LE MENSUEL DES POUVOIRS LYONNAIS

Municipales 2026 : Comment Jean-Michel Aulas se prépare en coulisse

Jean-Michel Aulas, candidat à la mairie de Lyon en 2026 ? Une hypothèse totalement improbable il y a encore quelques semaines qui prend de l’épaisseur. D’autant que l’ancien patron de l’OL prépare le terrain et rencontre, en coulisse, les figures de l’opposition.

« Je sens qu’il a la volonté de rassembler, et non pas de rajouter une énième candidature. » À l’image de cet interlocuteur de Jean-Michel Aulas, l’hypothèse de voir l’ancien boss de l’OL s’engager dans la bataille des Municipales en 2026 ne cesse de prendre l’ampleur. Surtout depuis le coup de tonnerre du 16 février, date d’une interview de JMA dans Le Figaro où il expliquait « réfléchir » à une candidature, tout en précisant que « les sollicitations sont grandes ».

Une déclaration à prendre au sérieux ? Une volonté de revenir au centre du jeu après son éviction au goût amer de l’OL ? C’est encore trop tôt pour répondre, mais un indice : Jean-Michel Aulas intensifie, depuis quelques semaines, les discussions en coulisse et enchaîne les rencontres avec la classe politique lyonnaise.

Le maire du 2e Pierre Oliver (LR), la conseillère municipale tentée par une candidature Béatrice de Montille (LR), l’ancien maire Georges Képénékian (indépendant), le ministre François-Noël Buffet (LR) et la liste n’est pas exhaustive… Son agenda ne cesse de se remplir. À ce rythme, il sera bientôt plus facile de dire avec qui le chef d’entreprise n’a pas échangé.

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Dès la fin du mois de janvier, restant fidèle à son style provocateur et défiant, Jean-Michel Aulas a commencé à donner des signes d’un intérêt grandissant pour la politique lyonnaise. Hostile à la gestion des écologistes, il s’attaque à la mairie des Verts en reprenant du service sur X, où il avait déjà l’habitude de marquer son territoire lorsqu’il était président de l’OL. « Ces embouteillages sans fin depuis plus de deux ans démontrent les dangers d’un dogmatisme inutile, mal préparé, mal géré » écrivait-il le 22 janvier. Puis : « C’est de pire en pire. Réveillez-vous », réagissait-il, bloqué dans les bouchons du quai Jean-Moulin, le 29.

En réaction, Grégory Doucet joue la montre. Aux micros de Sud Radio, interrogé sur une possible candidature d’Aulas, il s’est limité à louer le CV de l’ancien patron de l’OL, pour qui il dit avoir « beaucoup de reconnaissance ». Ce qui semble certain, c’est que si Jean-Michel Aulas officialise son entrée dans la course aux municipales de 2026, il y aura un vrai match à jouer.

L’accélération des rendez-vous et les résultats d’un premier sondage avec le nom de Jean-Michel Aulas qui seront connus bientôt (lire ci-dessous), laissent présager une décision, selon nos informations, d’ici à la fin avril. Certains échos évoquent une décision à l’automne, mais l’intéressé pourrait penser qu’une petite année de campagne ne sera pas de trop.

L’homme capable de rassembler la droite lyonnaise ?

En tout cas, l’hypothèse Jean-Michel Aulas semble – presque – faire l’unanimité au sein d’une opposition lyonnaise éparpillée. Le chef d’entreprise présente l’avantage de mettre tout le monde d’accord à droite. Tous derrière, et lui devant… « Le parti doit prendre conscience de sa faiblesse et se rassembler derrière une candidature qui a du sens, avec une personnalité capable de fédérer », affirme ainsi le sénateur du Rhône Étienne Blanc (LR), pas mécontent de régler, au passage, un compte avec Pierre Oliver qui avait évincé Etienne Blanc de la présidence du groupe des élus LR à la Ville de Lyon…

Justement, Pierre Oliver (LR), qui commençait à se dégager comme une option sérieuse des Républicains (vingt-neuf élus s’étaient rassemblés en appelant à sa candidature le 18 février dernier), accueille l’irruption d’Aulas dans l’arène politique avec enthousiasme : « J’en avais parlé avec lui et on va continuer de se voir. Les premiers échanges commencent à avoir lieu et c’est de bon augure pour la suite », remarque le jeune maire du 2e, qui voit entre lui et JMA « une très bonne complémentarité ».

Même son de cloche pour Béatrice de Montille. L’élue LR, qui avait elle aussi commencé à sonder le terrain en vue des prochaines municipales, salue la démarche de l’ancien président de l’OL. « Je le rencontre bientôt pour connaître son projet : je crois qu’il faut jouer collectif », reconnaît-elle.

Les cartes se rebattent à droite, mais aussi au centre de l’échiquier. Candidat officiel aux municipales en tant qu’indépendant, Georges Képénékian prévoit également de rencontrer JMA très prochainement. « Forcément, un rendez-vous doit s’organiser pour comprendre quelle forme il souhaite donner à son engagement. Avec son expérience, il peut apporter un regard différent sur les structures partisanes », affirme celui qui fut maire de Lyon de l’été 2017 à l’automne 2018.

Dans le camp macroniste, Thomas Rudigoz, député Renaissance de 2017 à 2024, battu en juillet dernier, est le plus fervent supporter de Jean-Michel Aulas. Il avait pris rendez-vous avant même l’interview de l’ex-président de l’OL au Figaro. « L’idée d’une candidature de Jean-Michel Aulas est très intéressante : il a un vrai attachement à Lyon. S’il faut un leader, il peut l’être. Viendra ensuite la question du projet. Et puis, il y aura aussi une discussion avec ma famille politique »

Anti-bouchons, mais après ?

Le parcours de l’ancien président de Cegid et de l’OL ne laisse pas beaucoup de doutes au sein du microcosme politique : « Il a l’expérience de diriger des équipes, d’avoir une vision et de mettre des moyens au service de cette vision », considère Georges Képénékian.

Cependant, derrière l’homme d’affaires à succès, que sait-on de l’homme politique ? Grand patron libéral, il est proche du monde économique lyonnais, dont il pourrait obtenir le soutien, comme le souligne Emmanuel Imberton, l’ancien président de la CCI de Lyon : « S’il mène ce combat, il peut compter sur moi, il le sait.  »

➔ À lire aussi : Emmanuel Imberton songe à 2026

Mais, mis à part ses réactions sur les réseaux sociaux contre les chantiers, l’insécurité et la politique écologique de la ville, difficile de connaître, pour l’instant, son véritable projet pour Lyon. « La gestion d’une ville n’a strictement rien à voir avec celle d’un club de foot ou d’une entreprise. Il y a des questions qu’il faut lui poser : déjà, où se situe-t-il politiquement ? », s’interroge Thierry Braillard, ancien secrétaire d’État chargé des Sports, qui, comme l’annonçait Lyon Décideurs en janvier, réfléchit lui aussi sérieusement à une candidature aux municipales de 2026.

Interrogé sur la possibilité de suivre JMA dans la course à la mairie, il n’hésite pas à répondre : « On pourrait lui poser la même question à l’inverse. Est-ce qu’il serait susceptible de me suivre ? ».

Reste aussi d’autres interrogations. Jean-Michel Aulas, qui aura 77 ans en mars 2026 (soit 83 ans en fin de mandat) est-il prêt à s’engager dans une aventure chronophage et épuisante ? Et s’il devient maire, aura-t-il la patience de diriger des séances de conseil municipal de 5 ou 6 heures d’affilée et d’être mobilisable 7 jours sur 7, 24 heures sur 24 ?

« Vous voyez Jean-Michel Aulas s’intéresser à la petite enfance ? », lance, ironique, un ancien conseiller de Gérard Collomb. Beaucoup de questions demeurent pour l’instant sans réponse. Or, une chose est certaine : au vu de l’agitation en coulisses, le rideau ne tardera pas à se lever.

Les résultats du sondage réalisé fin février par Cluster 17 seront analysés dans les moindres détails par tout l’échiquier politique lyonnais. À commencer par Jean-Michel Aulas dont le nom est pour la première fois testé dans un sondage. « Si l’élection municipale à Lyon avait lieu dimanche prochain, pour qui voteriez-vous ? » Les personnes interrogées par internet ont le choix entre 7 ou 8 principales listes : une liste LFI, une liste Grégory Doucet, une liste PS (Sandrine Runel), une liste Renaissance (Georges Képénékian), une liste LR (Pierre Oliver), une liste RN (Andréa Kotarac) et… une liste conduite par Jean-Michel Aulas.

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