Avant de quitter la scène et de remercier chaleureusement les 4 000 spectateurs de la Halle Tony Garnier, l’humoriste Maxime Gasteuil avait un dernier message pour son public lyonnais début octobre : « C’est ma cinquième date à Lyon, la troisième ici à la Halle Tony Garnier. La prochaine fois, venez on ne s’emmerde pas, on fait l’aréna. On va chez Tony Parker ! » Le Bordelais n’a sans doute guère eu vent du rachat de la salle de Décines par Jean-Michel Aulas mais sa petite phrase illustre bien la concurrence nouvelle et le futur rapport de force entre les deux plus grandes scènes lyonnaises.
Depuis son ouverture en novembre dernier, la LDLC Arena a déjà accueilli plus d’une trentaine de concerts, spectacles et événements sportifs, et la programmation s’annonce encore très dense d’ici la fin d’année (SCH, Patrick Bruel, Gims, Cirque du Soleil…).
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Surtout, la nouvelle salle de Décines attire des stars mondiales et grosses pointures de l’industrie comme Justin Timberlake, Dua Lipa, Green Day ou Kylie Minogue, quand la Halle semble désormais quelque peu reléguée au second plan dans le choix des promoteurs.
« Bien sûr qu’on aimerait avoir les plus grosses stars qui rayonnent et les concerts qu’ils ont à Décines. Mais il ne faut pas avoir peur de la concurrence, c’est stimulant », souligne Thierry Pilat, le directeur général de la Halle Tony Garnier.
Les gros noms à la LDLC Arena
Et la concurrence entre les deux scènes est déjà rude. « J’adore la Halle Tony Garnier mais avant d’être une salle de spectacle, c’est un abattoir, un monument historique, indiquait Xavier Pierrot, le directeur général délégué de la LDLC Arena, peu avant l’été. Cela fait quelques années que les grandes stars n’y vont plus et les concerts que nous avons faits avec Green Day, Sting ou Justin Timberlake n’auraient pas pu se faire à la Halle. »
Il est vrai qu’à l’exception du groupe de hard-rock américain Kiss en 2023, les passages des grands artistes mondiaux se raréfient du côté de Gerland depuis la crise du Covid. L’âge d’or des années 2000-2010 de la Halle Tony Garnier (Johnny Halliday, Beyoncé, Metallica, Britney Spears, Muse, Rihanna, Shakira, Bruno Mars, Alicia Keys…) semble aujourd’hui révolu.
« Je pense que la Halle doit se réinventer et trouver un autre positionnement que celui du spectacle. C’est un espace immense avec d’énormes qualités qui offre des tas de possibilités. J’espère que la Ville aura des projets pour redonner à cette salle toute sa splendeur », pose Xavier Pierrot.
Le record de la Halle Tony Garnier depuis le Covid pour Cigarettes After Sex
L’avenir de la salle historique du 7e arrondissement serait-il donc menacé par la sortie de terre du nouveau mastodonte multifonction d’OL Vallée ? « Nos deux lieux sont concurrents, mais tout nous sépare, rappelle Thierry Pilat. Ils sont en périphérie, et nous en centre-ville ; ils sont flambant neuf, et nous dans un monument historique. Ils sont privés, et nous public. Et rappelons qu’une grande partie de notre programmation concerne des spectacles assis de 3 000 à 5 000 personnes, une jauge qui n’est pas adaptée pour l’aréna. »
La salle de Décines, qui a notamment accueilli la cérémonie d’ouverture des WorldSkills en septembre en présence d’Emmanuel Macron, affiche en effet une capacité d’au minimum 12 000 places selon les configurations (et jusqu’à 16 000 places en version concert).
Du côté de Gerland, on mise donc sur une programmation « riche, variée et ambitieuse » pour contrer cette nouvelle concurrence. « Nous avons des concerts d’artistes français et internationaux, des soirées rap, électro, de l’humour, du cinéma et des salons ou conventions d’entreprises », souligne Thierry Pilat.
Parmi les noms attendus d’ici la fin de l’année : Shaka Ponk, Eddy de Pretto, David Halliday, Zaho de Sagazan, Kaaris et le groupe américain Cigarettes After Sex, qui a fait exploser la billetterie au printemps. « Nous avons vendu plus de 5 000 billets le premier jour pour cette date. On aura donc la capacité maximale de la salle ce soir-là avec 16 800 places, du jamais vu depuis trois ans », se félicite le directeur de la Halle.
Programmation dense et diverse
Portée par une nouvelle belle édition du Festival Lumière ces derniers jours, la Halle Tony Garnier a aussi accueilli en septembre The Ink Factory, grand rassemblement d’artistes tatoueurs venus de 30 pays, et poursuivra ces prochaines semaines avec l’annuel Salon des Vignerons début novembre, l’arrivée de la 70e édition de la SaintéLyon, des spectacles de danse sur glace, ou le Salon du Chocolat.
« On absorbe bien le choc parce que la salle s’adapte à tous les publics. Nous avons un lieu unique qui nous permet d’accueillir des événements très variés », annonce Thierry Pilat. En 2023, la Halle a accueilli un total de 600 000 spectateurs et visiteurs sur 87 représentations et sept salons ou conventions. « Nous sortons d’une très belle année qui conforte la santé financière de l’établissement. Les Lyonnais aiment cette salle et sont au rendez-vous », rassure Vincent Monot, élu à la Ville et nouveau président de la Halle Tony Garnier après le départ de Nathalie Perrin-Gilbert de l’exécutif municipal.
La Ville de Lyon devrait d’ailleurs poursuivre les chantiers lancés pour le réaménagement de la salle du 7e arrondissement.
« On aimerait revoir les gradins pour améliorer le confort du public et la fonctionnalité de la salle, lance Thierry Pilat. Cela nous permettrait d’avoir un plus grand hall d’entrée et un lieu plus ouvert sur le parvis et l’extérieur. »
Des travaux engagés
La Halle disposait sur le mandat d’une enveloppe de 4,5 millions d’euros, déjà bien consommée dans divers chantiers (remplacement des groupes froids et des postes de livraison électrique) et devra sans doute attendre les prochaines municipales pour se lancer dans ces nouveaux travaux. « Je pousse la Ville à investir dans ce bâtiment. Il faut préparer la suite. Les usages ont changé, à nous d’être à la hauteur de salles comme l’aréna. » La concurrence ne fait que débuter.
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