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C’était un rêve depuis une trentaine d’années qui est enfin devenu une réalité. Hervé Kratiroff et Éric Versini, le duo à la tête du fonds d’investissement entrepreneurial lyonnais Solexia (15 entreprises, 490 collaborateurs, 130 millions d’euros de chiffre d’affaires par an), a signé l’été dernier la reprise du Domaine des Terres de Velle à Auxey-Duresses, à cinq minutes de Meursault et à une cinquantaine de kilomètres au sud de Dijon.
« La plus belle de nos acquisitions », commentent les deux associés qui ont beaucoup de points communs, dont celui de vouer un culte aux grands vins de Bourgogne. Cela a commencé, il y a longtemps, par des week-ends intensifs de dégustation et de rencontres passionnées.
« Nous voulons que le domaine devienne une référence mondiale »
Puis il y a eu, en 2014, la création du restaurant gastronomique Burgundy by Matthieu sur le quai Saint-Antoine avec sa carte exclusivement dédiée aux nectars de Bourgogne, et qui vient de décrocher sa première étoile (méritée) au Guide Michelin. Et enfin le rachat du Domaine des Terres de Velle qui compile sept hectares de vignes (soit une production d’environ 40 000 bouteilles par an) dans les villages les plus prestigieux de la côte de Beaune.
Un coin où les parcelles de vignes à acheter sont très rares et très chères, surtout quand on parle, comme ici, de pieds cinquantenaires de très grande qualité. « On voit pas mal de chefs d’entreprise pour qui l’achat d’un domaine est une danseuse, ce n’est pas du tout notre démarche. L’idée n’est pas non plus de nous la péter en disant que nous avons des vignes en Bourgogne. Nous avons toujours eu l’envie de reprendre un domaine, et notre vision est très aboutie sur ce que nous voulons faire comme type de vin. Nous voulons que le domaine devienne une référence mondiale », posent avec conviction Hervé Kratiroff et Éric Versini.
Jusqu’à 700 euros la bouteille
Et les deux hommes se donnent les moyens de leurs grandes ambitions. Ils ont ainsi débauché Pierre Vincent, jusqu’alors directeur général du réputé Domaine Leflaive, pour lui donner les rênes – avec beaucoup de liberté – du Domaine des Terres de Velle qui est désormais rebaptisé Domaine Pierre Vincent. « Pour bien comprendre, Pierre, c’est une star mondiale : le Rafael Nadal de la vinification. C’est le meilleur. Les vins qu’il développe sont extraordinaires. Nous sommes vraiment très fiers de l’avoir avec nous. Cela fait des années que nous nous connaissons et nous sommes devenus amis. » rapporte Hervé Kratiroff.
« Quand nous lui avons présenté le projet, nous lui avons dit que nous voulions qu’il fasse des vins comme chez Leflaive. Il nous a répondu : “Non, je vais faire des vins comme Pierre Vincent.” Et aujourd’hui, nous sommes simplement là pour l’accompagner », précise Hervé Kratiroff qui a hâte de commercialiser, à partir de l’an prochain, les premières cuvées de ce domaine qui va proposer des mini-productions (900 bouteilles en moyenne) de plusieurs appellations d’exception (chassagne-montrachet premier cru, meursault premier cru…).
Les prix sortent aussi de l’ordinaire : de 34 euros jusqu’à… 700 euros pour une bouteille de blanc frappée de l’étiquette Corton-Charlemagne Grand Cru. « Là, on est dans le domaine de la haute couture », justifie le duo.
Et les retours des premiers testeurs seraient très positifs. « Des importateurs asiatiques, américains et anglais sont venus goûter quelques gouttes des différentes cuves et ils en sont fous », assurent les associés de Solexia qui ambitionnent de faire passer rapidement le chiffre d’affaires du Domaine Pierre Vincent de 800 000 euros (pour l’ancien propriétaire) à plus de 2 millions d’euros par an. Une vision entrepreneuriale bien sûr, surtout avec ce montant d’investissement (gardé secret mais costaud).
Et toujours une autre satisfaction dans la tête de ces deux passionnés : celle de pouvoir s’enivrer de leur propre vin.
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