LE MENSUEL DES POUVOIRS LYONNAIS

Chambre régionale des comptes : Pierre Moscovici installe Barbara Falk

Nommée par un décret présidentiel le 14 janvier dernier, Barbara Falk a été installée à la tête de la CRC par le premier président de la Cour des comptes. Elle succède à Bernard Lejeune qui préside la 6e chambre de la Cour et finalise, à ce titre, le rapport flash sur les retraites demandé par le Premier ministre.

« Vous êtes une présidente très jeune et vous êtes là pour longtemps. Vous succédez à un très bon président. La barre est haute. Mais vous avez toute ma confiance. Je compte sur vous ». C’est ainsi que Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes, a conclu son intervention.

À une semaine de la remise du rapport flash de la Cour des comptes sur les enjeux financiers autour des retraites sollicité par François Bayrou, Pierre Moscovici n’a pas manqué de faire le déplacement à Lyon à l’occasion de l’audience solennelle de rentrée de la Chambre régionale des comptes – CRC — Auvergne-Rhône-Alpes et de l’installation de Barbara Falk, sa toute nouvelle présidente.

Une présidente jeune, de 45 ans, qui succède à Bernard Lejeune, nommé président de la 6e chambre à Paris cet automne, en charge du domaine social. Hasard des circonstances, c’est donc lui qui travaille d’arrache-pied sur le fameux rapport dont les conclusions seront connues dans une semaine… « Il est un peu charrette en ce moment », a glissé en souriant Pierre Moscovici.

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« Barbara Falk vous connaît bien »

Devant un parterre fourni d’élus et hauts fonctionnaires, de Fabienne Buccio, la préfète de Région, aux maires de Grenoble, Villeurbanne ou la 1ère adjointe de Lyon, et en passant par les présidents de départements de la Loire et du Rhône, Pierre Moscovici a souligné que Barbara Falk ne débarque pas en terrain inconnu après avoir sillonné la région dans ses précédentes fonctions de directrice régionale de la Banque des Territoires. « Elle vous connaît bien, a-t-il déclaré en regardant les élus. N’y voyez aucune menace. C’est une chance : Barbara Falk connaît bien ce territoire ».

Désormais à la tête de la 2e chambre régionale des comptes après celle de l’Île-de-France, Barbara Falk préside « une chambre en parfait ordre de marche », précise Pierre Moscovici. Et d’ajouter : « C’est une CRC très active, une des plus performantes. Le rapport sur les stations de ski était remarquable. Le réchauffement climatique impose de repenser le modèle. C’est à ce prix qu’il y aura un avenir pour beaucoup de stations. Nous avons fourni un travail indépendant, objectif et collégial. Nous ne prétendons pas avoir le monopole de la vérité. Mais ce serait une folie d’ignorer le message. Vous verrez, on reparlera de ce rapport dans 20 ans ».

55,6 % de femmes à la CRC

La CRC Auvergne-Rhône-Alpes regroupe 106 agents dont une majorité de femmes (55,6 %) et qui se répartissent entre 41 magistrats, 42 vérificateurs et 23 personnels administratifs. L’an dernier, la CRC a produit 89 rapports d’observations définitives notifiés et 53 avis budgétaires.

Elle a aussi procédé à 296 observations qui ont fait l’objet d’un suivi dont 83 % mises en œuvre en tout ou partie. Il est vrai que le champ de compétence de la CRC est large puisqu’il englobe les organismes soumis à la comptabilité publique (la région, les 12 départements, les 4 métropoles, ainsi que les communes et les établissements publics de coopération intercommunale, les hôpitaux et chambres consulaires), mais aussi des milliers d’organismes privés bénéficiant de financements publics (associations, SEM, cliniques, établissements sociaux et médico-sociaux privés).

Après avoir rappelé que son père avait été maire d’une toute petite commune dans l’Est de la France, Barbara Falk n’a pas caché son émotion au moment de prendre ses fonctions, elle qui a occupé des responsabilités à la Cour des Comptes à Paris (auditrice puis secrétaire générale adjointe) avant de passer 6 ans à Marseille (directrice de cabinet du préfet), puis Metz (directrice générale des services de l’Eurométropole) et Lyon à la BDT.

Évoquant « l’engagement des collectivités locales », Barbara Falk a insisté sur « l’unité des juridictions financières et les valeurs fondamentales de la République, nous qui les servons et faisons vivre ». Et de rappeler l’importance de veiller à ce que « l’argent public soit bien géré » avec une CRC « élément d’équilibre ».

« Baisser la dette pour investir »

Quant à Pierre Moscovici, il n’a pas manqué de souligner l’urgence de « faire baisser la dette pour pouvoir investir. Trop endetté, l’État ne peut pas investir. Il faut desserrer l’étau de la dette. Avec 57 % de dépenses publiques, nous sommes 8 points au-dessus de la moyenne européenne ».

Interrogé sur la question des agences de l’État dans lesquelles certains voient d’importants gisements d’économies, Pierre Moscovici estime qu’il « n’y a pas de tabous, mais ne faisons pas des agences des boucs émissaires. Il y a beaucoup d’agences à préserver mais à réformer (…) Nous avons des marges de performance et d’efficacité. On fait trop de coups de rabot et pas assez de performance. Le rabot n’est pas une bonne méthode ».

Et, à ceux qui évoquent un « gouvernement des juges », le premier président de la Cour des comptes parle de « légende urbaine ». Il n’entend « pas s’inspirer d’un modèle américain récent. Ce n’est pas mon modèle. Je crois au service public, à l’intérêt général. Ceux qui attaquent les juridictions sont ceux qui attaqueront demain les médias. Je suis très inquiet quand on tire sur le pianiste indépendant ».

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