » parce que trop en pente pour être mécanisable.
Mais avec sa vue sur le Mont-Blanc les jours où l’horizon est dégagé, l’endroit est parfait pour les deux entrepreneurs qui ont opté dès le départ pour une démarche artisanale. « Nous faisons tout à la main, on taille les pieds de vignes, on bêche la terre… Et c’était cela l’idée, tout faire nous-mêmes pour apprendre le métier. On s’est lancé from scratch », rapporte le duo, désormais à la tête du petit Domaine des Chanes.
Moins de 2000 bouteilles produites (vendues entre 18 et 22 euros) pour leur première année d’exploitation en 2022 : 589 bouteilles récoltées en chénas (rouge) sur leur parcelle, et 1187 bouteilles de beaujolais blanc réalisées à partir d’un raisin cultivé en biodynamie par un autre viticulteur du coin.
Et les rôles sont bien répartis entre Benoît Terrière en fin connaisseur du végétal qui aime depuis tout petit mettre les mains dans la terre, et Jean-Michel Mandin en expert du vin dont les week-ends ont souvent été occupés par des rencontres avec des vignerons de tous poils depuis qu’il est en âge de faire des dégustations. Et c’est lui qui se charge de la vinification de A à Z, avec pour philosophie de faire « le moins d’intervention possible à la cave » et laisser faire le travail de la nature.
« Une manière différente de travailler »
Dans la catégorie lève-tôt, Jean-Michel Mandin n’hésite pas à aller au chai (installé chez un ami viticulteur) dès potron-minet pour faire des analyses puis revenir à Lyon et enquiller une journée de travail. Les deux associés aiment aussi prendre une matinée dans la semaine pour se retrouver à Chénas.
Et pendant qu’ils arrachent les mauvaises herbes, les discussions tournent souvent autour du groupe Intelligible. « Ce sont des moments où l’on échange beaucoup. On parle de la boîte et des projets. C’est une manière différente de travailler, comme si l’on faisait des microséminaires à chaque fois. Et on est super efficaces », rapportent Benoît Terrière et Jean-Michel Mandin.
« Nous faisons tout à la main, on taille les pieds de vignes, on bêche la terre… Et c’était cela l’idée, tout faire nous-mêmes pour apprendre le métier »
Et ils n’ont pas de mal à trouver des ponts entre leurs deux casquettes. « Nos valeurs sont les mêmes. On laisse pousser les petites fleurs et butiner les papillons dans nos vignes, cela ne nous intéresserait pas de bosser pour une boîte comme Bayer avec Intelligible. Et puis notre entreprise qui réalise 2 millions d’euros de chiffre d’affaires ou notre parcelle de 1 hectare de vignes, ce sont à chaque fois des choses modestes », expose Benoît Terrière.
Reste que « le but, ce n’est pas de vendre nos bouteilles à nos copains ». Les deux néo-viticulteurs affichent une véritable vision. « L’idée n’est pas de gagner de l’argent, mais de rentrer dans nos frais. Et, comme on part de rien, notre plus grande fierté serait d’être reconnus comme des viticulteurs qui font du vin de qualité », posent-ils.
Cela en prend le chemin : le jeune Domaine des Chanes est proposé chez une dizaine de cavistes et de restaurants (à Lyon, mais aussi à Pau ou encore Arras) et le stock de la récolte 2022 est quasiment épuisé.
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