Une grande (et très belle) photo de son père Bruno Lacroix, de dos et en noir et blanc, encadrée au mur. C’est la première chose qui saute aux yeux quand on met un pied dans le bureau de Stanislas Lacroix, au siège d’Aldes à Vénissieux.
Puis lorsqu’on s’assied en face du PDG de 53 ans à la tête du groupe familial (1 800 collaborateurs, près de 400 millions d’euros de chiffre d’affaires par an) spécialisé dans les systèmes de ventilation et de purification de l’air, difficile de ne pas se faire la réflexion : « Quand on voit Stan’, on voit Bruno Lacroix à l’âge de Stanislas. Ils sont pareils », expose Gilles Courteix, le président du Medef Lyon-Rhône. « C’est vraiment le fils de son père. Ils se ressemblent physiquement et s’impliquent tous les deux beaucoup à Lyon sur le plan économique et social », ajoute Bruno Voland, le président régional de la métallurgie UIMM.
Même silhouette longiligne, même visage oblong, mais la ressemblance n’est effectivement pas que physique avec le paternel qui conserve, à 81 ans, la présidence du conseil de surveillance d’Aldes. Bruno Lacroix, ancien président régional du Ceser et président depuis dix ans de la Fondation HCL, est l’une des principales figures du catholicisme social à la lyonnaise, et Stanislas Lacroix marche dans ses pas.
« Avec mon père, nous sommes tous les deux convaincus qu’une entreprise puise dans son terreau pour se développer. On se doit donc de redonner à notre territoire tout ce que l’on peut apporter. Car on ne peut pas être dirigeant d’une entreprise sans être préoccupé par le monde qui nous entoure », pose avec conviction Stanislas Lacroix qui s’inscrit dans la longue lignée des patrons sociaux lyonnais. « Il est l’incarnation parfaite de la nouvelle génération », soutient même l’une de ses connaissances.
« Quand on voit Stan’, on voit Bruno Lacroix à l’âge de Stanislas. Ils sont pareils »
Ce qui se traduit au quotidien par de multiples mandats en plus du pilotage de l’entreprise familiale : président au niveau national du syndicat professionnel des industries thermiques, aérauliques et frigorifiques Uniclima, membre du conseil de direction de l’UIMM Lyon-France (son père en a été le président) ou encore coprésident de la commission économie du Medef Lyon-Rhône (son père en a aussi été le président).
« Stanislas fait partie aujourd’hui des gens qui comptent à Lyon. C’est quelqu’un de droit qui ne parle pas pour ne rien dire. Il a une prestance, c’est un mec qui donne confiance. On a envie d’avoir ses conseils », reprend Bruno Voland de l’UIMM Lyon-France.
« Stanislas, c’est le respect de l’engagement et de la parole donnée. Il fait aussi preuve d’une grande rigueur, il n’aime pas les choses approximatives et cela se sent quand on travaille des dossiers avec lui. Quand il prend un mandat, ce n’est pas pour son propre intérêt, mais pour servir », approuve encore Gilles Courteix, le patron des patrons lyonnais.
Même son de cloche, encore, du côté de Camille Beurdeley, la déléguée générale du syndicat Uniclima : « Stanislas Lacroix s’investit beaucoup à la présidence, il représente la profession et défend ses intérêts. Il travaille les dossiers en profondeur, entre dans le détail des sujets en plus d’être capable d’une prise de hauteur. Il fait également preuve de beaucoup de qualités humaines en étant toujours dans la recherche de dialogue et de consensus avec ses interlocuteurs des cabinets des ministres du Logement, de l’Industrie et de la Transition énergétique », soutient-elle.
« Pas un catholique mondain »
« On peut dire que l’on a le même chromosome. Stanislas est dans la continuité en ce qui concerne les engagements et les qualités humaines. Même s’il est plus discret que moi qui suis un personnage », abonde Bruno Lacroix.
Et c’est sûrement là l’une des principales différences entre Stanislas et Bruno Lacroix. Là où le père est un incontournable personnage médiatique, le fils se fait beaucoup plus discret. « En cela aussi, on peut dire que je fais un peu “à la lyonnaise”, sourit Stanislas Lacroix. Je ne vois pas ce que m’apporterait une exposition. Dans mon métier, la visibilité du dirigeant n’est pas importante. »
« Le point commun de tous ces engagements, c’est que je trouve du sens »
Surtout, cela correspond tout à fait à son caractère. Car à en croire Étienne Piquet-Gauthier, le directeur général de L’Entreprise des Possibles (dont Aldes est un soutien), « Stanislas ne parle jamais beaucoup de lui, c’est un taiseux ». Et les deux hommes se connaissent bien, de l’époque où Étienne Piquet-Gauthier était le directeur général de la Fondation Saint-Irénée du diocèse.
Les deux compères ont même fait plusieurs pèlerinages ensemble – à Rome, en Pologne, au Portugal… « Stanislas, ce n’est pas quelqu’un qui aime se mettre en avant. Il est vraiment dans le modèle du catholicisme social tel qu’on l’a connu. Il fait le bien sans faire de bruit. Et ce n’est pas un catholique mondain. C’est un chrétien profond, un vrai spirituel », témoigne-t-il.
C’est ici un autre engagement de Stanislas Lacroix, qui est également un membre actif du conseil diocésain pour les affaires économiques. Il est aussi l’un de ceux qui font le lien entre l’Église et les milieux économiques lyonnais, qui sollicite de potentiels donateurs…
« Le point commun de tous ces engagements, c’est que je trouve du sens dans ce que je fais. Tout comme le développement d’Aldes est un projet qui fait sens à mes yeux parce que nous sommes un des contributeurs de la transition énergétique et de la décarbonation des bâtiments. On contribue donc au mieux respirer et au mieux vivre », appuie Stanislas Lacroix, qui a intégré dès 1999 l’entreprise familiale fondée par son grand-père Bernard Lacroix il y a tout juste 100 ans (lire ci-contre).
« Je suis prêt »
Diplômé de l’École supérieure de gestion de Paris doublé d’un diplôme d’expert-comptable, il démarre sa carrière pendant quatre ans au sein du groupe Seb, avec un poste de responsable de l’administration des ventes et du contrôle de gestion commerciale de la marque Calor.
Avant de répondre positivement à l’appel du pied paternel pour rejoindre le giron familial. Stanislas Lacroix a d’abord été responsable logistique, puis directeur des opérations et enfin directeur général délégué depuis 2005. Un parcours initiatique qui lui a permis de connaître Aldes sur le bout des doigts.
« Stanislas ne parle jamais beaucoup de lui, c’est un taiseux »
Et l’a mené tout naturellement à la présidence en 2011, à tout juste 40 ans. Au terme d’un passage de relais en douceur selon Bruno Lacroix : « Je me retirais progressivement de l’entreprise depuis plusieurs années, et un jour il m’a dit “je suis prêt”, et je lui ai répondu que moi aussi. On a ensuite mis un an à préparer la succession à la tête de la boîte. Ce n’était pas une mission facile car ce n’est jamais simple d’arriver derrière le paternel. Mais je savais qu’il avait toutes les capacités pour prendre ma suite », rembobine-t-il.
Surtout, Stanislas Lacroix s’est fait un prénom en transformant le groupe depuis sa prise de pouvoir. Sous sa houlette, Aldes a inauguré un nouveau siège, développé le marché du confort thermique en plus de la ventilation, réalisé plusieurs belles acquisitions ou encore augmenté sa part de ventes à l’international qui atteint aujourd’hui 50 % au travers d’une vingtaine de filiales dans le monde avec une très bonne dynamique aux États-Unis et au Canada.
« Je ne vis pas qu’à Lyon. Je suis tous les 15 jours dans un pays pour visiter une filiale industrielle. C’est important d’être proche du terrain, dans la dynamique », insiste le dirigeant, dont les deux frères Ludovic et Fabrice Lacroix (le patron d’Antidot) sont également présents au sein du conseil d’administration.
Et, à en croire le directeur général d’Aldes Pierre-Yves Rollet, Stanislas Lacroix a aussi apporté « de la transversalité au sein d’une société qui était assez cloisonnée » : « Stanilas est quelqu’un qui écoute beaucoup, réfléchit, étaye ses décisions… Et on sent qu’il est très attaché à l’entreprise et ses valeurs. C’est très agréable de travailler avec lui. D’autant que ce n’est pas quelqu’un d’impulsif », argumente-t-il.
Humour anglais
C’est d’ailleurs là une autre des grandes caractéristiques de Stanislas Lacroix, réputé pour son calme à toute épreuve. « C’est quelqu’un de très pondéré et d’humeur toujours égale, analyse le juriste et ami Cyril Nourissat. On sent que parfois ce n’est pas simple, mais cela ne rejaillit pas sur sa façon de se comporter. Et j’estime que c’est une très grande force. »
Bruno Lacroix renchérit : « Stanislas a des périodes de stress, mais il est toujours calme et montre un côté assez serein. Moi, je piquais une colère de temps en temps alors que lui ne le fait pas. Il se contient tout le temps. » Et, dans l’intimité, le patron d’Aldes est reconnu « pour son humour un peu anglais » selon Cyril Nourissat.
« Ce n’est pas un comique troupier, mais c’est un bon convive qui aime les bons plats et les bonnes bouteilles lors de dîners à la maison », reprend-il, tandis que Gilles Courteix se souvient « de moments où on se marre » : « Stanislas, ce n’est pas un moine. Il est simplement lui-même, nature. C’est quelqu’un qui a une vie normale. »
Ses espaces d’aération ? Quelques parties de golf, des sorties au théâtre, un peu de jardinage le week-end et, bien sûr, du temps en famille avec son épouse Marie-Hortense et leurs enfants. « Pour le côtoyer, j’ai le sentiment qu’il a trouvé un équilibre à la fois familial, professionnel, amical, dans ses différents engagements… Tous ces éléments se nourrissent les uns des autres », déclare encore son ami Cyril Nourissat. Et cette recette semble fonctionner pour Stanislas Lacroix.
2025, année du centenaire d’Aldes
« La symbolique est belle », déclare Stanislas Lacroix. Aldes intègre, cette année, le petit club des entreprises familiales lyonnaises centenaires. Pour autant, le groupe installé à Vénissieux n’a pas prévu de célébrations en grande pompe. Parce que la discrétion reste dans l’ADN d’Aldes, et aussi parce que l’anniversaire tombe en pleine période de déconfiture pour les acteurs du bâtiment. « Nous allons donc privilégier les événements en interne », précise-t-il. Dans ce contexte compliqué, le dirigeant reste « attentif mais pas très actif » sur les dossiers d’acquisitions. Il a également décidé de mettre en stand-by pendant quelques mois le projet de création d’un nouveau site de production (dédié à la production de pompes à chaleur) à Vitré en Ille-et-Vilaine. Un investissement estimé autour de 30 millions d’euros.
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