Jusqu’à la rentrée dernière, elle venait prendre son café au Rive Gauche dans le 6e, près de chez elle, chaque matin, tout en lisant Les Echos et en échangeant volontiers avec les décideurs habitués des lieux. Elle avait accepté de prendre la présidence du Comité de soutien à Emmanuel Macron dans la Métropole de Lyon au printemps 2022 et s’était mobilisée avec beaucoup d’anciens élus de la Région en faveur du Lyon Turin en avril 2023.
Coups de fil et SMS en cachette
Elle avait alors connu une 1ère alerte et racontait avec un sourire malicieux qu’elle passait des coups de fils et des SMS, en cachette sous le drap de sa chambre d’hôpital, « histoire de ne pas me faire gronder par les infirmières… Mais, vous comprenez, le sujet est trop important pour rester sans rien faire ».
Elle avait aussi adoré ses 6 ans à la présidence du Conseil de développement de la Métropole de Lyon, de 2015 à 2021, sa dernière fonction officielle. « J’ai une équipe formidable qui travaille remarquablement au service de l’avenir de cette Métropole, loin des empoignades politiques », expliquait alors Anne-Marie Comparini.
Née à Orange en juillet 1947, Anne-Marie Comparini avait suivi des études de droit public à Lyon avant de rejoindre l’ORTF (Office de la radiodiffusion-télévision française) au début des années soixante-dix puis l’INA (Institut national de l’audiovisuel) l’une des 7 sociétés créées après la disparition de l’ORTF.
En 1978, elle devient l’attachée parlementaire de Raymond Barre, élu député de Lyon dans la circonscription de l’ancien ministre gaulliste Louis Joxe. Elle le restera 23 ans, jusqu’à la fin du dernier mandat de député de l’ancien Premier ministre.
Debout face aux insultes en 1999
Fidèle collaboratrice de Raymond Barre, elle commence une carrière d’élue en 1986 quand Raymond Barre, chef de file UDF aux élections régionales la prend sur sa liste. Conseillère régionale, elle est réélue en 1992 puis en 1998 sur la liste de Charles Millon.
Lorsque l’élection de ce dernier est invalidée par le Conseil d’Etat, c’est elle qui est élue présidente du Conseil régional Rhône-Alpes début janvier 1999 avec le soutien de toute la gauche et d’une partie de l’UDF et quelques RPR qui n’ont pas accepté l’élection de Charles Millon avec le soutien du FN de Bruno Gollnisch. Elle encaisse les insultes et les vociférations des soutiens de Charles Millon qui viennent tambouriner le lendemain de son élection au pied de son immeuble dans le 6e.
De 1995 à 2001, elle fait partie de l’équipe de Raymond Barre à la ville de Lyon, elle est adjointe à la politique de la ville et aux universités. En 2002, elle est élue députée UDF de la 1ère circonscription du Rhône, face à la députée sortante Bernadette Isaac-Sibille qui a fait trébucher Michel Mercier, un an plus tôt, en menant la liste de Charles Millon dans le 5e arrondissement.
En 2004, à l’issue d’âpres négociations, Anne-Marie Comparini conduit la liste de la majorité avec Hervé Gaymard, UMP. Leur liste est battue au 2nd tour par celle de la gauche unie et des écologistes emmenée par Jean-Jack Queyranne. La gauche conquiert alors la quasi totalité des régions. Conseillère régionale d’opposition, elle est battue aux législatives de 2007.
Restée fidèle à François Bayrou arrivé 3e à l’élection présidentielle (derrière Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal), elle ne donne pas de consigne de vote au 2nd tour la présidentielle. Et ne rejoint pas le Nouveau Centre d’Hervé Morin. Elle trouve sur sa route, l’UMP Michel Havard qui l’élimine au soir du 1er tour et devient député du Rhône au 2nd tour.
Traitée de « salope » par Patrick Devedjian
Suivi par une équipe de Télé Lyon Métropole -TLM- qui tourne un reportage sur les premiers pas du nouveau député lyonnais, ce dernier est présenté devant le palais Bourbon par Renaud Muselier à Patrick Devedjian comme « le tombeur d’Anne-Marie Comparini ». « Congratulations ! cette salope… », répond Patrick Devedjian. La vidéo tourne en boucle. En visite à Lyon, le lendemain, le président de la République, condamne les propos de Patrick Devedjian (ce dernier est décédé des suites du Covid au printemps 2020, NDLR).
Pressentie pour être la tête de liste MoDem aux municipales de 2008 à Lyon, elle annonce en septembre 2007 qu’elle se retire de la vie politique et se contente de finir son mandat de conseillère régionale à la région. En 2014, elle soutient Gérard Collomb, candidat à un 3e mandat. L’année suivante, il lui confie la présidence du conseil de développement de la Métropole de Lyon, nouvellement créé.
A l’annonce du décès, les hommages se sont multipliés, toute la journée, hier, à commencer par François Bayrou, le Premier ministre, mais aussi Jean-Jack Queyranne qui lui avait succédé à la présidence de la région Rhône-Alpes ou bien encore, Thomas Rudigoz, ancien député LREM de 2017 à 2024, qui avait été le collaborateur d’Anne-Marie Comparini. Lyon Décideurs présente à sa famille et ses proches ses condoléances attristées.
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