La croissance est pour le moins fulgurante. Fondé en 2019 par Philippe Rivière, le Lyonnais ACI Groupe (pour Alliance de compétences industrielles) vient de boucler, en l’espace d’un mois, les 37e et 38e rachats de sa courte histoire. En l’occurrence une fonderie et une aciérie, l’une dans l’Aisne l’autre en Haute-Marne, qui emploient un peu plus de 300 collaborateurs au total.
Une nouvelle branche d’activités avec la naissance d’un « pôle chaud » pour l’ETI (1 600 collaborateurs, 220 millions d’euros de chiffre d’affaires) spécialisée dans la reprise à tour de bras puis l’intégration de sous-traitants industriels de secteurs stratégiques : aéronautique, défense, nucléaire et énergie.

« Le métier d’ACI Groupe est de fournir soit de la pièce détachée, soit du sous-ensemble technique pour des filières avec des enjeux de souveraineté nationale. Nous comptons désormais 32 sites industriels en France, et nous travaillons pour 5 000 clients dont de nombreux groupes du Cac 40, comme Thalès, Safran, Dassault, Air Liquide ou encore Framatome », détaille Philippe Rivière, 47 ans, qui a passé la moitié de sa vie professionnelle en Asie.
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Philippe Rivière veut « renforcer l’industrie française »
Son métier d’avant était justement de signer des rachats dans la sous-traitance industrielle puis d’opérer leurs intégrations pour le compte d’un groupe international. « Au cours des douze dernières années, j’ai dû opérer plus de 80 acquisitions. J’ai donc développé une expertise dans ce domaine et, lorsque je suis revenu en France, j’ai voulu mettre cela à profit pour le renforcement de l’industrie française. C’est un sujet qui me tient vraiment à cœur », reprend le dirigeant qui a décidé de s’installer à Lyon où il n’avait pas d’attaches, attiré par le statut d’Auvergne-Rhône-Alpes de première région industrielle française.
Et les actualités s’entrechoquent pour Philippe Rivière, qui vient également de boucler une levée de 80 millions d’euros auprès du fonds d’investissement américain Fortuna qui récupère 49 % du capital tandis que le président fondateur conserve la majorité avec les 51 % restants.
Un fonds américain pour soutenir la souveraineté industrielle française ? « Cela a évidemment été une question. J’ai prospecté dans un premier temps auprès d’investisseurs français, mais cela n’a pas abouti. Donc je me suis tourné vers Fortuna que je connais très bien. C’est un fonds spécialisé dans l’industrie, avec l’habitude de travailler sur le temps long, dix ou quinze ans… », rapporte Philippe Rivière, qui a également inclus une Golden Share dans le contrat avec Fortuna. Une « action en or » qui lui donne la garantie qu’ « aucune acquisition ou cession non souhaitée des actifs stratégiques aura lieu ».
Bientôt des acquisitions à l’international
Avec cette nouvelle manne financière, ACI Groupe, installé à Vaise, va prendre un nouveau virage stratégique avec les débuts d’un déploiement à l’international. « C’est une demande de nos clients de pouvoir les accompagner à l’international », rapporte le dirigeant. Et cela passera, là encore, par des acquisitions. Philippe Rivière regarde « naturellement » vers l’Asie et pourrait signer son premier deal dès la fin de l’année.
Le discret ACI Groupe va vite, très vite. Trop vite ? « Non, ça ne va pas trop vite car tout ce que je fais actuellement, je l’ai déjà fait en Asie. Et l’on n’a pas le temps d’attendre pour protéger la souveraineté industrielle de la France. On doit s’activer pour sauver tout ce qui doit l’être », pose Philippe Rivière.
La patron, qui change de dimension ces derniers temps, a reçu la visite, ce lundi 3 mars, du ministre de l’industrie Marc Ferracci, dans les locaux de sa dernière acquisition, les Aciéries Hachette et Driout basée en Haute-Marne. L’aciérie reprise à la barre du tribunal de commerce, qui travaille notamment pour les marchés de l’énergie et du nucléaire, était également convoitée par des candidats-repreneurs allemands et anglais.
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