S’il y a une chose qui n’a pas changé entre l’ère Jean-Michel Aulas et l’ère John Textor, c’est qu’il faut toujours aller à la dernière ligne du communiqué de presse pour découvrir l’information principale…
En l’occurrence, dans le communiqué de présentation des résultats de l’exercice 2023-2024 d’Eagle Football Group (ex OL Groupe), c’est une phrase lourde de sens puisque le club reconnaît que « les commissaires aux comptes du groupe envisagent d’émettre une impossibilité de certifier sur les comptes sociaux et consolidés d’Eagle Football Group ».
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Et pour être encore plus explicite : « Les commissaires aux comptes ont estimé que les travaux d’audit menés sur les hypothèses structurantes de la continuité d’exploitation ne leur ont pas permis de recueillir les éléments probants suffisants pour se prononcer sur le caractère raisonnable des différentes hypothèses, ni en conséquence sur le bien-fondé du principe de continuité d’exploitation retenu pour l’arrêté des comptes sociaux et consolidés d’Eagle Football Group ».
Rien que cela. L’OL est-il au bord d’un dépôt de bilan ? Après une telle sentence des CAC, la question se pose, en effet.
John Textor a besoin de plus de 250 millions d’euros
Pour éviter une telle issue, les actionnaires détaillent leur plan un peu plus haut dans le communiqué. À savoir : des apports de 75 millions d’euros d’ici à fin décembre 2024 sous la forme de « capitaux propres et/ou de produits de cessions de joueurs détenus par des clubs du groupe d’Eagle Football Holdings ». Mais aussi un apport de 40 millions d’euros de la part d’Eagle Football Holdings provenant de la cession prévue de sa participation dans Crystal Palace Football Club.
Et encore : apport d’un montant maximum de 100 millions d’euros en début d’année 2025 de la part d’Eagle Football Holdings dans le cadre de son projet d’introduction en Bourse sur le New York Stock Exchange. Sans oublier la réalisation de cessions de joueurs lors du mercato de janvier 2025 (N.D.L.R. : tout le monde pense à la pépite Fofana qui brille de mille feux ces dernières semaines).
Encore plus inquiétant, la mention « signature d’un waiver (discussion en cours) » ne précise pas sur quoi porte ce que l’on peut traduire par une « renonciation, dérogation ou exemption ». Le projet de plan de départs volontaires est toujours d’actualité, lui aussi.
Bref, l’ex OL Groupe de John Textor aurait besoin de plus de 250 millions d’euros d’argent frais dans les 3 mois qui viennent… Autrement dit, c’est une course contre la montre qui est engagée. Car, si « le groupe estime qu’il est probable que tout ou partie de ces opérations de financement soit mené à leur terme », il reconnaît explicitement que « tout retard important ou toute non-réalisation de ces flux de trésorerie pourrait remettre en cause le principe de continuité d’exploitation de la société et de ses filiales ». D’où la position des commissaires aux comptes qui, à ce stade, refusent de certifier les comptes.
Un communiqué diffusé à 23 heures
On comprend mieux pourquoi l’OL avait décidé de reporter la publication de ses comptes, initialement prévue fin octobre. « Cela n’augure rien de positif », lâchait un analyste financier la semaine dernière. Les discussions au conseil d’administration et avec les CAC ont duré aussi jusqu’à tard puisque le communiqué n’a été diffusé qu’à 23 h 40.
Un communiqué dans lequel on apprend aussi qu’au cours de son exercice 2023-2024, clos le 30 juin dernier, l’ex OL Groupe a réalisé un chiffre d’affaires de 361 millions d’euros en croissance de + 25 % (avec 97 millions d’euros de cessions de joueurs et 43 millions d’euros d’events, soit un bond de + 161 %).
Le résultat net s’améliore puisque les pertes passent d’une centaine de millions d’euros l’exercice précédent à – 25,7 millions d’euros en 2023-2024.
Reste le gros point noir à l’origine des tourments de l’entreprise : les dettes financières s’élevaient à 505 millions d’euros au 30 juin 2024 (contre 458 millions au 30 juin 2023) et l’endettement net de trésorerie atteignait 463 millions, contre 404 millions un an auparavant.
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