Il est passé « de créer de la valeur à travailler pour des valeurs ». Diplômé de HEC, Manuel Patrouillard poursuit une longue carrière dans le management et le conseil avant de s’engager pour la solidarité internationale. Consultant et project manager chez Bouygues, il intègre McKinsey en 1998. Amené à diriger des équipes sur tous les continents, il apprécie la dimension internationale, mais a du mal à se sentir épanoui : « Je ne trouvais plus trop de sens à ce que je faisais. On nous fait croire que le bonheur, c’est l’argent, le pouvoir, la reconnaissance ou la consommation… Alors que ce n’est pas ça. Le bonheur, c’est le contact, que ce soit avec la nature, les animaux ou les humains. »
C’est face à cette réflexion qu’en 2013, il quitte le prestigieux cabinet de conseil pour faire ses premiers pas dans la solidarité au sein d’Aide et Action : « J’ai été consultant pour eux en tant que bénévole et j’ai fini par me retrouver à la direction. Là, j’avais une vraie motivation », reconnaît-il.
À l’issue de cette mission, en 2014, le hasard le rapproche de la première organisation à laquelle il avait fait un don au début de sa carrière professionnelle : Handicap International. « J’ai croisé le chemin de Jean-Baptiste Richardier, l’un des trois fondateurs, qui cherchait son successeur. Et il s’est dit, probablement avec raison, qu’un consultant avec de l’expérience associative pouvait bien répondre aux enjeux qu’ils avaient à l’époque », explique Manuel Patrouillard.
« Dans cet univers, il y a moins de faux-semblants »
Fondée en 1982 à Lyon, Handicap International agit dans les situations de conflits, de catastrophes naturelles et de pauvreté pour soutenir les personnes en situation de handicap et les populations vulnérables. Un sujet auquel Manuel Patrouillard est particulièrement attaché : « J’ai un lien avec le handicap au niveau personnel et familial, donc c’était quelque chose que je connaissais. »
Il entre alors dans « un monde d’enrichissement », très différent de son passé professionnel : « Chez McKinsey, je travaillais avec des équipes de nombreuses nationalités. Mais finalement, je voyais un 1 %, celui des plus privilégiés qui vivent dans une sorte de pièce de théâtre. Handicap International m’ouvre à un autre 1 %, celui des moins privilégiés. Et quand vous plongez dans cet univers, il y a moins de faux-semblants. »
« Le bonheur, c’est le contact, que ce soit avec la nature, les animaux ou les humains »
Avec ce sens retrouvé, Manuel Patrouillard célèbre ses dix ans à la tête de Handicap International. Une direction au cours de laquelle l’organisation a doublé de taille, non sans difficultés, notamment en raison de la baisse des financements publics : « Cela met à risque beaucoup de nos projets, mais aussi la vie et la survie de nombreuses personnes… », exprime-t-il.
Face à ces défis, l’association s’appuie fortement sur ses contributeurs privés, particulièrement en cette fin d’année : « Une période très importante pour nous. » Parce que, malgré le discours croissant de certains responsables politiques qui « veulent convaincre nos concitoyens qu’il faut s’enfermer et rester entre nous », Manuel Patrouillard est fier de constater que « nos donateurs sont convaincus que nous vivons dans une communauté humaine, plutôt que dans des communautés géographiques, ethniques ou religieuses ». Un message qu’il réaffirme après ces dix années d’engagement : « Handicap International m’a confirmé que l’on s’enrichit grâce à la différence. »
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